Critique de l'anime L'Autre Monde

» par El Nounourso le
24 Mai 2008
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Je ne suis pas un grand fan des histoires se déroulant à notre époque et où, par une habile secousse scénaristique, le héros se retrouve projeté dans un monde fantastique. C’est malheureusement le cas de ce Now and Then. Ce choix est probablement sensé aider l’identification au personnage, mais ça brise un peu l’immersion, en tout cas au début, car au fil de l’aventure on finit par oublier comment tout a débuté. Enfin bref...

Le jeune héros s’appelle Shu et se trouve être un amateur de kendo, un talent qui lui sera très utile plus tard. L’escalade de cheminées industrielles est aussi un de ses hobbies, et c’est à l’issue d’une ascension qu’il rencontre la mystérieuse Lala Ru (« Lalalu » en japonais, craignos hein ?), une fille aux yeux et aux cheveux bleus. Shu n’a pas vraiment le temps d’engager la conversation puisqu’un portail s’ouvre sur d’inquiétants assaillants venus d’un autre monde, visiblement à la poursuite de Lala Ru. Celle-ci se fait capturer mais Shu se lance à sa poursuite dans l’idée de lui porter secours. Et le voilà dans un nouvel univers désertique où règne le roi Hamdo, un psychopathe mégalomane passablement dégénéré. Pour faire avancer son vaisseau, le monarque a besoin de grande quantité d’eau, chose que seule Lala Ru et son médaillon magique peut lui fournir.

Hamdo est avant tout un conquérant qui s’appuie sur de la chair à canon et l’utilisation d’unités mécaniques. Il se cogne complètement des pertes humaines que ses opérations militaires peuvent occasionner, mais il doit donc effectuer des recrutements très fréquemment. La plupart des soldats sont enrôlés de force, et sont de plus en plus jeunes. Le spectateur assiste ainsi aux entraînements très durs d’enfants soldats, aux sacrifices inutiles de troupes, aux attaques de villages… La guerre est présentée de façon très noire, elle apparait comme complètement insensée, sans but logique, sans cohérence, le simple fruit d’un esprit malade et trop ambitieux. Aucune explication n’est fournie sur la légitimité d’Hamdo et j’avoue ne pas trop avoir compris l’absurde soumission de ses lieutenants, en particulier celle de l’énigmatique Abélia, pourtant consciente de l’instabilité mentale de son chef.

Tous ces éléments convergent pour former une critique acérée mais pas forcément très subtile de la guerre. En tout cas ça fait froid dans le dos, d’autant plus que la série fait parfois preuve d’une violence (montrée ou suggérée) étonnante : torture, viol, massacres… exercés contre des enfants ou de jeunes ados ! En ce qui concerne le chara-design, je l’ai trouvé assez laid, tant et si bien que l’on peine un peu à s’identifier aux personnages. Et puis le héros est vite énervant, avec sa tronche et sa voix suraigüe de gamin. Il est d’ailleurs amusant de réaliser que la version anglaise a visiblement essayé de le vieillir en lui donnant une voix beaucoup plus grave et mature. Du côté des persos secondaires, c’est du bon boulot avec : Abélia, dont les sentiments profonds intriguent réellement ; Nabuca, qui tente de se convaincre qu’il pourra rentrer chez lui après la guerre s’il suit les ordres, aussi horribles soient-ils ; sans oublier la fougueuse Sara, l’étrange Lala Ru, le révolutionnaire de Zari Bars et la fameuse mère au foyer.

La réalisation ne casse pas trois pattes à un canard hémophile mais elle réussit à insuffler puissance et émotion au récit. Le dessin et l’animation sont compensés par une chouette musique qui peut néanmoins passer inaperçue si on ne fait pas attention. Bref c’est pas trop moche et l’immersion est bien là. Et si toute cette histoire n’est finalement qu’un brutal réquisitoire contre l’absurdité de la guerre, je dois reconnaître que la recette fonctionne. Le récit prend aux tripes, l’univers est assez réussi et l’action est au rendez-vous. Néanmoins quelques épisodes de plus auraient permis de développer certains points passés sous silence : l’explication des dimensions parallèles, l’origine de la suprématie de Hamdo, le passé obscur de Lala Ru, etc. Le fait de choisir des enfants comme héros est aussi discutable et Shu devient parfois dur à supporter, tout en restant plutôt attachant.

En dépit d'un certain nombre d'imperfections (grosses zones d'ombre, héros agaçant, réalisation dans la petite moyenne), Now and Then est vraiment une série à voir. Puissante et marquante, elle a aussi le mérite de s’éloigner des sentiers battus de la japanime en proposant un univers très cru.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

El Nounourso, inscrit depuis le 01/11/2007.
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