Difficile de critiquer six minutes d’images, sans dialogues, avec un simple fond sonore.
Miyazaki ici se prête à un exercice de style risqué, à savoir celui de séduire des spectateurs et de les faire s’imprégner d’une histoire en très peu de temps.
Ainsi, les différentes séquences s’enchaînent très rapidement, toujours avec ce manichéisme gentil/méchant propre à l’auteur. Ici, par exemple, tous les individus « gentils » sont très rapidement identifiables ; ce sont en effet les seuls qui ne portent pas de masques. Tous les autres, que ce soit les ravisseurs de l’ange ou bien les policiers et militaires, portent tous des uniformes les rendant tous identiques en tous points.
De ce point de vue là, on constate donc très rapidement que les deux héros, cherchant à sauver leur nouvelle idole (on ressent très nettement leur fascination) sont réellement seuls contre tous, et que peu importe le camp vers lequel ils se tournent, le résultat est le même.
Le personnage de l’ange est d’ailleurs une vraie réussite. Sans la moindre parole, et sans ne jamais trop se concentrer réellement sur elle, l’auteur parvient à lui donner un caractère très pur, tout en lui offrant une personnalité très innocente. La pureté renvoie surement à son visage très simple, et à sa robe monocolore, elle aussi très basique. Elle ne correspond pas à cette débauche de couleurs que l’on retrouve dans tous les autres plans du court métrage. Concernant son innocence, on la voit totalement passive tout le long de l’histoire. Elle n’interagit qu’avec les deux héros et n’est jamais traitée en tant qu’être vivant par les autres. Les ravisseurs l’attachent, l’armée l’enferme dans un sac hermétique, puis dans un tube à essai grandeur nature.
Musicalement parlant, « On your Mark », puisque c’est le nom de la chanson, n’a rien de transcendant. Cela dit, si la voix ne nous bouleverse pas, elle ne nous répugne pas non plus. Ainsi, on cesse rapidement d’y faire attention pour se concentrer sur les images défilant sous nos yeux.
Images très agréables, surtout pour une œuvre de 1995. Là encore, Miyazaki montre tout son savoir faire, que ce soit au niveau de l’animation, du character-design ou des décors. Tout est varié, propre, complet, et pratiquement sans faille. On sent la maîtrise de l’auteur, quel que soit le registre.
Au final, si ce petit film ne sert à rien, s’il n’est pas réellement porteur d’une symbolique comme l’ont été Nausicaä ou Mononoke, il est tout de même touchant, esthétique et toujours dans cet esprit léger propre au studio Ghibli. Six minutes de plaisir, ça n’a jamais tué personne. A noter que dans un format similaire, vous trouverez Comedy, du Studio 4°C, qui pour le coup explose littéralement On Your Mark.