Perfect Blue, du Satoshi Kon, du vrai. J’ai beaucoup entendu parler de Perfect Blue, beaucoup de conseils élogieux, mais vaut-il tout ce tapage ? Autant ne pas tourner autour du pot, la réponse est oui, mais son âge commence à se faire ressentir.
Tout commence doucement, le temps de nous présenter les personnages principaux, avant que l’ensemble ne sombre dans un thriller psychologique des plus réussis et des plus fouillis. Ainsi donc, comme l’explique le synopsis, notre protagoniste principale, Mima, décide de mettre fin à sa carrière d’idole dans le but de percer dans le métier d’actrice. Mais ce choix ne plaît pas à tout le monde et va finir par être traquée par un fan un peu trop impliqué. S’en suit une série de scènes troublantes, parfois dérangeantes, souvent excellentes.
Un scénario qui n’est pas véritablement innovant dans le contenu, des thrillers de ce type, c’est par poignée qu’on en trouve et la fin n’est pas sans rappeler bien des films. Cependant, et ce sera à mes yeux le principal argument de cette production, la narration est pour le moins détonante. Est-on dans un rêve ? Dans la réalité ? Qui est Mima ? Le film ne serait-il pas qu’un prétexte ? La façon dont est traitée l’histoire est tellement ingénieuse qu’on se prend volontiers au jeu du « qui est l’assassin ? ». Reste qu’un passage en particulier est difficile à suivre, je ne l’ai d’ailleurs toujours pas compris.
Les personnages sont dans l’ensemble bien développés, mais le film tournant essentiellement autour de Mima, on a eu vite fait d’oublier tous les seconds rôles qui possèdent pourtant une certaine implication dans l’intrigue. Mima donc, au départ enjouée de ses débuts en tant qu’actrice, finit bien vite par tomber dans une paranoïa aigue qui lui confère un certain réalisme et une psychologie poussée. Elle déraisonne, se questionne, hallucine et ajoute encore un peu à la tension ambiante du film.
Malheureusement, tout n’est pas rose et l’esthétique générale a pris un petit coup de vieux depuis 1997. Outre les couleurs un peu ternes et pardonnables, les décors manquent un peu d’animation et les visages vides de tous détails (public, personnes dans les rues) ajoutent à cette impression d’absence de vie. A noter un chara-design qui ne m’a pas franchement plu, mais encore faut-il rappeler qu’à ce moment Satoshi Kon était encore en train de prendre ses marques et ses œuvres suivantes bénéficient d’une certaine évolution.
Un mot sur la bande-son maintenant. Les doublages sont assez convaincants, pas de surjeu, simplement ce qu’il faut. Les bruitages, dans cette même logique, ont le mérite d’être présents sans forcément que l’on y fasse attention. Enfin, l’aspect musical quant à lui est loin d’être transcendant. Les musiques de J-POP du groupe représentent tout ce que je n’aime pas, et les pistes d’ambiance ne se font quasiment jamais remarquer, à tel point que je n’y ai presque pas porté attention.
En conclusion, un constat mitigé donc. Une ambiance extrêmement étudiée et un scénario bien écrit profitant d’une mise en scène et d’une narration excellente supportent à eux seuls tout l’intérêt du film. Les graphismes surannés et une bande-son oubliable viennent ternir un constat qui aurait pu tenir de l’excellent. Pour autant, c’est film qui a bien assez d’arguments pour être vus, et même revus afin d’en saisir un peu mieux certains de ses passages.