RedLine : You're too slow !
C'est en regardant la page Wikipédia de Takeshi Koike que je me suis rendu compte de la renommée du monsieur, qui a travaillé sur bon nombre d'animes qui sont pour moi des références intemporelles. Cela dit, il était jusqu'à présent resté plus ou moins dans l'ombre, offrant son talent au service des autres. Redline est une de ses productions récentes et personnelles. Vaut-il mieux un petit chez soi qu'un grand chez autrui ? Pas sûr.
Le film a bénéficié d'une masse de travail visiblement conséquente en terme de design, de colorisation, de mise en scène et, surtout, d'animation. Le moindre détail d'arrière-plan est animé avec soin, et l'on ressort du film avec les yeux éclatés, repus, larmoyants. Mais si l'on ajoute à cela des couleurs criardes, un chara-design bigarré et des angles de caméra ambigus, on obtient un produit certes beau mais dont on a pas le temps de profiter. Un comble pour un anime traitant de course automobile me direz-vous ; mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Redline montre beaucoup de choses mais ne prend pas le temps de poser quoi que soit.
Ainsi, les personnages se limitent à un caractère stéréotypé (le héros badass, la jolie fille plus forte qu'il y paraît, le rival, le flic, les deux sœurs pétasses, et d'autres dont je ne me souviens pas), l'univers est une vaste blague et le scénario est prévisible depuis la ligne de départ. La fin du film m'a d'ailleurs bien fait marrer, par son côté extrêmement abrupt, symptomatique d'un film qui a trop peur d'aller au-delà de l’esbroufe visuelle et sonore. D’ailleurs en parlant de son, si les musiques du film sont très bien choisies, les doubleurs japonais semblent avoir été trouvés au coin de la rue. Rien de gênant, c'est pas comme s'il avaient des choses passionnantes à raconter.
Redline m'a donné l'impression d'un film qui s'est trompé d'époque. Il aurait été parfaitement à sa place dans les années fin 80 - début 90, entre le Running Man de Yoshiaki Kawajiri et les courses de Motorball de Gunmm. Mais désormais, alors que la japanime tend à se sophistiquer autour des codes qu'elle a construit, Redline appraît comme un relent de nostalgie appréciable mais oubliable.
Redline, c'est la spontaniéité des temps anciens remise au goût d'aujourd'hui. L'immense travail fourni sur la technique m'interdit de lui mettre moins de 7/10 et quatre étoiles, mais au moins vous serez prévenus.
Les plus
- On s'en prend plein les mirettes
- Beaucoup de travail en amont sur le design des persos et méchas
- Direction artistique spéciale mais assumée
- Une bonne dose d'humour
Les moins
- Certaines scènes sont un bordel sans nom
- Scénar et narration digne de série Z