Critique de l'anime Romeo X Juliet

Le chef d'œuvre incontesté de la comédie musicale «West Side Story» reste pour moi, une des meilleures adaptations cinématographiques de la pièce de théâtre Roméo et Juliette (même si les prénoms ont été changés en Tony et Maria). C'est un de mes films coup de cœur dont je suis particulièrement attachée. Ajoutées à cela les critiques plutôt favorables d'animekun et l'adaptation géniale du studio Gonzo concernant Gantkutsou -Le Comte de Monte-Cristo m'ont convaincu de découvrir cette nouvelle version de nos célèbres amants de Vérone. La surprise fut de taille dans le bon et mauvais sens, je m'explique.

Concernant la première partie, la surprise est plutôt bonne. Graphiquement, c'est joli. Les décors de Néo-Verona et les costumes d'époque se marient bien. Les évènements s'enchaînent rapidement, quasiment sans aucun temps mort. C'est vrai que j''ai suivi avec un réel plaisir les aventures de nos jeunes tourtereaux. Découvrir une Juliette dynamique et combative plutôt que le cliché de la jeune fille attendant sagement son prince charmant correspond bien aux goûts actuels. Les auteurs n'ont pas zappé la fameuse scène du balcon, le mariage et celle du baiser. Ils ont, ainsi, ravi les cœurs féminins en quête de romantisme. Faut pas se leurrer, la scène du baiser n'apparaît pas dès leur première rencontre au bal comme dans l'œuvre originale. N'oublions pas que c'est une adaptation japonaise. Les amatrices de shojos comme moi savent de quoi je parle. Souvent, il faut attendre trois plombes avant de voir le couple phare s'embrasser voire pas du tout... (je conseille à celles/ceux qui ne connaissent pas – ce qui m'étonnerait – de yeuter Nana) Cependant, j'ai tiqué à un moment donné où les dialogues m'ont fait pensé un peu aux chevaliers du zodiaque. Quel rapport me direz-vous? Sûrement dû à la présence des pégases dans ce décor de Neo-verona (ah la la ces associations d'idées). L'autre tic est en relation avec le personnage du Docteur qui se prénomme Lancelot (hasard ou pas?) Disons que j'ai apprécié moyennement la tournure qu'en ont décidé les auteurs.

Quand à Roméo, il est mignon tout plein, il est si gentil, si doux, si généreux, si attentionné et, en même temps, si solitaire. C'est un personnage très attachant. Comment voulez-vous qu'une jeune fille de 16 ans ne craque pas? Mais bon, de nos jours, un seul beau mec n'est pas suffisant (désolée, messieurs ;O) Viennent donc à la rescousse les personnages de Francisco le beau parleur blond aux yeux bleus, Curio le gros dur au coeur tendre et surtout Tybalt le ténébreux brun aux yeux vert avec son côté un peu bad boy. La période de la pleine lune étant passé et mes hormones n'étant pas en pleine ébullition, je me suis dit: c'est quoi cette débauche de beaux garçons autour de Juliette? Je me suis rappelée que le public visé, en majorité, sont des jeunes adolescentes et non des femmes de plus 30 ans... Bon, ok attendons de voir ce qu'ils apportent à l'histoire. Jusque-là tout va bien, on se réjouit des moments de bonheur de Roméo et Juliette, sachant qu'ils seront de courte durée. Fin de la première partie.

S'amorce logiquement la 2ème partie, et patatras la surprise devient amère, voire plus qu'amère. Pourtant le début commençait plutôt bien. Voir mûrir le personnage de Roméo nous change du personnage niais et bourrin. Seulement, le rythme devient lent. J'avoue avoir bâillé en regardant les épisodes axé le concernant. Franchement, ce qui lui arrive ne m'a pas touché. Ma grande déception vient, en grande partie, des personnages secondaires.

Expliquez-moi ce qu'apporte le rôle d'Hermione? Cette pouf de service sert de faire-valoir au personnage de Juliette, c'est bien ça? Pourquoi le père de Roméo est-il si méchant? On se demande comment Roméo n'a pas hérité des gènes de son horrible et affreux Papa. Réponse magique: merci Maman! Que dire de Mercutio? Je crois que les auteurs ont confondu une autre pièce de Shakespeare vu ce qu'ils ont fait du personnage. Ah oui, j'oubliais le fan-service de Juliette avec «Mon coeur saigne mais que puis-je faire devant l'amour si fort et si pur de Juliette envers Roméo». Ce n'est pas pour rien que je faisais allusion au public visé.

Je sais que cet anime est une adaptation, ce qui signifie qu'elle n'est pas obligée de suivre à la lettre l'œuvre originale. Je suis tout à fait d'accord. Je suis même la première à applaudir à toutes les audaces possibles et inimaginables du moment qu'au final, les auteurs réussissent à m'émouvoir avec leur vision artistique. Bah là, désolée, je trouve que c'est complètement raté.

Mais le ponpon revient au final de la série. Le poison a été remplacé par un côté pseudo-mystique totalement inappropriée. Les auteurs ont voulu tellement dramatiser la relation Juliette/Roméo que cela en devient ridicule. Mes yeux sont restés secs. J'avais pourtant préparé le paquet de kleenex près du clavier, bravant les ricanements de mon chéri. Quand je pense que j'ai pleuré comme une madeleine en revoyant la scène de la séparation entre Terry et Candy. Même plus de 20 ans après, la scène de l'escalier reste inoubliable. Les auteurs devraient prendre des leçons de cet ancien animé question émotion. Je cite «Candy» parce que Terry interprétait en tant qu'acteur Roméo. Heureusement que William apporte une touche comique et que Conrad sauve un peu l'honneur.

Vous l'aurez compris, grosse déception avec la deuxième partie que je trouve mal exploitée. Reste pour enfoncer le clou, l'opening. Il ne fait pas preuve d'originalité puisqu'ils se sont contentés de reprendre «you raise me up». La crise économique a commencé en 2007, le studio n'a pas jugé utile de prendre des risques. Je n'ai rien contre la chanteuse mais la version chantée par Josh Groban procure plus d'émotion. Je vais faire ma chauvine, ils auraient pu choisir la version anglaise de l' «l'hymne à l'amour», non?

Je suis dégoûtée par ce qu'a fait Gonzo. Massacrer comme ça Romeo et Juliette sur la fin. Je me console, en me disant, que si cet anime incite à découvrir Shakespeare, tant mieux. Les jeunes filles pleureront sûrement Tybalt mais elles découvriront sa véritable place dans l'histoire.