Clope? Ready! Pastis? Ready! Chaleur étouffante du sud? Ready! Chaise longue? Ready! Les éléments sont en bonne place, et l'on peut sans problèmes commencer ce bel animé sur un fond de cigales chantantes! Aujourd'hui, point question d'être une fourmi, il s'agit d'être généreux et ça tombe bien! Sakamichi no Appolon (que l'on appellera vulgairement SnA) est d'une grande générosité! De quoi réchauffer les cœurs et rafraîchir les esprits!
C'est une belle saison que nous avons là! Beaucoup d'adaptations ratées, et peu de nouveautés avaient réussi à faire perdre la foi en l'animation japonaise de quelques uns. Mais n'en déplaise aux cyniques et aux blasés, il faut bien admettre que cet été a engendré quelques belles petites réussites! Il était difficile de faire autrement en l’occurrence, vu le casting de l'équipe qui supporta l'ensemble. Bien sur, tout n'est pas exempt de défaut, mais cette série peut s'inscrire dans les réussites qui redonnent espoir en l'animation japonaise et nous convainc d'oublier les productions futiles (Black Rock Shooter, si tu m'entends!). On va dire que je m'acharne, mais j'ai mes raisons.
Le jazz est un thème peu souvent abordé dans les oeuvres japonaises, c'est un art parfois difficile à appréhender et qui rebute certaines personnes. La musique classique a ces particularités aussi, mais elle a un aspect grandiose qui calme les foules. Ainsi donc, pour un thème aussi difficile que cette musique magique, il n'y avait que NoitaminA pour s'en saisir. A priori à fond de cinquième mais toujours au ralenti, cette case horaire de Fuji TV était en train de perdre (d'après les rumeurs) une partie de son audimat. Pour remonter les courbes et les rendre plus attrayantes, elle a donc choisie de revenir aux origines de "l'émission", dont la tendance était d'être éloignées des conventions du shônen, si populaire auprès des jeunes et des otakus. C'est vrai quoi! La baston pour la baston, et les graphismes pour les graphismes, ça perds de son charme à terme!
Ainsi donc, le pitch de base n'est pas exceptionnel mais c'est le développement à partir de ce dernier qui va tantôt se révéler original, tantôt on ne peut plus classique. Cette série nous raconte l'histoire d'un étudiant pianiste classique et dont la tendance est de s'exclure des classes qu'il intègre, déménageant dans les îles du sud, il va rencontrer un jeune homme de son âge (genre voyou), ainsi qu'une belle demoiselle dont il va tomber amoureux. De cela se crée un amour fraternel et musical, une amitié chaleureuse mais pas seulement... Tout ceci sur un fond historique d'après guerre un poil old-fashion.
Pour comprendre l'oeuvre et sa portée, arrêtons-nous un instant sur les auteurs... LE réalisateur qui a du attirer tous les connaisseurs vers cette série comme des mouches sur de la confiture, c'est Watanabe Shinichirô! Le grand réalisateur de (entre autre) Cowboy Bebop ou Samurai Champloo! De puissantes oeuvres, très ancrées dans la musique et le rythme! On comprends le choix d'en faire le chef de cette série magique! Le chara-design est assuré par Mister Yuki Nobuteru dont je ne sais que peu de choses si ce n'est qu'il a participé à Vision d'Escaflowne ou encore au film X de Clamp (non ce n'est pas un porno...). Je n'en sais pas assez pour pouvoir commenter, mais par contre je pense qu'il faut noter la présence de Miss Kanno Yôko en charge de la musique très jazzy du précédemment cité Cowboy Bebop ou de l'excellent Ghost in the Shell!
Maintenant que l'on a bien installé l'ambiance, passons à la critique en elle même. Le scénario d'abord! L'histoire est bonne bien que simple. A ce stade, je ne suis pas spécialement en recherche d'originalité, mais plus de créativité, de beauté. Cette beauté justement apparaît clairement au moment des scènes d'amours qui mettront en place un triangle amoureux certes banal, mais bien fait, mignon et quoiqu'un peu gnan-gnan toujours pertinent (eh oui! On peut faire du gnan-gnan et être pertinent, une chose qui devrait inspirer un certain animé de ma connaissance)! Le jazz est au centre en ce sens qu'il lie les personnages, mais l'idée de progression, de concert etc, si ce n'est à certains moments, est généralement absente. C'est vrai que malgré sa qualité, nous ne sommes pas face à un manga tel que Beck. C'est donc à certains égards, décevant, mais on pourra remercier l'auteur et le réalisateur d'avoir eu l'honnêteté de tout avouer dès le début (il n'y a pas de message ou autre, c'est juste qu'ils ne nous mentent pas en mettant beaucoup de musique au début et rien à la fin) et de ne montrer que peu de scènes de musique (si ce n'est peu, en tout cas moins que ce que l'on pouvait attendre)!
Que reste-t-il dans ce cas? Un adolescent mal dans sa peau mais qui vit une véritable transformation sentimentale, un adolescent mal dans sa peau et qui apprend à modérer son contact plutôt brutal avec les autres, deux adolescentes qui doivent apprendre à comprendre leurs sentiments. C'est très sentimental, vous l'aurez compris! Est-ce mal? NON! Quand c'est bien fait comme dans ce cas, sachant ajouter des phénomènes de société tels que la pauvreté, la revendication politique des années 60, et le racisme, on expérimente une série qui ne se contente pas de montrer les difficultés relationnelles des personnages et qui creuse leurs psychologies, certes basiques, mais dont les dimensions sont réelles!
Le récit est bien agencé, et peu d'épisodes se révèlent être ennuyants! Ils ne sont pas tous intéressant pour autant, mais une chose est sure, on ne s'en lasse pas. L'ensemble est fluide et malgré la lenteur inhérente aux histoires d'amours, l'évolution des situations et un dynamisme certains, empêchent, encore une fois, l'impression de trop grandes longueurs. Par ailleurs la fin est satisfaisante, montrant une grande maîtrise des épisodes et de l'histoire. En effet, sans pour autant bâcler le travail en le rendant trop mou ou trop rapide, ni en rajoutant à l'excès des flash-back inutiles, les auteurs ont su prendre leur temps pour arriver à une conclusion touchante.
Les graphismes et le chara-design, sont on ne peut plus basiques et originaux dans le même temps. Les paysages sont bien fait et permettent de retranscrire une atmosphère agréable, presque suave durant les périodes d'été. Les animations du personnage en train de jouer de la batterie sont belles et fluides, tandis que celles pour le piano me paraissent un poil rigides à certains moments. Pour autant l'expressivité des musiciens est très bien démontrée et l'on se laisse emporter. Le chara-design est basique pour les deux personnages principaux. Deux personnalités aux antipodes provoque un design aux antipodes. Le voyou est beau-gosse, charismatique, le mec intelligent est plus effacé, mais certainement sympathique. L'héroïne principale n'est pas si mignonne, pourtant, elle a un côté attirant et un capital sympathie plutôt élevé. Le reste est sans grande particularité, simple mais efficace.
Avec la musique, on s'attaque au nerf de la guerre. Le choix de certains classiques autant à interpréter qu'à mettre en fond d'épisode est le plus souvent judicieux. L'opening est agréable, il coule de source mais est moins jazzy que ce à quoi on pouvait s'attendre, ce n'est pas grave pour autant. L'ending est quelconque à mon sens par contre. L'ambiance musicale que crée le jazz est en tout cas très bien rendue. Elle permet aux néophytes de commencer une initiation sommaire et aux connaisseurs de s'y retrouver sans délaisser aucun de ces groupes. Notre chère Yôko n'a pas perdu de son talent et confirme sa différence voire sa qualité!
En conclusion, c'est une bonne série quoique parfois un peu attendue voire entendue. Ma notation à l'instar de certains autres membres est moins précise, mais elle se base sur un ressenti global. La saison de sortie était bien choisie, l'ambiance a parfaitement collé a ce que j'attendais pour un animé d'été : simplicité et musicalité. L'ensemble se déroule bien et nous emporte dans un ordinaire qui ne l'est pas vraiment. A un moment où la futilité envahit nos écrans, il semble que les auteurs aient choisit une voie simple mais pertinente. Sakamichi no Appolon touche au bon endroit et le fait bien! C'est parfois un peu mignon voire enfantin, and SO WHAT? L'ensemble a sonné pour moi comme un choc léger de glaçon dans un verre à pastis : c'était frais!