Scrapped Princess ou le mariage réussi de l’héroïc-fantasy et de la science-fiction. Cette alliance peut-être surprenante est justifiée par le cadre du récit. En effet, cet anime, malgré son ambiance moyenâgeuse nous plonge dans un lointain futur où après avoir atteint un savoir scientifique leur permettant d’explorer l’espace, les hommes ont été battus par une puissance extra-terrestre et mis sous leur joug avec une technologie très restreinte pour brider leur violence naturelle.
L’histoire tourne autour de Pacifica Casull, la « Princesse Détrônée », condamnée à la fuite depuis sa naissance car l’oracle a prédit qu’elle apporterait la destruction sur le monde lorsqu’elle atteindrait l’âge de seize ans. A cause de cette malédiction, elle ne peut quasiment se fier à personne, car tous – du roi au simple paysan en passant par les prêtres et l’armée – souhaitent sa mort. Rapidement se posent des questions quant à cet anathème : en quoi cette jeune fille de quinze ans un peu râleuse aurait-elle le pouvoir d’annihiler le monde ? Quelles preuves détient l’oracle pour annoncer une telle chose ? Pourquoi tout le monde cherche-t-il à la tuer sans réellement savoir pourquoi ? Quel est le rôle de la religion de Mausel dans tout cela ? Se dessine alors une critique, non pas de la religion, mais du fanatisme, de l’abus de certains prêtres sur la crédulité du peuple, d’une croyance aveugle sans réflexion ni remise en question.
Pourtant, peu à peu, certains personnages s’interrogent sur la justesse de tuer un enfant peut-être innocent au nom d’une soi disant garantie de paix perpétuelle. C’est une des forces de cet anime : beaucoup de personnages vont se remettre en question, questionner leurs préjugés et juger les faits par leur expérience et non plus en suivant un dogme établi. Et ce, malgré un manichéisme affiché depuis le départ : Pacifica (dont le nom n’a bien entendu pas été choisi au hasard) représente le mal absolu, un poison qu’il faut anéantir avant qu’il ne parvienne à maturité, ceux qui la défendent sont des hérétiques, tandis que tous ceux qui l’attaquent sont les protecteurs du monde et de sa tranquillité, avec la bénédiction de l’église. Heureusement, Pacifica et ses compagnons trouveront de l’aide auprès de Zefiris, dragon qui ne semble pas en être un, personnage que j’apprécie beaucoup.
De par son thème traité, cette série n’a en soi rien de drôle et les aventures des principaux personnages sont bien souvent tristes et douloureuses. Pourtant, Pacifica a la force d’en rire encore et de nous faire rire en s’attachant à un détail tout à fait secondaire pour détendre l’atmosphère et soulager la tension. Mais peut-être, comme Figaro dans le Barbier de Séville, « se presse-t-elle de rire de tout de peur d’être obligée d’en pleurer ».
Pour finir sur une note technique, le graphisme et l’animation sont très corrects bien que classiques. Le monde décrit avec les vestiges de la civilisation ultramoderne ainsi que les personnages principaux (visages, costumes, etc) sont bien réalisés. Musicalement, c’est moyen et seuls quelques thèmes retiennent l’attention. En particulier les génériques ne cassent pas trois pattes à un canard.
Une série atypique à découvrir.