J.C. Staff propose enfin une série intelligente, brillante et parfaitement orchestrée ; cela fait du bien de quitter l'ornière du fan service pur et dur (Zero no Tsukaima) pour regarder cette série au scénario complètement invraisemblable.
Proposer des histoires de facteurs portant les lettres de gens venant de mourir pourrait évoquer du mauvais Ghibli ou inspirer de mauvaises blagues sur la Poste, et pourtant, dès le premier épisode on perd toute envie d'être sarcastique. On n'en a d'ailleurs pas vraiment le temps, occupé que l'on est à chercher où va aller l'histoire : la plupart des épisodes ont un début assez banal, ancré dans un quotidien plutôt plat, mais pourtant la magie opère à chaque fois parce que le scénario, très habile, ménage un rythme d'une fluidité rare. Chaque scène arrive comme à point nommé, sans jamais paraître forcée ou téléphonée. L'histoire progresse sans temps morts, des itinéraires se croisent, entre celui de l'héroïne Mika, et ceux d'autres personnages plus ou moins secondaires.
Shigofumi excelle à créer un univers cohérent, à faire cohabiter des personnages tous différents ; en cela la série est aidée par un emploi des couleurs intelligent, les tons gris-bleus donnent sa tonalité à la série, qui transpire la mélancolie sans jamais forcer le trait ou tomber dans le pathos : la toute fin est représentative de cela, elle ne fait pas le choix de tout concilier, et maintient une sorte de statu quo, la vie continue, ou plutôt elle reprend, progressivement, sans forcément impliquer le pardon ou l'oubli.
C'est là toute la beauté de Shigofumi, qui propose un univers où tout ne se résout pas, mais où l'on doit continuer à progresser malgré les expériences malheureuses ou les disparitions d'êtres chers.
Une excellente série qui remet J.C. Staff dans la course.