La limite entre les oeuvres de référence et les bonnes séries est ténue et las, Shigofumi n'arrive pas à la franchir.
Shigofumi vient manger au même râtelier que Jigoku Shojo, l'au-delà s'immisçant dans le monde des vivants et partage une grande similarité dans sa construction narrative. Ce n'est pas un clone pourtant et la série possède ses propres spécificités. Elle est moins répétitive et possède un ton nettement moins sombre et désespéré. On ne peut que souligner la qualité d'ensemble de l'histoire qui nous depeint de situations plus variées que Jigoku Shojo.
Niveau réalisation, cela vole dans les standards actuels, belle image, chara-design bien fait. Le découpage et le cadrage sont bons et sont servis par une palette de couleurs froide et bleutée, appuyant le caractère dramatique. Niveau bande son, rien de transcendant, l'opening étant une copie conforme de celui de Rosen Maiden sans en partager l'animation déjantée.
L'idée de départ est intéressante, quoique pas si originale, les Shigofumi sont les distributeurs du courrier des morts vers les vivants. Ce simple fait permet de mettre en scène des histoires au contenu dramatique et psychologiques intéressants. Que déclarent les morts dans leurs dernières volontés, comment réagiront les récipiendaires ? Force est de constater que cela démarre sur les chapeaux de roue avec des premiers épisodes intenses et surprenants, digne des séries noires. Le ton des histoires variera par la suite mais il exploitera habillement la palette des sentiments humains, rancoeurs, amours, amitié, espoir. Les messages tant que les réactions dépeintes sont variés et intéressantes. L'histoire nous expose au grès de son évolution une fresque humaine convaincante, évitant ainsi habillement l'écueil de la répetition.
Pourtant, une fois le cadre posé avec les premières histoires, à l'instar de Jigoku Shojo, la narration va graduellement se centrer exclusivement sur Mika et ses problèmes. C'est une cassure et dans le rythme et dans la finalité de l'histoire mais le tout conserve néanmoins un bon intérêt. Autre bémol dans le scénario, on nous ressert encore une fois une pseudo relation triangulaire entre certains des protagonistes. Cela pourrait être irritant mais d'une part, c'est un des éléments de la trame (sinon beau gosse ne poursuivrait pas Mika) et le mâle de service à le bon goût de mettre de côtés sa libido et de sa vie sentimentale pour s'occuper des problèmes plus urgents. Allélulia, ils nous ont épargnés le passage romantico-niaiseux à ce stade là, bon point, car cela aurait été surfétatoire.
Au final, nous avons là une série de bonne tenue, bien réalisées et belle qui mérite d'être vue. On manque de très peu d'avoir une série de référence mais ne crachons pas sur notre bonheur pour autant.