Avant toute chose, mieux vaut remettre cette critique dans son contexte. Nous avons donc une série yuri, genre que j’apprécie tout particulièrement (la preuve avec mes critiques de Candy Boy et Lonesome Echo), bénéficiant d’une moyenne de 8,5 avec deux critiques plutôt bien rédigées. Tout porte à croire qu’il y a moyen de passer un bon moment, d’autant qu’avec 25 épisodes, pour peu que ça soit intéressant, c’est tout bénéf.
Je peux bien reconnaître une chose à ce Strawberry Panic, c’est d’exhiber une esthétique globale sympathique, pas trop mauvaise serait plus approprié. Quelques couleurs chatoyantes, des décors dans l’ensemble travaillés… N’allez pas croire, ça reste cependant sans grande inspiration et le tout sent le réchauffé au micro-onde pendant une quarantaine de minutes. Le coup de l’école château avec ses lustres plus chers que deux rolex réunies, ses chandeliers fondant à chaque coin de couloir, ses parcs verts armés de leurs tulipes naissantes en ce début de printemps tout juste détrempées de la rosée du matin, tout ça on nous l’a déjà fait (petite pensée à Special A). Au moins ça annonce d’emblée l’eau de rose qui va nous être servie.
Petit mot sur le chara-design ? Allez va pour un petit mot : lol. Il faudra qu’on m’explique un jour cette passion qu’ont les japonais pour les cheveux rouges, verts, bleus et que sais-je encore ? Ben oui tiens, argentés, à l’ancienne. Je veux dire, si vous croisez une fille dans la rue avec une telle couleur, soit c’est une punk qui cherche à se donner un genre, soit c’est une déformation de naissance, soit la mère a accidentellement fait tomber son enfant dans un bac d’encre indélébile, mais ce n’est en rien naturel, ce n’est en rien attirant. Où sont passées les blondes, brunes et rousses de mes plaisirs solitaires ? Mais je ne devrais pas trop me plaindre, sans ces couleurs changeantes, il m’aurait été impossible de différencier les protagonistes (dont j’ai déjà oublié le nom, aucune importance).
Sans transition aucune (en même temps ça aurait été difficile vu les deux dernières phrases), le plus important dans un yuri, c’est la manière dont la relation se forme, la façon dont sont amenées les scènes clef. Très vite se séparent deux genres de yuri : les touchants et les niais. Grâce à Strawberry Panic, l’expression « culcul la praline » trouve tout son sens. La grande majorité des fillettes composant cette aventure jouissent du charisme d’un croisé de palourde et de moule du Pacifique nord. L’hameçon tentant qu’est celui de la phrase bateau et de la réplique flottante est plus d’une fois gobé. Chaque scène est l’occasion de nouveaux dialogues d’un ennui mortel. Tout y est convenu, sans consistance, prévisible. En un mot on se fait chier.
Et puis il y a comme qui dirait overdose de relations. Nous sommes donc dans une école pour filles huppées et catholique, voir même pieuse, où la bonne conduite est de mise. Dans ce cas, quelle bonne idée qu’ont eu les scénaristes de rendre absolument tous les protagonistes lesbiennes ! Comme je l’ai déjà dit, j’apprécie le yuri et n’y voyons rien d’homophobe dans mon propos mais là… Mais là quoi… On avoisine les 56 relations amoureuses le tout dégoulinant d’un trop plein de bons sentiments mièvres à souhait. J’en aurai presque envie de dégurgiter un arc-en-ciel et la licorne qui va avec. L’opening irait même jusqu’à me faire recracher les 7 nains.
Et si par malheur on compte regarder au-delà des relations pour voir ce que donnent les minis scénarii de chaque épisode, c’est l’équivalent d’une bouilloire que l’on vient de laisser chauffer sans évacuer de vapeur pendant près de trois heures. Après avoir vu Strawberry Panic, je me dis que Naruto a encore bien du travail à effectuer sur son discours à propos de l’amitié. A la manière d’un épisode des Chevaliers du Zodiaque abrégés, ces bonnes vieilles paroles comme quoi rien ne vaut un ami sur qui l’on peut compter sont l’équivalent d’une torture sans fin où le rebord du cinquième étage apparaît comme l’unique solution.
Mais ce n’est pas tout ! Comme on pouvait l’espérer de la part de ce genre de séries, notre petite bande de joyeuses folles a droit à un casting de vois agaçantes et stridentes comme on en fait plus. A mi-chemin entre les crissements de pneus d’une voiture de Fast and Furious et cette tendresse sonore qu’est le décollage d’un avion, mes oreilles n’en sont pas sorties indemnes et il m’arrive encore de retrouver du sang sur mes oreillers le matin suite à un cauchemar dont Strawberry Panic faisait l’objet.
Que dire des pistes d’ascenseur qui rythment cette série à l’allure détonante si ce n’est que je n’y ai jamais fait attention ? Pas grand-chose et ça ne m’étonnerai pas d’apprendre que le compositeur bosse aujourd’hui pour Novalift.
Tant que j’y suis, saviez-vous à quel point 25 épisodes peuvent être longs ? Mais genre longs… Un peu comme si vous deviez enchaîner les 39 saisons des Feux de l’amour ligoté à une chaise en fer avec du fil barbelé. Je me demande encore comment j’ai pu regarder l’ensemble des épisodes en toute âme et conscience. Peut-être ma bonté débordante qui à l’instar de Kissxsis m’avait poussé à laisser une énième chance à quelque chose qui n’en mérite pas. Tout ça pour dire que pendant la majeure partie du temps l’envie de pousser un bon « Mais tu vas l’embrasser oui ou merde !? Tu vois bien que tu l’aimes alors vas-y ! » est plus que présente.
Enfin ça c’est au début, parce qu’après les échanges de salive, ils sont limite trop nombreux. A croire que leur baromètre des relations a explosé au moment de la conception. Pas assez puis beaucoup trop, la série ira même jusqu’à nous livrer deux scènes particulières qui risquent de choquer les moins de 12 ans. Ah y a pas à dire c’était osé, m’enfin c’est surtout fait pour gagner la sympathie du spectateur, tenter de le réveiller de son coma prolongé et lui laisser un goût un poil moins amer.
Bon on va dire que j’ai fait le tour de la chose. Strawberry Panic n’a rien d’un anime marquant, rien d’un anime à voir, même pas une de ces petites productions qui cachaient bien leur jeu, rien de touchant, rien d’amusant, rien d’intéressant. Du coup quelques scènes, quelques décors et des réflexions philosophiques sur la vie des plus abouties viennent sauver cette barque peu stable de l’iceberg. Je suis cependant dans une bonne journée et histoire d’être un brin honnête c’était pas si nul, simplement pas terrible du tout. Au pire si l’envie vous prend, lisez le manga, tout aussi guimauve, il est bien plus court et vous épargnera des coulées de salive devant votre écran.