Une arête de maquereau

Kaze tachinu ! L'œuvre de maturité tant attendue de maître Miyazaki, servie par une bande-annonce et un thème d'Hisaishi tout ce qu'il y a de plus prometteur... Les graphismes et l'animation made by Ghibli sont toujours aussi beaux et propres... La recette qui marche à chaque fois ?

Eh bien, pour un adieu, je l'ai trouvé bien impersonnel. Miyazaki, à l'imagination foisonnante, et au sens du scénario aiguisé par des années de travail... Où était-il dans ce film ? Alors oui, l'on retrouve cette fascination du ciel (mais pas celle des châteaux !) qui lui valurent de grands et mérités succès. Ces quelques touches poétiques et références musicales de qualité, aussi.
Je n'ai appris qu'après-coup que celui-ci avait annoncé que sa dernière œuvre serait différente de toutes les autres... et je ne me suis rendue compte qu'au bout d'un quart d'heure de ses aspects biographiques et historiques. Bien qu'étant friande de ce genre de thème, celui-ci constitue peut-être un frein au côté rêveur et original de l'auteur.

Venons-en au sujet du film. Je le trouve très intéressant, et suis ravie d'avoir découvert Jiro Horikoshi qui inventa entre autres, le chasseur japonais de la seconde guerre mondiale. Ce thème me tient à cœur depuis le film Aviator portant sur Howard Hugues, et il se trouve que ces hommes de génie étaient des contemporains.
Horikoshi apparaît comme un homme admirable moralement, physiquement et avant tout, intellectuellement parlant. Sa seule faiblesse semble être son égoïsme, qui ne gâche pourtant pas le reste.
La romance est joliment tournée, sans être trop étouffante, rien de particulier à dire là-dessus.
Par contre, ces moments de rêves éveillés interminables, ô vaines tentatives de s'échapper de la stricte ligne de la vie du personnage principal ! Nulle fantaisie dans ces séquences. On vous ressert juste une tasse de carlingue (avec deux boulons et un nuage de gaz), et sa part de pain d'hélices.
Seulement, lorsque l'on est guère passionné par l'aviation, on en arrive vite à l'indigestion. Loin d'être une scientifique de haute volée à l'image du protagoniste, j'ai eu l'impression avec ce film d'être tombée sur une arête, sans avoir les moyens de saisir la beauté de sa courbe parfaite.
Hop, conclusion en queue de poisson, je suis fatiguée et n'ai plus rien à dire.