Une vraie "tranches de vie"

Je suis surprise de voir Nana classé dans la catégorie Shôjo, et non Josei. Ce n'est pas que j'attache une importance particulière aux étiquettes, mais je me dis que cela doit en repousser plus d'un. Certains des thèmes abordés par le manga (sexualité, drogue, infidélité etc.) et le réalisme des relations entre les personnages en font à mon sens une œuvre bien plus mature qu'un Shôjo. Ici, vous ne verrez pas l’héroïne manquer de se faire agresser à chaque fin d'épisode afin que son prince (accessoirement expert en arts martiaux) lui vienne en aide. J'avoue que j'avais à l'époque abandonné l'animé au bout de 3 épisodes, vite agacée par une héroïne à première vue geignarde et nunuche, (avec son lot de "que dois-je faire?" "que vais-je devenir?") mais je ne regrette pas d'avoir donné une seconde chance à cette série, qui est désormais pour moi ce que l'on a fait de mieux en terme d'animé romance.

Bon alors pour entrer dans le vif du sujet, Nana, c'est l'histoire de deux nanas qui s'appellent Nana (je sais c'est nul j'ai pas pu m'en empêcher :)) qui vont se rencontrer par hasard à bord d'un train à destination de Tokyo où elles se rendent afin de réaliser leurs rêves respectifs.
Le hasard (ou le destin, selon les croyances) va ensuite une fois de plus les réunir pour donner naissance à une histoire d'amitié improbable à première vue, tant leurs univers semblent incompatibles.

Nous avons donc Nana Komatsu, qui est la personnification de l'esprit shôjo, avec toute la naïveté et l'enthousiasme que cela implique, et Nana Osaki la rockeuse rebelle et distante.
L'une est féminine, l'autre est un garçon manqué. La première rêve de stabilité et de mariage, la seconde de gloire et d'indépendance. Autant dire que les 2 font la paire.
Seulement voilà, baser l'intrigue principale sur la complémentarité de caractères opposés ne suffit pas, il faut aussi que ce soit crédible. Et sur ce point je trouve que Nana a relevé le défi. Donc oui, ça marche. Les épreuves vont donc les lier petit à petit, d'où l'importance du nombre d'épisodes, qui soit dit-en-passant sont extrêmement fidèles au manga d'Ai Yazawa.

Concernant l'adaptation, je trouve que le studio a fait un super boulot. Le chara design est fidèle et les voix collent vraiment bien aux personnages (notamment celle de Nana Osaki). L'OST est remarquable, essentiellement pop/rock (et pas punk du tout contrairement aux multiples références aux Sex Pistols et à Sid Vicious). Après c'est sûr en 47 épisodes on a l'impression d'écouter 4 morceaux en boucle, mais en même temps, on va pas se mentir, le monde de la musique ne sert que de décor aux interactions entre les personnages.
L'animation m'a laissé un peu perplexe par moment, notamment en ce qui concerne l'utilisation de la technique des plans fixes durant les scènes de live. Alors je ne sais pas si c'est un choix artistique ou si le studio a tout bonnement eu la flemme d'animer 2 guitaristes et un batteur simultanément, mais je penche pour la théorie n°2.

Nana est une vraie "tranches de vie" riche et réaliste. Les choix et réactions des personnages sont parfois déroutants, mais c'est justement la complexité des sentiments qui donne toute sa profondeur à la série. La narration rétrospective, sous forme de correspondance télépathique (Ne Nana, tu te souviens...) donne une touche poétique et nous permet de connaître le ressenti des 2 protagonistes avec le recul de quelques années sur les événements racontés.
Je vais m'arrêter là, car j'ai une vie, et que je ne voudrais pas gâcher le plaisir des lecteurs n'ayant pas encore eu l'occasion de découvrir la série.
Donc vous l'aurez compris, il n'est pas question ici de de super-pouvoirs ni de romance à l'eau de rose, Nana est avant tout une aventure humaine, avec tout ce qu'il y a de plus imparfait.