Aujourd'hui j'ai bien envie de parler de l'intriguant Darker Than Black. C'est surtout son univers qui l'est d'ailleurs. Avec l'intronisation d'humains modifiés et dont la révélation de l'existence pourrait créer la panique, le choix du développement est large.
Je m'aperçois rapidement que cet anime se tourne vers la quête de l'humanité. De ce fait, ce que je veux voir, ce sont des sentiments, des dialogues bien foutus et des problèmes complexes où les solutions ne seront pas bâclées. Mais avant ça, il y a de l'action. Le mystère s'épaissit autour des contractants - ces humains modifiés aux pouvoirs surnaturels - à grands coups de démonstrations de force et de la Porte de l'Enfer, cette immense structure qui défigure Tôkyô et obstrue le ciel.
Premièrement, le mode de fonctionnement des contractants est tout à fait banal : des pouvoirs surnaturels, un prix à payer (plutôt modeste en général) et surtout un sens aigüe de la logique. Les contractants sont des surhommes aussi froids qu'ils sont efficaces. Le diktat de la rationalité l'a emporté sur leurs défuntes émotions. Cette vision pragmatique s'est imposée naturellement et se prête bien à un groupe de personnes très impliqué dans les machinations politiques ou les meurtres, quand ce n'est pas une simple crise.
Qui dit humanité dit développement, j'attendais Tensai Okamura (le scénariste) au tournant sur le rythme et il ne s'y est pas trompé. Le découpage se fait la plupart du temps en mini-arcs de deux épisodes, où il y a à boire et à manger. Des histoires courtes mettant en scène des personnages intéressants mais qui ne sont pas vital au scénario, pourquoi pas. Cependant ce qui place Darker Than Black au-dessus de cette sempiternelle moyenne, c'est qu'au-delà de ce schéma classique, les personnages principaux restent le fil rouge de l'histoire. Pas seulement parce qu'ils sont acteurs obligatoires mais plutôt parce qu'il y a souvent de brefs indices à leur sujet. Les personnages principaux justement, parlons en. Hei bien sûr, un contractant aux buts obscurs, très doué au combat. Il est toujours accompagné de l'énigmatique Yin, aussi contractante, ou encore de Huang, un humain ordinaire et Mao, un contractant dans le corps d'un chat. Cette joyeuse bande (ou pas) travaille sans réel enthousiasme pour un certain syndicat, qui est évidemment au coeur de l'intrigue.
Ces quatre là ont su capter mon attention tout au long de la série, déjà parce que Hei n'est ni le gueulard surpuissant ni le type trop dark qui veut juste tout casser. Puis Yin car un personnage qui frôle le mutisme suscitera souvent la curiosité. Diverses problématiques se posent pour chacun d'entre eux, entre les sentiments de Hei, le quasi mutisme de Yin, la haine de Huang ou le corps de Mao. Ces questions interviennent suffisamment tôt pour permettre à l'anime de tenir sur la durée, sans s'essouffler même si tous les épisodes ne se valent pas. Surtout dans la première partie.
Tant de problèmes qui entrainent les personnages vers différents dilemmes au fil des rencontres. Après tout, Hei et les autres n'agissent pas en toute impunité et la police a un rôle à jouer dans tout ça, tout comme différentes organisations étrangères. C'est là qu'intervient un personnage qui fut sans doute mon favori pendant une bonne partie de l'anime avant de me décevoir : Kirihara Misaki. Avec elle, on est un peu à mi-chemin entre la flic qui est toujours sur la bonne piste et le boulet. J'ai eu du mal à me décider au départ avant de l'apprécier. A l'instar de Hei, Misaki ne colle pas un à cliché particulier. Elle est sérieuse, forte, féminine sans être vulgaire tout en ayant ce petit côté maladroit qui casse l'image de la femme inébranlable qu'elle pourrait avoir. De plus elle est animée d'idéaux, certes très communs, qui se marient bien avec sa personnalité, sans en faire des tonnes.
Je peux faire le même constat pour le quatuor à la solde du syndicat. Au fur et à mesure des épreuves qu'ils traversent ensemble, une complicité voire une affection pudique s'installe. La façon dont leurs rapports évoluent est parfaite pour moi. L'exubérance ne pourrait qualifier aucun d'entre eux. Quelques phrases brèves, des gestes ou des regards suffisent. La complexité ne se trouve finalement pas dans des dialogues alambiqués mais dans leur parcours respectif et ce qui a fini par les lier. Quatre êtres taciturnes meurtris dans leur chair au milieu d'un conflit où les sentiments et l'attachement n'ont aucune importance.
Au bout du chemin, cette fameuse quête de l'humanité m'a convaincu. Un rythme bien géré, des osts orientés jazz de bon goût, de l'action, un univers mystérieux qui se dévoile sans accident de parcours, une problématique complexe (le rapport contractant/humain) et encore des réponses à trouver. C'est bien pour ça que je regarderais la saison deux.