Albator, du Fond de la Salle de Cinéma

Sublime. Ce film est une petite pépite comme on en voit rarement au cinéma de nos jours. Je préviens, cette critique ne contiendra aucun point de référence envers les précédents animes et films, ne les ayant pas vus.

L'animation est tout bonnement magnifique, heureusement, vu le budget de 30 millions de dollars. Bien des plans sont tellement réalistes, qu'on a parfois du mal à faire la distinction entre le design d'un anime et celui d'un film "vivant". Fervente de la 3D, j'ai choisi de le voir ainsi et je n'ai pas été déçue. Elle est ici ce que j'appelle bien exploitée : pas d'éléments qui viennent voler dans la salle à tout-va, mais une superbe profondeur de champ, compte tenu du lieu où se passent les actions (profondeur de champ qu'il aurait été normal de retrouver dans Gravity par exemple *sigh*).

D'un autre point de vue technique, les bruitages sont raccords, et ce, autant pour ce qui est du ton juste que du timing. Certains scènes qui viennent à se répéter, comme la téléportation, ont l'intelligence d'être "filmées" (si vous me passez l'expression) sous différents angles à chaque fois. Ce qui permet d'utiliser de mêmes actions, sans y voir une réelle répétition lourde. Les graphismes excellent de par leur réalisme et leur justesse. En scrutant bien, je n'ai pas remarqué d'éléments de détails mal dessinés ou passé à la trappe.

Les personnages sont également excellents de par leur physique réussi. Albator dégage un tel aura et un tel charisme, que le charme est presque rompu quand il prononce ses premières paroles. Entouré de noirceur, il parvient à véhiculer une ambiance angoissante et, avant tout, respectueuse. Bonus spécial pour le devant de son vaisseau, qui m'intéresserait en tant que pare-buffle sur mon hypothétique futur Hummer. J'ai également pensé à beaucoup d'autres œuvres tout au long du film : que ce soit grâce à Albator, de par sa façon de se jeter dans le vide tel Superman, ou alors les soldats ennemis ressemblants à des stormtroopers, au même titre que les soldats alliés étant des copies du Big Daddy de Bioshock (la foreuse en moins).

Malgré des séquences parfois longues (1h50 de film tout de même), on a bien un début, un dénouement, avec beaucoup de péripéties entre les deux. La psychologie des personnages principaux est vraiment poussée, permettant de se mettre à la place des protagonistes comme des antagonistes.

Quelques regrets toutefois. Celui d'assister, comme beaucoup de films depuis quelques années, à une sempiternelle lutte des classes (pauvres rebelles vs riches dans leurs buildings) peu déguisée. J'avais jusque là espéré que le domaine de l'animation y avait échappé. Et puis évidemment le regret de ne pas avoir droit au fameux générique de l'anime.. Mais heureusement, car cela permet de rester dans le ton sombre et mélancolique que se donne le film.