Albator, une licence qui aujourd’hui encore fait frémir toute une génération de fans. Génération à laquelle je n’appartiens pas malheureusement, n’ayant visionné la série originale de 1978 qu’il y a un peu plus d’un an, j’ai quand même été séduit par l’histoire et l’univers tournant autour de ce personnage devenu mythique.
Bref, sans verser dans le fanboyisme le plus basique, l’annonce d’un film d’animation m’a quand même interpelée et j’ai immédiatement mis cette production dans la liste des indispensables à voir dès que possible après sa sortie.
Premier constat, c’est beau, c’est même très beau… Aussi bien dans la technique que sur la direction artistique, chaque plan ou séquence est une invitation à la contemplation. Et le studio n’a pas cherché à faire dans l’ultra-réalisme comme le ferait un FF VII – Advent Children : on voit immédiatement que ce n’est que de l’animation, mais ça donne justement un cachet authentique à ce petit bijou.
Et avouons-le, le capitaine Albator a quand même une classe incontestable à chacune de ses apparitions, éclipsant sans peine (peut-être un peu trop justement) tout le reste du casting. On constatera qu’il a pris une orientation nettement plus dark et désabusée que dans l’anime original (dans lequel il était d’un idéalisme presque forcené), mais honnêtement, qui s’en plaindrait quand on voit le résultat. N’ayons pas peur des mots, dans le genre pirate de légende pris dans des aventures épiques, on aura du mal à faire mieux. Même Jack Sparrow me semble bien pâlichon en comparaison, c’est dire.
Niveau grand spectacle, autant dire que le spectateur est servi et en prend plein les mirettes d’un bout à l’autre.
Dommage en comparaison que l’histoire semble n’être qu’un prétexte à enchaîner les scènes toujours plus dantesques dans une débauche d’explosions et d’effets spéciaux. Tout va beaucoup trop vite pour qu’on ait le temps de s’accrocher un tant soit peu aux différents protagonistes ou qu’on essaie de développer leur background et les relations avec autrui. Comme je l’ai dit plus haut, tout tourne autour du fameux corsaire, et en comparaison, les autres personnages semblent bien creux et se contentent de jouer les faire-valoir qui ne se distinguent que par un ou deux actes d’héroïsme, comme si on cherchait à tout prix à prouver que malgré tout, ils sont importants…ben pour le coup, c’est raté.
Je n’ai pas non plus été emballé par l’histoire de la petite fratrie (Yama, Ezra et la troisième dont j’ai oublié le nom, c’est dire son importance à mes yeux). On comprend qu’ils sont liés par un drame familial, que des rivalités existent entre eux et qu’à priori, ils partagent le même rêve (bien que les points de vue divergent fortement), mais je peine à rattacher tout ça à l’aventure principale surtout au vu de la conclusion de cet « arc parallèle ». J’imagine que c’est censé permettre d’expliquer la décision finale du cadet quant à son destin, mais ça reste maladroit dans la manière dont c’est amené.
Je parlais de l’enchaînement des scènes de combats spatiaux, je trouve à ce sujet regrettable la surenchère qui est faite au niveau de l’armement. On nous fait le coup de « l’arme secrète tellement puissante qu’elle pourrait détruire l’univers si on n’y fait pas gaffe ». Que les protagonistes des 2 camps gardent en réserve quelques cartes dans leurs manches pour surprendre leurs adversaires, c’est normal et même indispensable dans une œuvre de ce calibre. Mais qu’on nous les sorte presque à la chaîne comme une suite de domino toujours plus gros, là ça me dérange et ça fout en l’air tout le travail autour de l’Arcadia et son équipage, héros anonymes habitués à se sortir de situations périlleuses. Le rapport de force entre les 2 factions est déjà suffisamment déséquilibré comme ça pour en remettre une couche : un seul bâtiment, certes exceptionnel mais pas invulnérable quand même, contre une flotte aux effectifs considérables, équipés et entraînés. Même si ce n’est au final pas le cas, on a quand même la désagréable impression que ce sont davantage les armes de destruction massive que l’héroïsme et la tactique qui règnent en maîtres.
Et puis il y a quand même le traitement des différentes factions. En me basant sur la série de 78, je peux dire que même les cruelles Sylvidres savaient s’attirer la sympathie du public par la grandeur de leur gloire passée et leurs réalisations époustouflantes, tandis qu’Albator bien que fortement idéalisé, n’était pas à l’abri d’une erreur de jugement aux conséquences dramatiques. Ici même si c’est loin d’être un enfant de cœur, avouons-le, on reste quand même dans le schéma du héros dramatique sans peur et (presque) sans reproches dont les actes trouvent systématiquement une justification plus ou moins valable, qui affronte un système injuste et pourri jusqu’à la moelle, aux mains d’une poignée de politiciens véreux. Ce traitement noir/blanc est dommage, et j’aurais apprécié davantage de nuances chez les différents protagonistes.
Abordons maintenant le dernier point : le fan service… Pour commencer il y a bien entendu Albator. Bon c’est son film, qui parle de lui, il est donc normal qu’il bénéficie d’un traitement de faveur et semble irradier d’une classe indétrônable à chaque apparition, avec son allure svelte et athlétique (un Eldar qui ce serait trompé d’univers ?), sa voix grave, sa manière de combattre toujours classe, sans un mouvement de travers ni une éclaboussure sur sa tenue… et surtout la vingtaine de techniciens porteurs de ventilos pour être sûr que la cape vole bien comme il faut quand il marche et recouvre presque l’objectif de la caméra en faisant des volutes lorsqu’il fait brusquement demi-tour. Un peu exagéré, mais une légende telle que lui mérite bien ça, et le public adore et en redemande, donc pourquoi se priver ?
Moins classe par contre, quand le fan-service se met à cibler les quelques femmes de l’équipage. Sans être trop invasif, on notera quand même que chaque fois qu’une demoiselle apparaît à l’écran, il faut toujours qu’on ait un plan sur le magnifique popotin ou la poitrine que laisse deviner la tenue en cuir moulant qu’elle porte de manière réglementaire. Et je doute que le but de la séquence de la douche soit simplement de faire admirer le superbe rendu des particules d’eau glissant délicatement sur le corps dénudé de ladite demoiselle.
Pour conclure, si vous cherchez uniquement du grand spectacle et de quoi illuminer vos mirettes pour quelques heures, le tout dans un récit épique, le contrat est parfaitement rempli. En revanche, si vous espérez un récit complexe et mature avec de vraies problématiques, je pense qu’il vaut mieux ne pas se faire d’illusions de ce point de vue, même si on a droit à quelques bons rebondissements ici et là.
Néanmoins, qu’importe ce que vous recherchez, il serait dommage de passer à côté d’une réalisation aussi aboutie et le film vaut, quoi qu’on en dise, le coup d’être vu.
Je ne suis pas contre l’idée d’un second opus, mais dans ce cas, j’espère clairement qu’on aura droit à un adversaire véritablement à la hauteur (aussi bien en puissance qu’en charisme) parce qu’avouons-le, la Fédération Gaïa, ça reste du menu fretin.