Chaos;HEAd est une série qui commence très mal alors qu'on se retrouve à suivre les "aventures" d'un adolescent asocial reclus dans son conteneur, dégoûté du monde réel et qui ne vit que pour son MMORPG et pour l’héroïne d'un dessin animé dont il collectionne les figurines. En clair Takumi, puisque c'est son nom, est un personnage pathétique et présenté de façon caricaturale à travers de petites phrases bateau du genre "moi je m'intéresse pas au monde réel". A côté de ça on nous présente quelques personnages féminins là aussi caricaturales et qui ne se différencient les unes des autres que par leur couleurs de cheveux différentes, si comme moi vous êtes agacés par les stéréotypes souvent assez misogynes des héroïnes de mangas/animes pour ados alors Chaos;HEAd risque de vous poser des problèmes.
Je me serais arrêté au premier épisode si en contre-partie de toutes ces scènes immatures et caricaturales il ne se profilait pas l'ombre d'un scénario très intriguant. Dans ces premières épisodes Chaos;HEAd est une sorte de thriller surnaturel paranoïaque dans la lignée des œuvres de Satoshi Kon (pour ce qui est de l'animation) ou de Lynch, la subtilité et la profondeur en moins. De quoi faire tout de même une œuvre sympathique d'autant plus que certains rebondissements rendent les six premiers épisodes passionnants au point qu'on en oublierait presque que le héros est sans intérêt et que les personnages secondaires ne sont que des caricatures.
Tout change pourtant à partir du 7ème épisode où les personnages secondaires vont nous expliquer ce qui se trame depuis le début dans l'ombre à base de théories pseudo-scientifique fumeuses que l'on doit assimiler en un temps record. Les créateurs de Chaos;HEAd semblent avoir oublié que la clé d'un thriller repose sur le suspense et la capacité des scénaristes à ménager les révélations au fur et à mesure tandis que le fantastique est un genre qui se passe d'explications trop farfelues pour ne pas en détruire la magie. La deuxième moitié de l'anime ressemble donc à un auto-sabotage en règle, et on passe soudainement du thriller à un anime orienté action bête et méchant avec super pouvoirs, grosses épées très moches, et combat contre un super-méchant sorti de nulle part. Finir la série représente donc en soit un véritable défi même si il n'y a que 12 épisodes.
Gageons qu'en plus de cela la réalisation est très médiocre. La mise en scène est plate, l'animation réduite au minimum syndicale et les dessins ne cassent pas trois pattes à un canard. N'étant pas fan de musique japonaise je ne saurais juger de l'opening et de l'ending mais ils ne m'ont pas semblé désagréables. Au final on passe donc d'un thriller maladroit mais intriguant à un anime immature bourré de clichés et qui sombre dans la banalité passé le sixième épisode.