Un homme à la mine sombre sort du métro. La journée a été bien rude, les transports bondés n'ont pas arrangés à sa détresse et son rendez-vous s'est très mal passé. Mais son visage s'éclaire au fur et à mesure que l'ascenceur monte vers son étage. Il ouvre la porte et court à travers la maison sans fermer derrière lui ou sans même dire bonjour à sa femme pour aller dans la salle du PC. Mais elle ne s'en fait pas, son mari a juste besoin de sa dose de FLCL pour se sentir bien!
En voilà un animé qu'il est bon, qui fait planer et tout et tout. Je profite de ce second visionnage pour pondre cette petite critique. Une véritable merveille que voilà mes amis!
Nous sommes en présence de ce que l'on peut qualifier "d'animation expérimentale", c'est à dire que les auteurs ont tâté, exploré dans tous les sens, les limites du support audiovisuel. Autant le dire que c'est un pari très risqué, on sort des conventions du genre, on tente de nouvelles approches graphiques mais ça marche assez souvent. Et pour FLCL, ça a même carrément détonné!
La série va à 100 à l'heure, presque sans aucune pause. Les personnages sont pour la plupart (non, tous en fait,) complètement déviants à l'exception du héros peut-être, qui apparait comme la seule personne normale. C'est d'un dynamisme à couper le souffle mais qui réchauffe le coeur : en regardant ces OAVs, on se sent renaître et énergisé!
Ce dynamisme se ressent beaucoup du point de vue scénaristique. Il faut être très concentré pour seulement espérer comprendre cet animé dans sa globalité, n'espérez pas vous reposer si vous tentez l'aventure. Il y a beaucoup d'action, beaucoup de dialogues dont la majeure partie ne sert à rien mais surtout il n'y a pas de temps mort. Chaque seconde compte. Mais il y a aussi des passages un peu plus lents, un peu plus calmes. En effet, même si c'est beaucoup de n'importe quoi, FLCL sait se faire très sérieux parfois. Je ne sais pas si je me fais des films mais j'ai bien eu l'impression que la trame principale était le passage à l'adolescence de Naota avec tous les problèmes psychologiques qui vont avec. Comme l'arrivée d'Haruko chamboule sa vie, la puberté le transforme.
Qui dit animation expérimentale dit souvent graphismes très spéciaux. On n'est pas laissés en reste ici, avec beaucoup de qualité, ce qui est étonnant pour un travail qui semble plus être porté sur le fond que sur la forme. Les couleurs sont attrayantes et drôlement douces en général même si elles détonnent souvent lors des passages mouvementés (contrastes efficaces!). L'animation est très bien réalisée, fluide et rapide, on aurait presque l'impression de voir de véritables personnages. Presque seulement, car les visages, les mouvements et autres sont très souvents exagérés à l'extrême pour notre plus grand bonheur. Deux séquences particulières étaient un peu osées, avec des planches de manga papier animées comme si les personnages étaient revenus à leur état d'origine : c'est terriblement rapide et ça part en gros gros délire, mais c'est génial!
La musiques est un point capital selon moi. Rock, hardrock même, Haruko se bat avec une guitare et l'ambiance se prête beaucoup à ce genre de musique rythmée. Toute phase d'action est ainsi accompagnée de son morceau, dans un mariage subtil et explosif. Un vrai régal, en particulier le thème de l'ending. Les bruitages sont exceptionnels mais j'ai surtout apprécié le travail des doubleurs, en particulier pour les voix des héroïnes.
Six OAVs de trente minutes environ chacun, ça nous fait un total d'environ trois heures de folie. Mais pas un bazar complet, sans queue ni tête, ou un désordre inommable qui n'a aucun but et aucun départ. Non, non, les créateurs de FLCL ont réalisé leur logique propre, totalement hors-norme, mais qui suit un fil conducteur. Ici, impossible de ne pas se laisser emporter, on aurait presque envie de participer. Je dis presque, parce que je ne pense pas qu'on pourrait survivre à de pareils extrêmes. Quand on dépasse les bornes, il n'y a plus de limites. C'est vrai et c'est tellement bon!