Kemonozume est le genre d'anime qu'on expose dans sa bibliothèque. Celle qui fait jolie sur l'étagère. Le livre qu'à de la gueule. Celui qui parle de trucs sérieux et qu'on garde pour épater la galerie. Mais on l'a pas lu le bouquin.
Pour la petite histoire, ça fait un paquet de temps que je l'ai laissé croupir sur l'étagère. J'ai découvert cette anime sur ce site. A l'époque où je n'étais qu'un vadrouilleur. Un chasseur accomplit mais solitaire. Ma meute s'était éparpillée, je flairai alors mes pistes avec mon instinct seul. Si c'était efficace comme méthode, je vous dirai que j'ai mangé beaucoup de cochonnerie. Le loup se doit de survivre. Arrivé dans un terrain giboyeux, peuplé de chasseurs confirmés, j'ai pu repérer les bonnes proies. Mais de loin, à l'époque je passais comme un fantôme (loup bien sur). Mais parmi ces proies il y en a faut avoir le coffre, le poil dru, pour les attraper.
Bon... Hum hum... Je gagne du caractère, mais juste pour dire que ce soir (car c'est par une nuit de d'été que je vous écris, un soir ou un matin de victoire) je vais vous parler de Kemonozume. Kemonoquoi ça ? Kemonozume, faut le répéter ce n'est pas de l'anime dont on entend parler dans tous les comptoirs. Faut connaître un mec qu'à du balais dans l'estomac, qu'à de l'âge quoi, ou un fucking expert, un mec qui pèse quoi. Ou regarder Ping Pong et vadrouiller sur Anime-Kun. C'est cool Anime-Kool ! Ca s'était gratuit. Je prendrai mon billet plus tard.
Encore un peu de place de gagnée. Mais on parle toujours de Kemonozume. Et non pas de raclée suissidaire. Kemonozume, faut l'imprimer, est une série qui interpelle dès sa première séquence. Par sa direction artistique, son empreinte. Ca choque les poils, y frizent tout de suite tellement ça peut sembler moche. Style qui peut faire fuir pour peu qu'on ne soit pas très tolérant. La première fois que j'ai lancée la série, les vingt premières secondes m'avait rebuté. Genre vomit tout ça. Non je mens j'ai juste coupé et mis un épisode de Clannad. Vous dire l'époque. Une bonne époque. C'est cool Clannad (pas la deuxième mouture tire larme, la première qui tire larme mais propre).
Le trait est simplifié, l'animation va au delà du mouvement, exprimant au maximum l'émotion, l'action est parfois au dépit des cohérences, cela vit. Tous ces éléments m'indiquaient une série d'un sérieux ou d'une attention trop élevée pour ce que je recherchai à l'époque. Du divertissement simple, pas un effort de visionnage. Pas que cette série n'en soit pas, au contraire. Juste que j'étais trop influencé par ce que j'avais vu dans ce style avec Amer Béton, Noeïn et Mononoke (dans un autre genre il est vrai mais l'impression donné semblait la même) pour y voir autre chose.
Dépoussiérant des vieux titres de mon étagère, je retombe sur cette série. En fait, c'est surtout l'arrivé de Ping Pong et quelques avis éclairé sur Anime Kun (c'est là qu'il y a les vrais) qui m'ont poussé à retenter l'expérience. Une fois accepté l'empreinte graphique, cet aspect qui semble vilain, baclé mais qui en fait révèle une intensité plus forte dans sa simplicité Kemonozume délivre une aventure unique. Les personnages bougent, vivent, leur expressions sont plus fortes plus violentes, les mouvements bouleversent l'image, détruise les corps. C'est dérangeant au premier abord mais ça donne un cachet tellement naturel à la vie qui se joue dans cette anime. Cela permet d'amener cette histoire, de dévoiler cette univers, de transmettre.
Et là c'est la claque. Kemonozume est riche. Son format ne laisse rien au hasard, intense, je le répète car comme cela a été dit plus bas par les collègues, c'est une série qui se dévore, quasiment d'une traite pour conserver l'ambiance, l'atmosphère. Pour suivre ce presque film, cette histoire d'amour impossible comme on les aime tant, de celles qui font vibrer. L'histoire est belle. Avec en plus une certaine innocence dans ses personnages qui ne veulent que mieux faire, plaire, être aimer avoir la reconnaissance qui devrai leur être du. De l'humain dans l'inhumain, avec pour ombre le monstre du désir, celui du plaisir. Avec l'option vieux clan japonais, tradition face à la modernité, la survie du passé face au renouveau, à la paix, l'amour tout ça, et Kakanas compris.
L'histoire elle est cool quoi. Pas de la gerbe de loutre. En plus c'est une anime adulte, vous dire comment ça m'a fait plaisir. Dans le sens que c'est propre, rien de racoleur, juste honnête avec son publique. Y a du sang et du sexe quoi, mais comptez pas vous rincer l'œil. On rajoute à ça de la tatanne avec du kakana bien foutu du genre des fois on fait des "oooh", un méchant bien pensé et bien crapuleux (un pote à Zouken), génériques et ending tout crème tout bonheur et on atteint presque la classe prestige. La bande son reste dans le domaine du minimum syndical, pas qu'est elle est mauvaise. Elle habille bien le récit mais reste discrète. En même temps ce n'est pas vraiment le genre d'anime à envoler lyrique, mais si on devait pisser dans la soupe, c'est à cet endroit que je dirigerai le flux. L'anime se permet même, culotté qu'elle est, d'avoir une fin de qualité. De celle qui remplisse le cœur.
Kemonozume avec son histoire de chasseurs de monstres sous fond d'amour impossible délivre non pas une série bouleversante mais un produit d'animation artistiquement inspiré. Fait avec soin et passion, une histoire bien plus intelligente qu'elle ne parait nous est offert, sans rien avoir à sacrifier au panache, à son humour et sa personnalité.
Kemonozume c'est de la bonne came, de celle qui pique les yeux mais qui laisse le bon sentiment. Celui de ne pas avoir vu de la merde.
Et ça c'est important.