Origine est, et je ne vais surprendre personne en le disant, une sorte de Ghibli bas de gamme, avec une pluie d'effets spéciaux pour rendre l'ensemble un peu plus sympathique. On l'a tous dit : Origine, c'est beau. Mais arrive alors la question récurrente qui divise pas mal de gens ; à savoir si l'on peut considérer qu'une œuvre uniquement esthétique est bonne, ou pas.
Je ne vais pas faire durer le suspense ; à mes yeux, un film se doit avant tout d'être accrocheur sur le plan scénaristique.
Et pourtant Origine commence très bien. Premier constat, évidemment, on remarque que Gonzo est passé maître dans l'art de l'animation numérisée, avec une intégration omniprésente d'éléments 3D. C'est beau, c'est fluide ; il faut admettre que ça donne très envie de plonger dans le film. Quand on repense aux passages absolument hideux des rues de Paris dans Gankutsuou, on se dit que le studio revient vraiment de loin.
Deuxième constat : remercions tous Miyazaki pour leur avoir fourni les bases du film. Eh oui, le fameux conflit entre l'Homme et la nature, qui une fois de plus domine le monde, en faisant sombrer les civilisations et en annihilant toute forme de technologie, on le retrouve ici. Nausicaä, mon Voisin Totoro, le Château dans le Cie, Princesse Mononoké… La plupart des œuvres provenant du studio Ghibli traitent de ce même sujet. Cela dit, inutile de s'alarmer ; ce n'est pas parce que Gonzo plagie outrageusement un concept que le film va être catastrophique pour autant. Et d'ailleurs, comme je vous le disais, Origine commence très bien.
Après l'introduction, où Kokia nous propose une chanson franchement sympa (j'aime le Canada Dry parfois), on découvre avec bonheur les premières scènes du film. C'est tout simplement un chef-d'œuvre de couleurs et d'animation. La fluidité est sans pareil, l'ensemble est flashy sans être vulgaire ; bref, on jubile avant l'heure. On observe le héros, on fixe tous les détails des décors, la qualité et la précision du dessin, et puis tout d'un coup, on se rend compte que le scénario n'a pas l'air de vouloir se lancer.
Et là, on fait face au problème majeur de ce film, l'absence de scénario construit et complet. Dès les premières minutes, tous les éléments scénaristiques ne seront que des prétextes pour créer des scènes qui nous en foutront plein la vue. Il ne s'écoule pas cinq minutes sans que Gonzo n'exhibe son savoir-faire, afin de bien marquer les esprits, et de bien faire chier la concurrence. On espère cependant l'arrivée d'un élément plus profond, plus prenant, mais non. Rien ne vient, si ce n'est une débauche encore plus flagrante de 3D, jusqu'à ce qu'on en ait la gerbe.
Le pire arrive surement lorsque le "scénario" entame la dernière ligne droite. Le tout devient exécrable : les personnages son caricaturaux tant on a cherché à les faire correspondre aux "mecs cool qui font vendre", le décor n'est qu'un festival technique inintéressant (au bout d'une heure, on sait ce qu'ils valent, plus la peine de nous en foutre plein la gueule du début à la fin…) et le scénario devient pathétique tant il est simpliste et prévisible.
Le semblant de crédibilité qu'avait acquis l'histoire, avec les quelques bons éléments du film, vole en éclat en un millième de seconde, et on s'ennuie ferme. L'envie de s'enfuir devient irrésistible lorsqu'à la fin, comme dans les Walt-Disney, tout est bien qui finit bien sans la moindre raison. Le tout devient répugnant de bons sentiments, et écœure.
Inutile d'en dire plus, et en fin de compte, il n'y a vraiment pas grand-chose à dire à propos d'Origine. Choisissez votre camp ; soit vous appréciez une œuvre exclusivement pour son visuel, certes impressionnant, soit vous considérez que sans un scénario costaud pour diriger le reste, un film n'offre que peu d'intérêt. J'ai choisis la primauté de l'histoire sur le reste, et j'ai été déçu par Origine. Je lui met tout de même une note convenable, en l'honneur de Kokia et des types qui se sont pris la tête pour que le film soit beau, et ce, en permanence.