Chaque fois que j'ai regardé une œuvre signée Satoshi Kon, j'ai été surpris devant sa créativité et son univers qui jongle allégrement entre rêve et réalité. D'une certaine manière Paprika est (si je ne me trompe pas) le dernier film réalisé par ce maître et l'aboutissement d'une filmographie époustouflante, s'enfonçant à chaque fois davantage dans le surréalisme. Quoi de mieux dans ces conditions qu'un long métrage traitant du rêve et de l'influence que celui-ci peut avoir sur le subconscient et la personnalité des gens.
Pour cette ultime production faisant presque office de testament légué à son public, tous les ingrédients ayant fait le succès des œuvres précédentes ont été repris pour nous livrer un récit dans lequel, passé un certain point, on ne sait plus si le rêve pénètre la réalité ou bien le contraire. Le tout au moyen de séquences hautement psychédéliques (peut-être même un peu trop pour moi) qui rappelleront à chacun leurs meilleurs rêves ou pires cauchemars. A l'instar des personnages, on se surprend à ne plus savoir sur quel tableau jouer, perdu au milieu d'un labyrinthe irréel de songes et tentant de comprendre comment parvenir à se réveiller pour enfin distinguer les 2 mondes.
Peine perdue, jusqu'au bout la question restera presque entière, avec les reflets de l'inconscient des protagonistes plus crédibles et sensés que ceux du monde réels, figés dans les carcans de la société Japonaise. Car ne nous y trompons pas: dans chacune de ces œuvres, ce cher Satoshi prend à bras le corps les travers et excès de l'archipel nippons (société de surconsommation, basée sur le paraître et les rumeurs, mal-être social à tous les étages...) et ne se prive pas pour le faire une fois encore.
On regrettera donc forcément devant ce nouveau chef d'œuvre que la fin soit si convenue et rapide, comme sortie de nul part par simple enchantement ou caprice du scénariste, jetant presque à bas cet assemblage hétéroclite de rêves patiemment bâti tout au long des 90 minutes que dure le film.
Près de 4 ans avant Inception (excellent film à voir également), Satoshi Kon avait déjà exploré et exploité le filon de l'influence des rêves sur la réalité et servi au public un récit d'avant garde. Dommage en revanche qu'il n'ait pas pu (ou voulu) aller jusqu'au bout de son idée et que la conclusion de ce film laisse un arrière goût amer d'incomplet.
Voici néanmoins une production qui mérite de se retrouver dans toute DVD-thèque d'un fan de japanimation et à qui je donne la note amplement méritée de 8/10.