Ano Hi Mita Hana no Namae o Boku-tachi wa Mada Shiranai: à vos souhaits
Après le relatif insuccès (pour ne pas dire le bide) de Fractale, le studio A-1 Pictures récidive et nous fournit un des deux NoitaminA de la saison de printemps 2011. Ano Hi Mita Hana no Namae o Boku-tachi wa Mada Shiranai se révèle-t-il à la hauteur de ses ambitions? Est-ce une bonne surprise ou un pétard mouillé? Vais-je me décider à appeler les séries par leur abréviation ou vais-je persister à faire chier le monde? Toutes les réponses et bien plus encore, vous attendent dans cette tentative de critique.
On peut définir Ano Hi Mita Hana no Namae o Boku-tachi wa Mada Shiranai comme un drame mêlant fantastique et romance, avec force pleurs, cris, et litres de larmes versées. Le pitch nous met tout de suite dans l'ambiance: l'histoire se déroule dans une petite ville de province japonaise, genre l'endroit où tout le monde se connaît et où on échappe difficilement au rumeurs. Le protagoniste se nomme Jinta Yadomi, un ado à problèmes qui sèche les cours et vis reclus chez lui. Le pauvre garçon a en effet subi son lot de drames pour son jeune âge: sa maman est décédée, tout comme son amie d'enfance Menma, il y a plusieurs années...
Jusqu’au jour où ladite Menma apparaît devant Yadomi, affirmant qu'elle ne s'en ira pas tant que Yadomi n'aura pas exaucé son souhait. Seulement, ce souhait, personne ne sait vraiment de quoi il s'agit. Et les choses vont se complexifier lorsque Yadomi va retrouver ses anciens potes, tous proches de Menma, eux aussi fortement marqués par les tragiques événements de leur jeunesse...
La série va s'articuler sur deux axes: le souhait de Menma d'une part, et l'évolution des personnages secondaires d'autre part. Dans les deux cas, Yadomi jouera le rôle d'interface, et de «camera» pour nous montrer tout cela de l'intérieur. N'attendez donc pas de lui un charisme débordant et une forte personnalité; même si ce personnage réussit son rôle, les autres sont bien plus intéressants.
Mais avant d'en parler, un mot l'aspect visuel et sonore. Le chara-design et l'animation sont supervisées par M. Tanaka Masayoshi, à qui l'on doit Highschool of the Dead, Toradora ou encore Reborn. Je sais, dit comme ça c'est flippant, mais en réalité ce style est très bon, stylisé mais pas hors propos pour autant. Ma préférence va pour la petite Anjô, parce que les rousses ne comptent pas pour des... euh... bref.
L'animation est de haute qualité, car elle ne faiblit pas, et sait soutenir les scènes fortes. De même, les couleurs sont chaudes, ce qui correspond bien à la passion, l'émotion véhiculée par l'histoire. Les décors sont bien fichus et on retient certains lieux importants, comme la planque des Super Peace Busters ou ce pont qui réapparaît souvent, tel un pont entre les personnages qui se redécouvrent.
La BGM est anecdotique (j'ai vu le dernier épisode il y a quelques heures et je l'ai déjà oubliée), mais le couple opening / ending est bien plus marquant. Ça reste de la J-Soupe classique mais ça va, on passe.
Suite à ce petit détour, on peut attaquer le gros morceau en parlant des personnages et des relations qu'ils entretiennent entre eux.
La réaction instinctive lorsque l'on parle d'un groupe de personnages ayant subi un traumatisme commun, c'est de dire que chacun a évolué à sa façon, suivant sa personnalité profonde, et se construisant autour. Mon interprétation n'est pas celle-là; les personnages n'ont en fait jamais évolué, que ce soit au cours du laps de temps dans lequel se déroule la série, ou même avant. En réalité leur évolution débute lorsque se termine le dernier épisode. Car avant cela, les personnages sont tous bloqués quelque part dans le passé. Au fil de l'histoire, on comprend que la disparition de Menma a causé l'effet d'une question laissée sans réponse, ou d'une phrase se terminant par des points de suspension. Tous les personnages avaient un certain lien avec Menma, et ce lien conditionnait leur rapports non pas avec elle, mais avec les autres. Menma, tout le monde l'aimait. Elle n'est que la clé qui va libérer les sentiments des autres personnages les uns envers les autres. Son départ va créer une cassure, une tension qui ne cherche qu'à être résolue, d'où le déséquilibre perceptible des personnages. Jintan va choisir l'isolement; Anaru va se complaire dans la superficialité. Yukiatsu va choisir le fétichisme; Tsuruko va s'enfoncer dans la rigidité. Et puis il y a Poppo, mais lui on en a rien à foutre.
Le scénario va peu à peu nous montrer la véritable nature des sentiments des personnages, et nous expliquer quelle équation Menma a laissé sans solution en s’en allant. Son retour va permettre de faire repartir la machine, et de terminer ce qui avait été amorcé des années plus tôt.
Ano Hi Mita Hana no Namae o Boku-tachi wa Mada Shiranai est donc bien l'histoire d'une bande d'ados attardés (au sens propre du terme) qui vont pouvoir se débloquer grâce à un élément fantastique jouant le rôle de catalyseur.
Le propos de la série est dilué de manière rythmée, mais trop de temps est consacré au personnage de Yadomi, dont on a vite fait le tour. Il n'y a pas franchement de passages inutiles, et s'il y en a ils restent plaisants car intelligemment racontés (je pense à la scène de parodie de Pokémon, ou encore celle où Anjô fait l'objet de rumeurs sur sa sexualité). Les passages censés être poignants sont particulièrement surjoués, les larmes coulant comme des torrent de montagne. Cela en devient presque comique, comme dans le dernier épisode où les personnages à l'unisson hurlent plus qu'ils ne pleurent...
Mais cela ne retire pas à Ano Hi Mita Hana no Namae o Boku-tachi wa Mada Shiranai son statut de divertissement agréable, dans le plus pur genre excessif du drama, servi par une réalisation correcte et des à-côtés sympathiques. Mieux fini que Hôrô Musuko pour ma part, je lui accorde le 7/10, et vous le recommande comme un des rares trucs regardables sortis au premier semestre 2011.
Les plus
- C'est beau
- Une histoire sympa, qui se tient
- Personnages efficaces, situations surprenantes
Les moins
- Ça pleure pour un oui ou pour un non
- Un peu mou sur la fin