Je ne pense pas être un insensible. Au contraire, je me vois constamment rechercher auprès de la japanimation cette intarissable passion du dramatique, de la romance et des tire-larmes.
Mais si AnoHanna s’avère évidemment être une excellent histoire, elle ne m’a pas du tout émue comme prévu. Etait-ce l’objectif cependant ? Voilà ce que ma critique cherche à comprendre.
Que de qualités à priori : l’histoire, les génériques, les musiques, les décors, tout respire le sublime et n’aspire qu’à nous bouleverser.
Confrontés aux regrets et déchirements suite à la mort de leur précieuse amie d’enfance, les personnages peinent à retrouver le goût de la vie, à tourner la page pour de bon et accepter la réalité.
Le principal défaut pourrait venir de quelques personnages, et je me permettrais là un maladroit rapprochement avec To Aru Majutsu no Index.
Nous avons donc d’un côté la pouf inhumaine (dans le sens où elle semble exempt de toutes les ravageuses passions intérieures de l’être humain, passant son temps à sourire, crier, bouffer ; se dispensant ainsi de toute personnalité),… qui est malheureusement le personnage principal de l’histoire, autour duquel toute l’intrigue s’échafaude.
Et à côté nous avons la charismatique, complexe, attachante, torturée lycéenne (en un mot, crédible) qui fait office de simple catalyseur secondaire, et ne sera jamais récompensée dans l’anime pour son jeu d’acteur fascinant. C’est pourtant l'histoire de cette petite Anjo qui provoqua mes uniques larmes au visionnage, alors que je priais pour que le petit cliché pseudo-fantomatique en robe blanche crève pour de bon.
Les personnages pleurent à flots un personnage cliché sans intérêt : rien à faire, je n’ai pas atteint le stade de l’empathie. Certes, lorsqu’on a vécu une dizaine d’années de sa vie avec une personne, on se sent ravagé par les regrets, on se voit soi-même infiniment égoïste d’avoir agit d’une certaine façon, tout ça parce qu’elle est décédée : bloqués dans le passé, on se reproche de n’avoir pas connu son sort à sa place.
Mais pour atteindre un individu extérieur à l’histoire (en l’occurrence, nous), il faut aller au-delà de l’affectif : montrer des vraies raisons concrètes de devoir regretter le trépas du personnage, mettre en avant ses atouts, la présenter en victime du sort. Menma n’a aucun atout, aucune particularité attachante.
Je me suis surpris (et je me dégoûte un peu en y repensant) à me moquer légèrement des larmes des héros, qui coulent non-stop sans raison : car leur relation n’est pas rationnelle, elle est affective. C’est évidemment normal, mais puisque nous n’avons aucun lien affectif avec Menma, nous avions besoin de bonnes raisons de l’apprécier.
Mais voilà le truc : n’eût-elle décédée, les personnages se seraient complus dans leur égoïsme, et ne se seraient jamais rien reprochés. Voilà l’intérêt réel de l’anime : Menma n’est en fait qu’un élément déclencheur qui poussera les personnages survivants à « vivre » réellement, en se purgeant de tous leurs vices et rejeter les faux-semblants.
L’objectif n’est pas de pleurer la mort de Menma, mais d’admirer son travail accompli auprès de ses amis, la transformation qu’elle a provoqué au sein du groupe.
En sachant cela, AnoHana est un superbe anime, ça ne fait aucun doute.
Mais trop de larmes ont coulé : si l’intention de l’anime, auprès du public, est bien rationnelle, limite cathartique, en prenant conscience de l’importance de la vie en étant confronté à la mort, je pense que les personnages ont un peu "surjoué" (expression reprise de Deluxe Fan).
Mais là encore, n’est-ce pas humain de surjouer lorsqu’on côtoie de si près la mort ? … Il est finalement bien difficile de reprocher quelque chose de précis à cet anime.