S'il est bien des animes qui déchaînent les passions dans tous les sens du terme, l'adaptation animée du prologue du VN Fate Stay Night en fait sûrement partie.
Impossible de critiquer froidement cette production atypique sur de nombreux plans, sans pencher (beaucoup) d'un côté ou de l'autre. En effet, ce n'est pas une de ces séries millimétrées, une de ces perfection d'horlogeries sur lesquelles on tombe parfois au détour d'un épisode. C'est un anime plein de défauts, parfois difficile à comprendre sans avoir connaissance de son univers, et qui pourtant brille d'une flamboyance irréductible.
Ce qu'il faut retenir avant tout, c'est que Fate Zero n'est pas forcément ce que vous attendez à voir. Vous pensez avoir trouvé une série pleine d'action et de combats dantesques? Vous n'y êtes pas. Vous êtes venu découvrir ce que signifie le mot «épique». Le terme est lâché. Si vous aimez les scènes impressionnantes, les déclarations qui frappent l'imagination, la beauté et ce sentiment qui vous fait serrer le cœur et retenir votre souffle, captivé par ce qui se passe devant vous, vous êtes au bon endroit.
Si la série regorge de belles scènes plutôt «actives», elles sont avant tout au service des participants à cette 4e guerre du St Graal. Fate Zero, avant d'être un affrontement d'acier et de magie, est avant tout un combat à mort de volontés et d'idéaux. La prouesse aux armes n'est rien sans la volonté qui vous fait tenir votre épée. Qu'importe d'avoir gagné quand on en a pas le sentiment? Qu'importe d'avoir été vaincu quand on meurt le sourire aux lèvres?
Mieux, avec une histoire remplie partout de Héros historiques et légendaires et de personnages torturés, les clins d’œil et le symbolisme sont partout si l'on leur prête un peu d'attention.
Mais avant tout, cette histoire est d'abord celle de 14 quêtes. 14 individus qui vont éprouver leurs croyances, leurs convictions et leurs volontés sur un champ de bataille. Et s'ils n'en ont pas, le combat les forgera. Difficile d'ailleurs de ne pas rapidement prendre parti. Les personnages sont tous très bien caractérisés et leurs forces et leurs faiblesses, rapidement apparentes, ne font que renforcer leur charisme (ou son absence d'ailleurs).
A travers la quête du Graal, c'est en réalité la quête d'une «réponse» que mènent ces combattants.
Le problème, c'est que le mot qui définit le mieux cet anime, c'est tragédie. Tragédie au sens non uniquement de catastrophe ou d’événement douloureux, mais tragédie au sens théâtral. Tragédie au sens de ne pouvoir échapper à son destin, et d'en être le jouet. Une fois ceci compris, tout prend sens. La voie que mène chaque âme devient inéluctable et les axes de l'histoire, tels que le discours des rois ou encore le sens donné par chacun à la justice, l'honneur ou le devoir, semblent évidents.
Évidemment, tout n'est pas rose à Fuyuki City.
La frustration guette à coup sûr ceux qui s'étaient mis en tête de voir des combats longs et
dantesques, plutôt que des adversaires qui s'affrontent avant tout par leurs mots et leurs actes.
De plus, si Ufotable maintient quand même une qualité acceptable tout au long de l'histoire, la réalisation souffre parfois d'approximations difficilement acceptables qui mettent un bémol à certains moment de l'anime, ce qui fait quand même désordre pour le studio ayant réalisé le sublime Kara no Kyoukai. Ça, et le fait que des choix de réalisation apparaissent pour le moins discutables. Tout le monde est d'accord sur le fait que loli Rin est irrésistible, mais était-ce bien sage que d’attribuer à son épisode une bonne part du budget du précédent, qui voit pourtant le débat tant attendu entre 3 personnages parmi les plus important de la série? Ça, vous seul pouvez y répondre...
Heureusement, la mise en scène se montre, c'est le moins que l'on puisse dire à la hauteur. Et quand en plus, Yuki Kaijura illustre tout ceci par une bande-son qui figure à coup sûr au rang de ses meilleurs travaux, la pilule passe au final plutôt bien.
Au final, à la fois à cause de son déroulement et du sentiment final qu'on en retire, le titre de cette critique aurait pu être différent. Il aurait pu refléter tout le désespoir et le malheur qui s'abat sur bon nombre des protagonistes, et transmettre toute la darkitude réelle ou présumée du titre. Mais voilà, ce n'est pas ce que j'y vois. Pour moi, Fate Zero, c'est avant tout un anime qui frappe l'imagination. C'est aussi une conclusion qui montre qu'au milieu des ténèbres du champ de bataille, règne aussi l'espoir et que malgré la défaite, Tout n'est parfois pas perdu. Pour ceux qui sont fiers du chemin qu'ils ont choisi, les regrets, bien qu'à jamais présents, ne sont rien face à tout ce qui se dresse encore devant eux. Quelque part, un enfant qui vous a vu lutter reprendra peut-être le rêve que vous avez abandonné, et qui sait, peut-être même le réalisera-t-il...
Et maintenant, vous m'excuserez, mais j'ai un désert à traverser.