Critique de l'anime Les Contes de Terremer

» par Beck le
05 Mai 2007
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Réaliser son premier film au sein du studio fondé par son propre père, voilà l’exercice auquel s’est plié Goro Miyazaki. Fils du célèbre Hayao Miyazaki, il a donc eut la lourde tâche de prendre la succession de son père le temps d’un film.

Geko Senki, traduit par « les contes de terremer », fait donc office de trait union entre un glorieux passé et un futur ou la pérennité du studio doit être assurée. De ce fait, qui peut s’empêcher alors de comparer Gedo Senki à ces prédécesseurs ? Peu de monde, surtout quand des références surgissent dès les premiers instants du film.

Car, par son graphisme, Gedo Senki rappelle dès les premiers instants Nausicaa de la vallée du vent. Le style visuel du studio Ghibli est bien sûr parfaitement reconnaissable mais on se sent plus proche d’un des premiers films du père que des productions récentes du studio. Cette proximité n’enlève rien aux qualités graphiques du film et lui confère même une bonne dose de charme désuet.

Ce qui est sûrement un choix a pour conséquence immédiate de démarquer ce long métrage des autres productions. A l’heure ou la 3D est omniprésente dans les autres productions, Goro Miyazaki réduit son utilisation à de très courtes scènes et préfère s’appuyer sur ce qui fait la réputation du studio en la matière. C’est donc avec un plaisir non dissimulé qu’on retrouve, par exemple, les fameux paysages désertiques aux tonalités pastel.

Le "style Ghibli" est également parfaitement reconnaissable grâce à son chara design. Le visage du marchand d’armes qui revend l’épée à Epervier est un parfait exemple. Celui du chef de bande et chasseur d’esclave est également très significatif. La manière de dessiner certains éléments de toile de fond sont également évocateurs. La monture d’Aaren fait directement référence à celle d'Ashitaka dans Princesse Mononoke. Les conducteurs de convoi rappellent également les anciens de Nausicaa de la vallée du vent.

Un bémol est cependant à mettre concernant l’animation. Venant d’une production récente, l’attente en la matière était légitime mais on se retrouve après la séance un peu déçu. L’animation est bien entendue correcte mais un peu plus de fluidité aurait été la bienvenue. De même, on regrettera parfois l’utilisation un peu trop fréquente de plan fixe. Rien de dramatique en soi mais quand on voit de quoi sont capables les studios d’animation japonais, on aurait aimé un peu plus de soin sur le sujet.

Concernant le scénario, la filiation entre père et fils est beaucoup moins marqué. Gedo Senki se déroule en deux phases. La première partie est un voyage ou on découvre deux personnages principaux. Aaren, fils de roi et auteur d’un crime impardonnable, doit prendre la fuite. Il rencontre alors Epervier, un archi mage voyageur qui prendra le jeune garçon sous son aile. Ils décideront alors de voyager ensemble et d’accomplir un bout de chemin tous les deux. Ce périple, en dehors de ces fonctions narratives, posera alors les bases pour la deuxième partie.

Celle ci a la particularité de se dérouler sur un lieu unique. Une fois tous les personnages placés et les fondations de l’intrigue coulées, Goro Moyazaki peut en effet s’attarder sur ses personnages et essayer d’en dire un peu plus sur chacun.

Par exemple, les causes de l’âme torturée d’Aaren sont explicitées. Le passé de Terru est également légèrement dévoilé et de la même manière, son comportement. Theru dévoile même en partie ce qu’il l’a lie à l’archi mage Epervier.

Cependant, le comportement de chacun est assez prévisible et il restera au final énormément de zone d’ombre. Concentré sur sa trame narrative, Goro Miyazaki développe très peu le monde dans lequel évoluent ses personnages. De la même manière, à la fin, on connaît peu le passé de chacun et les spectateurs avide d’informations resteront leur faim.

La bande son est elle à l’image de la morale : conventionnel. L’univers de Joe Hidachi, le compositeur attitré du père, n’est pas très loin mais l’ensemble manque de puissance. On notera cependant une très jolie séquence ou Terru chante une très jolie chanson a capella. Un petit interlude très agréable et très apprécié.

Au final, Gedo Senki a du donc être un drôle de pari pour Goro Miyazaki : réussir à réaliser un film estampillé Ghibli faisant ressortir sa propre personnalité. Face à la difficulté que cela représente, la tendance serait de dire que le pari est plutôt réussi. Espérons maintenant que, comme son père, Goro Miyazaki atteindra les mêmes sommets.

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Beck, inscrit depuis le 09/05/2005.
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