Je n'ai pas d'accroche dans le monde des magical girls, n'ayant jamais regardé les classiques à la Sailor Moon. Le genre, par ailleurs, ne m'attire pas du tout : des gentilles filles qui se transforment pour sauver le monde dans des tons roses et mignons, très peu pour moi.
Cependant, je suis amoureuse du style du studio Shaft, et Madoka Magica a acquis une certaine réputation dans le monde des animes, alors je me suis dit "pourquoi pas". Et j'ai bien fait.
Puella Magi Madoka Magica, où comment des petites filles acceptent de devenir Mahou Shoujo et de combattre des créatures maléfiques nommées Sorcières, en échange d'un voeu accordé par la mascotte toute choupi, Kyuubei. Synopsis simple, pour un récit qui exige au contraire un sacré travail des neurones.
Car sur le fond, Madoka Magica ne nous épargne pas en révélations et en complications scénaristiques, qui en font au final un anime complexe à l'univers bien travaillé, et surtout cruel. Le but étant ici non pas de montrer comment des fillettes sauvent le monde, mais comment elles sont livrées à un destin funeste, et comment elles essaient encore et toujours d'y échapper, perdant leurs amies, leur raison et même leur humanité dans la bataille. Rien que pour sa trame, la série mérite quelques applaudissements, mais ce n'est pas fini...
S'il y a un personnage qui surprend, c'est Madoka elle-même. Non pas parce que c'est une super-héroine, mais juste parce qu'elle n'a aucun impact dans l'histoire. On lui propose un voeu, mais elle n'a aucun voeu pour lequel elle est prête à passer une vie de combats, et c'est pourquoi elle reste au final très effacée les trois quarts de l'anime, ce qui a le bon point de permettre le développement de ses collègues.
Et à défaut de vraiment s'attacher à la protagoniste, comprendre en profondeur les autres puella magi permet de ressentir tout le tragique de leur situation. Mami, la vétérane qui fait office de guide, Sayaka la camarade enjouée, Sakura la garçon manquée ou Homura, la mystérieuse élève transférée, toutes partent de stéréotypes pour dévoiler au final des personnalités complexes, qui seront à l'origine de pas mal de rebondissements. Il y a une vraie dimension psychologique intimement liée au scénario ; je pense tout particulièrement à Homura dont le passé est plus que surprenant. Et le tout est finement mêné, puisque qu'on s'attache à chacune d'entre elles, ce qui, encore une fois, amplifie la tristesse de leurs histoires. D'autant qu'on ne nous les présente pas comme des super-combattantes, mais vraiment comme des jeunes filles qui s'attendaient à tout sauf à ce qui leur tombe dessus, beaucoup moins idyllique que prévu.
Pour en revenir à Madoka, j'avoue que le choix de la laisser en retrait, d'abord perturbant, est en fait très bien choisi. Une héroine qui n'a à la base pas d'importance par elle-même, mais par celle qu'on lui accorde ; une héroine qui est au final une victime vu qu'elle n'a rien fait pour avoir un tel destin ; c'était vraiment bien pensé, et du coup, plutôt que de nous faire suivre son évolution épisode par épisode, au risque que le spectateur n'accroche pas au personnage, nous montrer l'impact qu'elle a eu sur les autres et comment eux (enfin....surtout "elle" ) la voient donne un véritable charisme au protagoniste.
Il est ensuite temps de tirer mon chapeau au studio SHAFT. Certes, avec eux, on s'attend forcément à une animation soignée et originale, mais de là à faire des Sorcières des assemblements d'images réelles glauques et baroques .... il fallait oser, et c'était très bien tenté, tout simplement parce que ça marque à la persfection la différence entre l'univers des humains et celui des sorcières, en plus de marquer le côté sombre de la série.
Les combats sont magnifiques et fluides, un vrai plaisir à regarder. Il est assez déroutant, en fait, de se retrouver avec une telle réalisation quand on voit le chara design très basique avec un petit côté "crayonné", sauf que primo les deux vont très bien ensembles (pas comme un certain MekakuCity Actors au design incertain qui faisait tâche) et ensuite quand vous avez des images réels à gogo à côté, c'est pas ce qui vous choque le plus.
Terminons sur le point musical : opening magnifique, ending magnifique, très bonnes osts, un sans-faute.
Je ne vais pas mettre la note maximale à Madoka car on peut quand même lui reprocher quelques détails sur le fond. Le scénario est parfois un peu confus, surtout dans les histoires de boucles temporelles où certains points m'ont paru peu clairs. Mais dans l'ensemble, cet anime, en plus d'être excellent, réussit son pari du "magical girl pour adulte" et mérite largement sa réputation.