Critique de l'anime Noir

Ce qui caractérise avant tout Noir, c’est son ambiance, son atmosphère. Celle-ci est tout d’abord servie par une excellente musique : Yuki Kajiura compose ici un de ces meilleurs OST (si ce n’est son meilleur) et on ne peut qu’être frappé par la puissance d’une chanson comme Canta per Me ou la douceur mélancolique de Lullaby, par exemple. La musique joue un rôle très important dans Noir, c’est notamment elle qui réunit les deux principaux protagonistes (la mélodie entêtante de la montre gousset).

Le cadre ensuite : nous voici plongés dans une France bucolique et un Paris paisible avec ses cafés et ses bords de Seine (et l’orthographe très fantaisiste des enseignes). Mais, ce sont aussi les églises ou les cimetières où l’on se tire dessus sur fond de musique en latin. Noir possède de plus une aura de mystère : sociétés secrètes et toute puissantes, intrigues dirigées depuis les coulisses par des individus mystérieux que l’on découvre peu à peu, symbolique du nom de « Noir », et bien sûr les tueuses, héroïnes de l’anime, au passé enfoui et douloureux et qui ont choisi d’entreprendre un pélerinage vers leur passé.

Mireille et Kirika, chacune à leur manière, ont un charme fou et un talent inné pour leur métier (je suis sûr d’y laisser des doigts si je tentais d’imiter Kirika manier un couteau de cuisine). Il faut les voir entamant une chorégraphie mortelle abattant un à un leurs ennemis ou faisant face à Chloé. De plus, même si au gré des missions, elles sourient ou ont l’air de touristes, leurs revolvers ne sont jamais bien loins et la tempête suit souvent le calme apparent. Leur relation est ambiguë : associées par le hasard ou liées par le destin ? Pourront-elles survivre ensemble ?

Bien que ce soit plutôt une série d’action (au vu du nombre de cadavres par épisode), le rythme est assez lent, et si ça peut en ennuyer certains, je trouve au contraire qu’il sert bien l’ambiance. Il n’y a pas que les scènes de flingues qui sont importantes mais également leur rapport l’une à l’autre faite d’amitié et de complicité mais sur lequel plane aussi la mort. Il y a enfin la mystérieuse organisation qui se découvre peu à peu derrière leurs premières affaires apparemment banales.

Oui, le réalisme en prend un coup : malgré l’amoncellement des cadavres, on ne voit jamais la moindre goutte de sang. De même, lorsqu’une armada leur tire dessus, elles n’ont pas une éraflure tandis que ceux d’en face se font dégringoler comme à l’exercice. Cependant, à mes yeux, c’est secondaire. Je dirais même que c’est justifié, car si Noir est sombre (avec un nom pareil, me direz-vous, ça n’a rien d’étonnant), il n’est ni réellement triste, ni gore, ni même franchement violent. C’est un des charmes de cet anime : nous présenter un couple de tueuses implacables mais attachantes, dont le comportement choque par rapport à leur apparence (une jeune française insouciante et une lycéenne japonaise introvertie qui semblent conditionnées pour tuer au point de ne jamais éprouver la moindre sensation lorsqu’elles pressent la gachette). Kirika s’étonne d’ailleurs de ne rien arriver à ressentir quand elle tue. La série donne l’impression de plus s’attacher au geste de tuer en lui-même qu’au cadavre abattu (lequel était de toute façon un inconnu qui aurait mieux fait de rester chez lui plutôt que de leur chercher noise), ce qui expliquerait aussi l’absence de sang. Ce n’est que ma modeste interprétation.

Je noterai malgré tout quelques défauts, comme la répétition à outrance du flash-back avec la musique de la montre. Le flash-back est utile, puisqu’il dévoile millimètre par millimètre un épisode marquant du passé de Mireille, en revanche voir la même scène cinq fois en un épisode énerve et fait mal au crâne. On notera aussi l’usage par moments abusif du gros plan.

Ne manquez pas ce drame en 26 actes.