S’il est des séries de sciences fictions qui détonnent de part leur aspect totalement inconcevable, ce qui est pour une bonne part le principe même de la science fiction, certaines d’entre elles parviennent au style « real science fiction ». Ce mélange subtil d'effets, d'objets, bref d'un univers futuriste (2068), mais qui reste étonnement envisageable. Prenez un futur probable, saupoudré de détails futuristes étonnement crédible, puis versez le dans le contexte présent et vous obtenez Planetes. Pour un peu en poussant on pourrait presque qualifier cette série de « retro »
Alors me demanderez vous : en quoi cela est il rétro ? Je vous répondrai que l’on est en droit de supposer une évolution naturelle d’ici à plusieurs décennies : objets, tenues, des navettes …etc. Or celles-ci sont, tout comme l’est le contexte de la série étrangement relié à notre monde d’aujourd’hui. C’est ainsi que Planètes réussit le paradoxe de nous parler de science fiction au « présent ».
Entrons un peu plus en profondeur dans la série. Si celle-ci intrigue par cette contradiction, elle surprend par le coté réaliste, parfois à la limite documentariste du monde qui nous est conté. Planetes regorge de petits détails qui pris individuellement paraissent anodins mais qui aident à rentrer en immersion avec nos personnages. Que ce soit lors des phases d’apesanteur, avec les barres horizontales, mais également celles qui servent à fixer les pieds au sol, la façon de se mouvoir par l’air comprimé, les tenues d’astronautes et les secrets étranges qui se cachent dessous (ceux qui ont visionné le premier épisode comprendront), le danger des débris spatiaux, les nouvelles maladies liées au conséquences d’une trop grande exposition à l’espace…. Bref là encore, tout semble terriblement banal, normal dans un univers totalement imaginatif, ce qui n’est pas loin de tenir à certain moment du génie dans l’imaginatif.
L’un des défauts pour moi de la série réside dans le scénario. Celui-ci se déroule d’une façon très axée « quotidienne », sans grand fil conducteur, même si je vous accorde que celui-ci tend à s’épaissir lors de la deuxième partie de la saison. Je n’ai jamais été passionné par ce style de narration qui tend à me lasser rapidement. Toutefois la magie de cette œuvre suffit amplement à effacer ce défaut. Car une série type quotidien n’est pas forcement dénuée de charme, si ce n’est dans cas de Planetes où elle en est bourrée. Chaque épisode devient une bouffée d’air frais (paradoxal car dans l’espace, l’air, m’enfin je veux dire, quoi….) ou l’on se plait à suivre les aventures peace and love de la section débris, avec pour toile de fond la relation entre la si charmante Tanabe (au charadesign très agréable au demeurant) et le plus complexe qu’il ne parait l’être au premier regard (doux euphémisme, ceux qui ont vu le premier épisode me re-comprendront) Hachirota Hoshino.
Deux thèmes principaux donc : l’espace et la relation entre nos deux héros. Qui en est le vainqueur ? A mon sens si l’un est comme je l’ai écris plus haut amené très efficacement, l’autre aspect pèche un peu à mon goût. Les caractères de Tanabe et Hoshino, sont par trop de coté opposé pour coller mais bon à ce niveau ce n’est qu’un ressenti, qui n'a tout de même pas amoindri mon intérêt quant à la trame de l’histoire. Mais finalement ceci n’est qu’un alibi au voyage dans l’espace. J’ai brièvement évoqué les deux personnages principaux mais ils ne sont bien entendus pas seuls dans l’histoire. Ceux-ci sont affublé de nombreux personnages secondaire, qui si (surtout deux) s’avèrent parfois au bord de l’insupportablement horripilant, n’en demeurent pas moins très attachant.
Si le coté univers est si bien perceptible c’est qu’il bénéficie d’un travail de grande qualité, soignant au maximum les détails. Qu’il s’agisse des combinaisons, des navettes, des salles de contrôles, il semblerait que le moindre détail soit passé au peigne fin de façon à rendre une copie la plus propre possible. De son coté le charadesign est réaliste et attachant. Mention spéciale à la bande son qui colle parfaitement à l’univers de la série, Kotaro Nakagawa nous offrant là deux ou trois thèmes fort agréables à l’oreille.
L’histoire exploite sur sa fin l’un des plus vieux thèmes humains qui soit, les grandes découvertes. Là ou la terre se déchire, il reste encore une part d’inconnu à découvrir, de sacrifice a faire pour y arriver. C’est en abordant ce thème que Planetes prend un ton plus adulte et plus mature. L’espace n’est qu’un endroit privilégié comparé à certaines parties du globe s’entredéchirant, la mort, thème pourtant exploré en filigrane tout au long de la série, se fait sentir plus lourdement. Ce n’est donc pas que légèreté au pays du vide intégral.
Planetes n’est pas un animé exceptionnel. Mais dans sa manière de transposer dans l’imaginaire le quotidien il en devient exceptionnel. Pas de vulgarité, amusante sans être hilarante, triste sans être pathétique, Planetes est une série qui ne demande rien d’autre que d’être vue. Finalement.