Le film d'animation pour geeks de l'année rien de moins, c'est ce que représente à mes yeux cette fantastique fable sur les nouvelles technologie et leur importance croissante dans nos sociétés actuelles.
Si je devais choisir, je dirais que deux mots résument parfaitement l'œuvre: opposition et contraste. Contraste entre l'univers matériel et l'univers virtuel qui finissent par devenir intimement liés avec l'apparition du portail international que représente Oz, initialement simple plate-forme communautaire (façon Facebook) qui devient au fil du temps un véritable centre à tout faire: commerce, rencontres, jeux, compétitions, organisation des services de secours...Tout semble possible et la barrière de la langue a même disparu grâce à un traducteur universel, une sorte de gigantesque tour de Babel érigée par les Hommes pour les lier entre eux. Pourtant dans ce gigantesque centre virtuel de communications, les humains n'ont jamais été aussi seuls, car si sur Oz ils discutent entre eux au travers de leurs avatars, une fois de retour à la réalité il devient impossible de leur faire lâcher leur portable/ordinateur/console (ou tout autre moyen permettant de se connecter à internet), et le dialogue entre personnes se fait plus rare.
Sans surprise, quand une faille est mise à jour dans le système de sécurité du portail, et qu'un virus exploite celle-ci pour perturber son bon fonctionnement, le monde entier retient son souffle, à deux doigts de sombrer dans le chaos le plus total: GPS hors service, signalisation routière automatisée mise à l'arrêt, de même que l'horloge mondiale...
Le monde moderne (re)découvre alors (presque avec horreur) qu'au delà de leurs identité électronique une vrai vie existe; que malgré tous les artifices dont on peut s'entourer avec un avatar tout mignon tout gentil, la vie n'est pas un jeu et n'offre que rarement la possibilité d'un "reset". L'anime montre clairement que si les technologies nouvelles permettent de faire de grande choses, trop dépendre d'elles peut avoir des conséquences dramatiques.
A l'opposé, on suit la vie d'une famille qui décide de fêter l'anniversaire de son aïeule dans la maison familiale. Celle-ci est pour ainsi dire presque coupée du monde moderne, bien sûr il y a l'électricité, l'eau courante, une télé et un ordinateur, mais finalement, même sans ça, chacun parvient à se débrouiller le temps de la rencontre. L'aïeule elle-même est une femme de caractère qui continue à tenir des liens avec de multiples personnalités importantes de la société japonaise, mais aux mails et posts de forum elle préfère les lettres manuscrites reçues et envoyées par la poste. Quand la situation de crise est déclarée, c'est elle qui prend les devants et rappelle à chacun de ses contacts leurs responsabilités en leur faisant prendre conscience que même sans les dernières technologies de l'information ils ont toujours un pouvoir de décision important et peuvent (doivent) trouver des solutions alternatives, même si elles ressemblent à de vieilles recettes de grand-mères. Derrière les millions de comptes virtuels buggés, il y a autant de personnes, bien réelles celles-ci, qui paniquent et qu'il faut aider à tout prix.
Bien sûr, face à plusieurs milliards d'utilisateurs, une vingtaine de membres d'une même famille (hommes, femmes, enfants) peut sembler bien peu, sauf qu'ensemble et avec les quelques moyens dont ils disposent ils vont s'organiser et mener leur propre "guerre" (car c'est bien ce dont ils s'agit quand des vie humaines sont en jeu) pour rétablir la situation, et n'utiliseront la technologie qu'une fois que les autres solutions auront échouées.
On découvre ainsi les caractères divers et variés des protagonistes qui décident de coopérer pour "sauver le monde". Le plus souvent comiques et attendrissant (tout en restant crédibles), ils permettent de faire que même au pire de la crise, l'anime ne bascule jamais dans le dramatique ou le pathétique, préférant conserver une ambiance quand même assez légère (voire épique sur la fin). La réalisation est particulièrement réussie, qu'il s'agisse des grandes mégalopoles aux artères bouchonnées; de la demeure familiale de Natsuki, véritable "trou perdu" qui a su conserver tout le charme traditionnel d'une demeure Japonaise ou encore du portail Oz dans lequel se croisent des millions d'avatars dans une ambiance très cyber-punk. Même constat pour le chara-design assez réaliste dans son ensemble du moins en ce qui concerne le monde réel, les avatars des inscrits au portail Oz prenant des formes diverses et variés (mais généralement kawaïs) selon les goûts des internautes.
Pour conclure, voici un anime au scénario simple mais bien ficelé (sans être capilotracté) qui pose la question de la dépendance croissante de l'Humanité aux technologies de télécommunication, au travers des yeux d'une famille ne manquant pas d'éléments caractériels (qui ferait office d'échantillon témoin). Certains trouveront que le scénario est un peu "too much" et pas assez crédible à leur goûts, mais je le conseille vivement si vous souhaitez vivre une expérience passionnante.