Critique de l'anime Tengen Toppa Gurren Lagann

» par watanuki le
25 Janvier 2008
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Comment faire la critique de cet anime sans faire de spoiler ? C'est impossible. Cette critique sera donc volontairement vague afin de garder le plaisir intact. Le seul conseil à donner au lecteur, c'est d'aborder la série sans chercher à se renseigner avant : les effets de surprise n'en seront que plus incroyables.

Imaishi s'est lancé dans la réalisation de 27 épisodes qui font de Tengen Toppa Gurren Lagann l'un des chefs-d'oeuvre les plus incroyables de l'animation japonaise, une sorte de nouvel Evangelion qui, si la production n'était pas autant saturée à l'heure actuelle, aurait pu révolutionner le monde de l'animation à l'image de son prédecesseur.

On ne dira rien sur l'histoire, extrêmement riche, d'une inventivité sans précédent pour contourner tous les poncifs du genre, et d'une profondeur qui pourrait bien rivaliser avec les plus grands scénarios en dépit de son ton outrageusement provoquant. On n'insistera pas sur le charadesign au premier abord repoussant, sur les couleurs criardes de la série, sur son fanservice tapageur ou sur le second degré permanent, qui permet de livrer au premier abord un scénario totalement aberrant et volontairement minable (un gamin qui creuse des trous...). Tout cela fait partie de la perfection de Tengen Toppa Gurren Lagann, un anime qui est parvenu à incorporer tous les aspects les plus niais de l'animation japonaise pour en faire un monument de richesse.

Pour bien situer cette série, il faudrait la présenter comme une sorte d'anti-Evangelion : Hideaki Anno disait à propos d'Evangelion avoir eu envie de choquer les otakus à tel point qu'ils en soient déprimés et remettent leur façon de vivre en question ; de fait, Eva est une série extrêmement mélancolique. De ce passé à la fois glorieux et encombrant Gurren Lagann fait table rase en prenant le sens opposé : il s'agit en permanence de célébrer tout ce qu'il y a de plus positif dans le fait de vivre. Cette série nous présente une équipe de fous furieux prêts à tout pour vivre libres : on est emporté dans un souffle qui au passage n'épargne pas la religion, et qui pourrait presque passer à l'occasion pour un manifeste anarchiste.

Pour ce faire, Gurren Lagann prend bien soin de montrer ses intentions, et il tient compte de la leçon d'Evangelion : explosions en forme de croix, techniques de mise en scène identiques (prise de vue réelle, dessin volontairement appauvri à la toute fin), mechadesign évoquant à deux trois reprises les prototypes de la Nerv, etc. Ces références ne sont pas que des clins d'oeil, elles sont la preuve que la Gainax sait où elle va, et qu'elle a l'intention de livrer une oeuvre capable de rivaliser avec ce qu'elle a fait de mieux par le passé.

La progression ne subit aucun temps mort, à tel point même que dès l'épisode 7 on se demande vraiment jusqu'où vont aller scénariste et réalisateur. La réponse est claire, ils vont là où jamais personne n'est jamais allé avant eux, pas même Evangelion : tout l'anime fonctionne comme une poupée gigogne, où tout s'emboîte, tout se répond en écho, du détail le plus infime au plus évident ; même un personnage aussi ridicule et inutile -au premier abord- que Buta, le microscopique animal du héros, trouve sa place dans un tout d'une harmonie parfaite : robots qui se combinent, situations passées/présentes, tout a une place soigneusement choisie. La fin est quand à elle magistrale, se hissant au niveau d'Evangelion, mais cette fois-ci sans tricher : aucun délire métaphysique, aucune volonté de faire dans l'abstrait, tout reste compréhensible.

La grande force de cet anime est de ne pas montrer à quel point il est intelligent : il emploie en permanence la caricature et la finesse simultanément, le rire et les larmes, l'hystérique et le mélancolique ; techniquement, cette série est absolument incroyable, et son sens du rythme demeure époustouflant, jusque dans les cassures les plus monstrueuses - presque du jamais vu dans ce domaine. La logique de surenchère est telle que le spectateur n'a pas le temps de tout analyser, mais une chose est sûre, la Gainax vient de prouver avec cette nouvelle série qu'elle demeure l'un des studios les plus exceptionnels qui existe - quand elle le veut. Et au passage, elle a créé un personnage féminin qui aura répondu à toutes les attentes du fanservice sans tomber dans l'habituelle prostitution.

Entre grand public et oeuvre expérimentale, Tengen Toppa Gurren Lagann écrase tout sur son passage : c'est un authentique chef-d'oeuvre, l'une des rares séries faite par un "auteur".

Verdict :10/10
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A propos de l'auteur

watanuki, inscrit depuis le 21/10/2006.
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