Au début du visionnage de cette série, on devrait installer un panneau : « Attention, cet anime peut en cacher un autre » !
En effet, à première vue, on suit les aventures d’un gamin timide et maladroit qui ne fait pas grand chose dans la vie à part creuser des trous, assisté d’un grand dadais tapageur et tape-à-l’œil et d’une fille aux cheveux rouges qui a l’air de sincèrement penser qu’un bikini est la meilleure tenue pour se balader par monts, déserts et vaux en trimballant un fusil plus grand qu’elle. En voyant un condensé de ce que la japanime peut produire de pire, on se dit que c’est mal parti.
A deuxième vue, on suit les aventures d’un gamin timide et maladroit qui ne fait pas grand chose dans la vie à part creuser des trous, assisté d’un grand dadais tapageur et tape-à-l’œil et d’une fille aux cheveux rouges qui a l’air de sincèrement penser qu’un bikini est la meilleure tenue pour se balader par monts, déserts et vaux en trimballant un fusil plus grand qu’elle. Et la différence, alors ?
Hé bien, contre toute attente, alors qu’on se croit parti pour un vol transatlantique au ras des pâquerettes, on se surprend à suivre ces péripéties déjantées avec beaucoup de plaisir. Pourtant, rien ne nous est épargné. Tengen Toppa Gurren Lagann (littéralement « Gurren Lagann qui perce le ciel ») semble en effet avoir fait sienne les maximes suivantes :
Quand il n'y en a plus, il y en a encore.
Quand il n'y en a vraiment plus, il y en a quand même encore.
Quand on ne sait pas où on va, on y va et le plus vite possible (dicton shadok).
Toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus fort.
C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.
Ecchi, fan service, shônen shônenistique à caractère shônenisant (et parodique), surenchère poussée à son paroxysme (à un point inimaginable), clins d’œil à 30 ans d’animation (et notamment à des éléments clés de la filmographie de la Gainax), jeune fille au look et à la voix niais et benêt (Nia), robots ridicules, personnages (gentils comme méchants) caricaturaux, mouvements démesurés ou déformés, séquences d’explosions tellement intenses qu’à côté d’elles les deux heures d’un film Die Hard passent pour des pétards du 14 juillet, tout y passe, rien ne casse … mais parfois lasse, il faut bien le reconnaître (ce qui explique en partie pourquoi je serai un peu moins enthousiaste que mes prédécesseurs). TTGL a ainsi mis dans sa marmite tous les éléments les plus nazes de la japanime et en ressort la potion magique.
Si le rythme est soutenu dès le départ, il s’essouffle parfois et certains épisodes semblent à côté passer au ralenti (et j’ai eu dans ces cas-là, une certaine envie de décrocher) avant de repartir de plus belle sur les chapeaux de roue. Pourtant, il serait dommage de passer à côté de quelques véritables bijoux de la japanimation. Certaines scènes sont en effet tellement denses et/ou tellement bien mises en scène qu’elles en sont jouissives et feraient passer les aventures de Roger Rabbit pour une course d’escargots cacochymes. La musique bien rythmée qui accompagne la série achève de donner la pêche.
Quant au scénario, aux découpage et aux traitements des personnages, TTGL est assez imprévisible (même si classique dans ses grandes lignes) et réserve son lot de surprises.
A la fois outrancier, délirant, débile, parodique, irrévérencieux, dynamique, explosif, tapageur, audacieux, moqueur, ubuesque et bien plus encore, TTGL est l’anime de tous les superlatifs, d’énormissime à débilissime en passant par gigantissime. Mais cette série est avant tout indescriptible et je vous engage à commencer à la regarder pour être confronté à la bête vous-même.
TTGL arrive à prouver que les aventures d’un gamin armé d’un foret, d’une taupe affublée de lunettes de soleil en animal de compagnie, d’un beau gosse au sourire charmeur et aux lunettes psychédéliques en grand frère et d’une bonnasse siliconée avec le même bikini pendant 27 épisodes en égérie peuvent s’avérer réellement trippantes. Et c’était loin d’être gagné.