Imaginez une société dans laquelle une IA dernière génération gère la plupart des aspects de la société, notamment celui de la justice, en déterminant le taux de criminalité de chaque individu. Ce taux définit votre potentiel à enfreindre la loin et commettre des crimes plus ou moins graves. Selon ce taux, 4 solutions existent, ordonnées par Sybil : si vous êtes assez bas, les forces de l’ordre (principalement des drones de surveillance) passeront à côté de vous sans vous importuner. Un peu plus élevé, c’est le coup de taser avec à la clé un séjour en centre de réhabilitation, comme une prison pour délits mineurs. Au-delà d’une certaine valeur, c’est l’élimination directe (façon baudruche trop gonflée). Et il y a le cas un peu particulier des « enforcers » : leur PP est largement au-dessus de ce qui est toléré, mais il a été décidé que leurs compétences pourraient être utiles à la mise en application de cette justice. Voici donc une société dans laquelle les gens sont quotidiennement évalués et jugés en quelques secondes, et les criminels latents promptement éliminés avant d’avoir pu commettre leur forfait.
Ca fait rêver pas vrai ? Non ? Comme je vous comprends…
Il semble en effet difficilement concevable qu’une machine puisse appréhender la psyché humaine avec précision : trop de variables entrent en jeu pour que cela soit réellement fiable. Même en analysant avec précision les multiples paramètres physiologiques d’une personne, je vois mal comment une machine pourrait simplement comprendre l’importance d’une vie et les implications morales que ses décisions impliquent. En dernier recours, ce devrait-être l’Humain qui décide de ce qu’il convient de faire.
Dès le premier épisode on s’en rend d’ailleurs compte, le système est complètement foireux, incapable de faire la différence entre un criminel et une victime en état de choc : il ne repère que 2 menaces potentielles. Et par la suite, on ne tardera pas à découvrir d’autres problèmes liés à son fonctionnement et remettant en cause ses capacités de jugement.
Les deux saisons tournent autour de ces thèmes : l’IA est-elle réellement parfaite, ou ne cache-t-elle pas de graves failles ? Peut-elle vraiment juger tout individu qui se présente à elle ? Protège-t-elle la société ou les citoyens qui la composent ?
Pour trouver un début de réponse, nous suivront donc le parcours de la jeune Akane Tsunemori, jeune recrue fraîchement sortie de l’école, qui ne va pas tarder à se demander si le monde dans lequel elle vit n’est pas un idéal qui aurait peu à peu tourné au cauchemar sordide.
Parce que oui, avouons-le, ce Japon futuriste tel que présenté a quelque chose de flippant, et je ne sais pas vraiment ce qui me dérange le plus… Le fait de savoir que les Humains ont aveuglément remis leur destin entre les puces d’une machine, sans même en connaître le fonctionnement (hormis une poignée d’initiés) ? Le risque de se faire tirer dessus à tout moment, sans même savoir pourquoi, et découvrir par la même occasion que la police joue plus un rôle d’élimination que de protection ? Le fait que la population semble totalement amorphe, anesthésiée et droguée en permanence, ne réagissant même plus lorsqu’un individu masqué approche un couteau ensanglanté à la main, et reste passive lorsqu’une agression se déroule sous ses yeux ? Ou peut-être tout simplement le fait que ces questions, je pourrais presque me les poser à l’heure actuelle, quand je découvre certains évènements dans la presse ou le JT…
Loin d’être un simple divertissement, j’en suis venu à la conclusion que Psycho-Pass est un vrai récit d’anticipation sur un avenir peut-être pas si hypothétique que ça, à l’heure où les Etats-Unis envisagent de laisser la gestion des conflits à des drones totalement libres et autonomes pour anticiper, identifier les menaces et agir en conséquence (généralement tirer dans le tas).
Dans cette optique, la violence très crûe de l’anime est-elle encore du spectacle divertissant ? Le but derrière ces séquences particulièrement gores et difficilement soutenables dans lesquelles peu de choses nous sont épargnées (les sévices infligés comme les cris et supplications des victimes, à grands renforts de gerbes de sang) n’est-il pas justement de choquer le spectateur et de provoquer chez lui un électrochoc pour qu’il finisse par se demander pourquoi, ou comment on a pu en arriver là ? Ce qui est certain, c’est que rien n’est gratuit dans cette production.
Mais peut-être que je m’emporte, et donne un peu trop d’importance à un simple thriller divertissant particulièrement bien ficelé (même si la deuxième saison est en-dessous de son ainée).
Un dernier mot concernant la technique : c’est beau, c’est bien animé, et l’ambiance est vraiment géniale. J’ai juste une question concernant le chara-design des protagonistes : pourquoi on n’a quasiment que des bishonens? C’est quoi le message derrière tout ça ? Que les psychopathes et autres sociopathes sont à chercher principalement chez les androgynes ?
Sincèrement, hormis un vieux flic à l’ancienne dans son vieil imper’ (bonjour le stéréotype), j’ai de quoi ouvrir un parfait club d’hôtes et d’hôtesses (avec le vieux en barman justement).
A mon avis, il y avait 2 cars d’acteurs à la base : un pour PP, et un autre pour un quelconque shojo à sortir, et ils ont été intervertis par erreur. Donc vérifiez-bien les autres sorties sur la même période, si des adolescents en fleurs transforment leurs amourettes en bain de sang au bout de quelques épisodes, c’est qu’on a retrouvé le bus disparu.
J’ai aussi eu un peu de mal avec le design d’Akane : ses grands yeux qui occupent facilement un tiers du visage ont été difficiles à oublier dans un premier temps.
Pour conclure, voici un anime qui m’a surpris a plus d’un titre, et même régulièrement choqué tant le récit avance de manière impitoyable, écrasant sans pitié les victimes qui croisent sa route. Une bonne surprise qui ravira les fans de récits d’exception.