Le Dominator indique que c'est un chef d'oeuvre latent

» Critique de l'anime Psycho-Pass (TV 1) par nerokarin le
27 Janvier 2014
Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #1

Le studio Production I.G s'est fait connaître auprès des férus de fresques cyberpunk avec un certain Ghost In The Shell, et dire que ça booste un CV relève de l'euphémisme. Ajoutez à cela la présence dans le staff de Gen Urobuchi, qui possède entre autre à son actif Fate/Zero et Requiem for the Phantom (rien que ça), et vous vous retrouvez avec un hit potentiel entre les mains. Néanmoins comme avec chaque animé aux allures prometteuses, il est conseillé de se munir au plus vite de pincettes. Alors, chef d’œuvre où pétard mouillé ?

Le pessimisme est devenu monnaie courante lorsqu'il s'agit de dépeindre une société ancrée dans le futur. Entre dictatures, apocalypses et autres joyeusetés du genre, il n'est pas rare que les sociétés utopiques soient jetées à la corbeille lorsqu'on aborde le sujet passionnant et ô combien délicat qu'est l'avenir. Pourquoi délicat ? Parce que beaucoup d’œuvres se retrouvent dépassées par leur propos, et nous servent ce contexte futuriste comme un simple background, plutôt que comme un véritable élément scénaristique. De plus, le thème étant usé jusqu'à la corde, il n'est pas facile d’innover, et il n'est donc pas rare de retrouver ici et là certains éléments empruntés aux ténors du genre. Si Psycho-Pass ne prend pas le parti de s'écarter de la construction basique du thriller futuriste, son synopsis n'en demeure pas moins alléchant. On plonge donc dans une société où le culte de l’esprit à pris le pas sur le culte du corps et où la notion de choix est réduite à son plus simple appareil. La société gravite autour de Sybil, une entité informatique capable de traduire l'état mental d'un individu à l'aide d'un système de couleurs et de déterminer si la dite personne est apte à vivre avec ses contemporains, où si elle mérite un aller simple pour l'asile. Il est dés lors possible de repérer les individus potentiellement dangereux (appelés "criminels latents") et de les isoler de la société, permettant ainsi de réduire la criminalité. C'est dans ce contexte pour le moins intéressant que l'on suit une unité du bureau dans sa lutte d'anticipation du crime.

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #2Avec un pitch comme celui là, il y a certainement de quoi faire, et on se retrouve avec toute une tripotée de sujets passionnants qu'on souhaite voir discutés à l'écran. La première partie de l'animé prend une forme explicative, elle est là pour installer le contexte et nous initier peu à peu à l'univers, présenter les personnages et nous permettre de nous familiariser. Si les différentes intrigues délivrées durant les treize premiers épisodes sont intéressantes à regarder, on ne peut s'empêcher de déplorer la transparence du fil rouge personnifié en Makishima Shogo, alias le grand vilain. On se retrouve donc avec une première partie composée de sous-intrigues, chacune introduisant un des problèmes prédominants de cette société et permettant par la même occasion de découvrir un petit peu plus les personnages. En ce sens la première partie a son utilité, et a le mérite d'étoffer l'univers dont elle est issue, tout en introduisant des petits éléments de critiques sur les facettes de notre société actuelle (solitude et aliénation, prédominance du virtuel sur le réel, stress au travail), et en nous présentant un monde léthargique, où les choix et le futur de la personne sont déterminés par un ordinateur. Passé ces épisodes introductifs, Psycho-Pass révèle son véritable potentiel en s’intéressant un peu plus à son vilain, ses motivations et en prenant enfin des allures de thriller. C'est à ce moment que l'animé devient réellement addictif, et se change en une chasse à l'homme haletante qui révèle son lot de surprises, tout en donnant un peu plus de relief à l'univers et au scénario qui n’apparaît pas aussi manichéen qu'il en avait l'air. le rythme ne décroit pas, et c'est bien trop vite qu'on arrive à un final très symbolique et très satisfaisant, du moins dans sa première partie.

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #3Coté animation Psycho-Pass est dans la moyenne, mais reste satisfaisant dans ces scènes de combat malgré deux ou trois épisodes assez surprenants tant les animations sont rigides et peu convaincantes. Le contraste entre les couleurs assez ternes des personnages et le coté néon-flashy propre aux univers futuristes fait mouche et les scènes en extérieur sont plaisantes à voir,sans oublier l'éclectisme de certains décors qui contribuent grandement à l'ambiance crado à la David Fincher dès les premier épisodes. Comparaison qui me permet pour le coup d’opérer ma transition avec le cinéma, par ce que Psycho-Pass emprunte beaucoup d'éléments de mise en scène au septième art, notamment pour ce qui est des fondus, des transitions et de l'insertion des musiques.

La musique justement est assez difficile à juger ici. Altérnant l'inévitable musique électro avec certains morceaux de musique classique qui arrivent à point nommé pour appuyer les scènes les plus emblématiques, elle sait également garder le silence nécessaire à la mise en place de certaines ambiances particulières. La bande son est donc bonne, bien qu'on puisse déplorer l'absence de thèmes sortant du lot, et de sonorités plus appropriées à certaines scènes plus sombres que les autres. Par contre coté opening et ending, rien à redire, c'est de la bonne.

Psycho-Pass (TV 1) - Screenshot #4Vous l'aurez remarqué si vous avez tenu jusqu'à maintenant, mais je n'ai pas encore abordé les personnages. Psycho-Pass était parti pour avoir une tripotée de protagonistes intéressants et charismatiques. Malheureusement, les Enforcers (personnes jugées inaptes à vivre en société mais affectées à la police sous supervision d'un inspecteur) qui constituent notre groupe de choc n'ont pas droit à un développement franchement folichon. Psycho-Pass décide de se concentrer sur son duo principal et délaisse donc quelque peu les autres aussi intéressants puissent ils paraître. Néanmoins l'évolution de certains des protagonistes est assez pertinente et satisfaisante pour excuser cette petite tare. Avant de conclure, j'aimerais aborder le personnage de Makishima Shogo qui est à mon sens est l'une des réussites de l'animé. Le mystère autour de lui est bien entretenu, et chacune de ces apparitions monopolise l'attention du spectateur. A la fois raffiné, brutal et totalement imprévisible, Shogo est un vilain comme j'aimerai en voir plus. Certains pourront déplorer le manque de détails quant au passé du personnage, mais ce ne sera pas mon cas tant cette brume constante autour de lui contribue à renforcer l'impression que ce protagoniste est un outsider, une anomalie dans une société carrée, il en deviendrait presque un anti-héros le bougre.

Psycho-Pass est tout simplement l'un des meilleurs animés qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années. Jouant de son rythme pour bâtir une histoire pertinente qui alterne action, explications et thriller, le tout porté par une bonne musique et une animation satisfaisante. Bon, il est vrai que la plastique n'est pas parfaite, mais au vue de ce que l'animé a à offrir, on ne peut que reléguer ça au second plan. Les intrigues sont intéressantes, le scénario bien ficelé et la fin satisfaisante. Néanmoins il est vrai que la deuxième partie de l'animé aurait gagné à être plus longue, et le duel entre Makishima et Kougami prolongé. Il est également certain que l'animé n'a pas réussi en 22 épisodes à raconter tout ce qu'il a à raconter, et le système Sybil entretient son lot de mystères, sans oublier les personnages dont la tardive évolution serait intéressante à découvrir d'avantage.

La note initiale prévue était 8, mais ayant eu vent d'une suite en préparation, la fin de Psycho-Pass en devient plus satisfaisante, tout en laissant entrevoir de très bonnes choses à venir. Comme part d'un ensemble, ces 22 épisodes font leur travail à merveille.

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

nerokarin, inscrit depuis le 21/01/2014.
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