Psycho pass en gros c'est un Minority Report en anime! Le script est vraiment alléchant : Un policier sur fond de SF cher à nos auteurs dystopique.
Ici le charadesign réaliste de Production I.G jouant beaucoup sur les contrastes ombres/lumières convient tout à fait à l'univers sombre de l'anime (Bon cela dit on n'échappe pas aux yeux de chat et à la peau lisse!). L'animation est fluide, visiblement on ne rigole pas! Le ton est donné... D'ailleurs l'immersion dans le contexte se fait d'entrée de jeu avec un premier épisode dynamique. On nous présente les enjeux à travers les personnages ainsi que la problématique principale car oui, on s'aperçoit très vite que tout ne tourne pas rond chez les copains!
Psycho Pass est pour ainsi dire, éminemment graduel dans son développement. Les 10 premiers épisodes servent en fait de prélude et instaurent une dynamique pour le moins linéaire ou on est censé s'interroger sur le pourquoi du comment. Toutefois cela est compensé par une seconde partie qui envoie du pâté à tous les niveaux! La tension dramatique arrive à son paroxysme et l'intensité du récit monte crescendo façon Seven jusqu'à nous amener à un dénouement à la hauteur de nos espérances. La révélation finale certes un peu classique quand on est habitué au genre reste toutefois cohérente avec le scénario.
Le manque de background est flagrant bien qu'il ne soit pas nécessaire ici. Par contre il faut reconnaitre que la plupart des personnages sont des archétypes, ça fonctionne, ils font leur boulot quoi. En fait ils servent davantage de balises d'accompagnement pour Tsunemori notre protagoniste. C'est elle qui incarne le "spectateur", elle est humaine, elle doute, elle a peur mais elle fait face.
Néanmoins le fait que le public ne s'insurge pas contre l'état des choses ainsi que la résignation des personnages secondaires à leur sort a de quoi laisser perplexe... Il devient donc évident que c'est pour mieux laisser notre brave petite mettre un coup de pied dans la fourmilière sous le feu des projecteurs. Tout le truc de l'anime est la en fait, une double évolution caractérisée par une dichotomie certes manichéenne mais touchante. D'ailleurs, petite mention pour le personnage de Makishima qui donne brillamment la réplique à ses détracteurs.
En fait ce qui gêne le plus dans Psycho Pass c'est qu'a l'instar de nombreuses productions en dilettante vis-à-vis de leur public ( Death Parade, SnK pour ne citer qu'eux) l'anime n'assume pas pleinement son statut de Seinen. J'appelle ça "l'effet Shonen"! A titre d'exemple :Les citations littéraires qui sont censée donner du crédit et de la profondeur aux propos des personnages sonnent creux... Le propos de l'anime est clair et se suffit pourtant à lui-même donc ces remarques sont superflues mais bien sûr comme les ados vont être perdus si on ne balise pas, on appuie joyeusement sûr le bordel pour être sûr que le message est passé. Heureusement la dimension dramatique reste suffisamment authentique pour qu'on se prête au jeu permettant à la face Seinen de l'emporter.
Au final je salue Psycho Pass dans sa tentative de donner un thriller de SF efficace à l'animation japonaise. Et en ce qui me concerne c'est un pari réussi puisqu'à l'arrivée on obtient une oeuvre qui tient en haleine, fidèle à sa trame de départ et qui n'est pas dénuée de réflexion. Production I.G prouvant ainsi qu'il est bel et bien un pillier de l'animation nipponne.
L'anime n'est pas parfait et le final n'est pas conclusif mais celui-ci a su prendre des risques. Et dans une Japanimation à la dérive cela reste largement appréciable.