Fan de science-fiction, de Planète Hurlante, de Blade Runner, de Minority Report et de Philip K. Dick en général : Psycho-Pass est pour vous.
Attention, avant de sortir les étendards et de se jeter comme des soiffards, faut que je prévienne.
L'anime c'est pas Ridley Scott qu'est derrière. C'est japonais.
Non pas que ça soit un grand défaut pour le fan accompli, mais pour le badaud, il peut y voir malversation. Après moi, les plaintes des mécontents trompés j'en veux pas, à part quand je suis armé de mon arbalète. Autant être clair. Même si c'est pour le style.
Bon, trêve de bêtises, même si j'adore et que je ne promets pas qu'il y en aura plus, Psycho-Pass c'est de l'efficace. Mot que j'emploie souvent certains remarquerons. "Mais que veut dire le GTZ quand il parle d'efficacité ?"
Hum hum... L'efficacité c'est ce qui permet de faire passer une histoire sans artifices faciles ou grossiers. L'efficacité c'est ce qui permet de faire vivre des personnages sans pathos superflu ni complexités inutiles. L'efficacité c'est ce qui permet de divertir sans super FX poilus ni explosions de Tour Eiffel.
Psycho-Pass c'est un peu ça. Le début est fort moyen. Animé moyennement, musicalement intéressant sans plus et graphiquement quelconque, Psycho-Pass ne s'installe pas dans la cours des grands. Malgré un joli nom au scénario, le reste est dans la démerde.
Les cinq premiers épisodes sont corrects, voir sans passion. Pourtant se détache un petit fond, une intelligence, une pertinence. Reste que moi sur ces épisodes j'ai surtout zieuté l'emballage, et un léger fumet de loutrerie m'a fait lâcher l'affaire. Pareil, comme bien d'autres animes, après coup on est plus tolérant. Surtout que les périodes animesque ça vient ça va. J'y reviens malgré tout toujours. Force est de contraster que ce média est riche, riche d'histoires de genres, de brassages dont seul le Cinéma peut se prétendre équivalent dans le domaine audiovisuel. Reste toujours une empreinte japonisante qui une fois adoptée, rajoute un certain charme, un terrain conquis à chacune de ces histoires.
Pourquoi cette digression ? Car c'est par ce média que des histoires comme Psycho-Pass peuvent voir le jour. Cette histoire est improbable en d'autres contextes, même si le thème pourrait être réutilisé et l'a sûrement déjà été, le cadre la rend unique. Cela se passe au Japon.
Psycho-Pass, passé ce premier stade d'adaptation dévoile une véritable intrigue quasi politique. Comme une bonne histoire de science-fiction, surtout de science-fiction prospective, elle est vecteur de messages, de comparaisons, d'extrapolations.
Qu'est ce que la justice ? Qu'est ce que la loi ? La loi domine l'homme ou c'est l'homme qui se doit de la contrôler, de la protéger ? Plus diverses questions concernant le moteur du stress, de la capacité à la colère ou la violence. Sont-ce des points forcément négatifs d'une personnalité, ou si maîtrisés donnent-ils lieu à des vocations utiles et utilitaires ? Ce genre de questions sont évoqués dans Psycho-Pass, et bien d'autres (un paquet) pour ceux qui se plaisent à déblatérer de questionnement sur ce qu'ils aiment. Le tout généreusement agrémenté de références, de citations, verbeuses en soi, agréable en l'état, par des patrons de la Question sur d'ailleurs ces questions existentielles.
Reste une enquête, un rythme qui s'installe tranquillement et emporte. Une équipe de personnages efficaces, qui au départ m'a laissé froide pour finalement me charmer. Comme l’héroïne, sorte de nouveau profil, celle en marbre, à l'instar de l’héroïne de Shin Sekai Yori. La femme qui accepte, survit, ingurgite et comprend. Du vécu, elle en devient plus forte, en marbre quoi. Jusqu'à une sorte de transformation attendue ou pas, moi je l'attendais pas, j'en attendais rien d'ailleurs, qui donne corps à la série. Elle en devient l'avatar. Protéger du monde, on en comprend la raison. Tout comme on se doute de pourquoi ceux qui ne peuvent être jugés par la machine se doivent de la rejoindre. Et blablabla et blablabla.
Tout ça pour dire qu'il y a de la tatanne quand même, avec coups de têtes et coups de couteaux. Pareil, cela était inattendu, mais quand on veut faire bien les choses, on fait en sorte que ça se finisse à l'ancienne. C'est le cas de Psycho-Pass. Surprise, retournement de situation, scène insupportable, parfois l'impression de voir un thriller à la Seven, Psycho-Pass repose complètement sur nos acquis de cinéphile, de fan de SF, pour amener tranquillement, doucement son histoire.
Cela alors se termine sans se terminer, annonçant peut être une deuxième saison qui viendra saccager ce qui a été laborieusement gagné. La qualité, l'efficacité d'une histoire unique et intègre. De celles qui font un peu réfléchir et surtout divertissent. De celles qui détendent malgré la lourdeur apparente de leur propos. De celles qui font bien de discuter dans un dîner mondain. On ne passe pas pour le (la) crasseux (se) spécialiste mais pour quelqu'un d'avisé. On pourrait presque faire croire que c'est pas japonais.
Psycho-Pass, c'est un peu X-Files quoi.
7.5.