Bienvenue au club d'hôtes de l'académie Ouran, antre de l'humour sans limites et sans grossièretés. A l'heure où les shonens, Naruto et Bleach en tête, se vautrent dans un humour gras et faciles, à l'heure où les séries "romantiques" usent et abusent des blagues "coquines" à base de situations équivoques et de "panzu shots", il existe heureusement encore des studios capables de faire preuve d'auto-dérision mais également de rigueur dans l'humour présenté. Après School Rumble, voici Ouran High School Host Club.
Cette histoire d'une étudiante, pauvre au milieu de riches héritiers, enrôlée de force dans un club d'hôtes pour jeunes filles désoeuvrées et destinées à ne jamais rien faire de leur dix doigts fait mouche du début à la fin, fin qui arrive malheureusement beaucoup trop rapidement et laisse un sentiment d'inachevé.
Une série qui n'hésite pas non plus à s'auto-parodier, au cours d'un épisode qui, en exposant les clichés des jeux shojos dont se gavent Renge, met en abime les propres clichés d'une série dont les personnages sont déliciseusement caricaturaux.
Revue de détail : pour commencer je demande le beau gosse français, gentleman de ces dames qu'il charme à l'aide de phrases aussi profondes qu'un pédiluve mais qui font fondre ces filles de riches qui rêvent du prince charmant. Je demande également le génie calme et détaché, semblant tirer les ficelles dans l'ombre. Avec en prime l'effet "remise en place des lunettes d'un geste délicat". Je demande ensuite les jumeaux inséparables, représentants de l'amour interdit et des démons tentateurs, sorte d'équivalents masculins de Yuuko Ichiara dont ils imitent parfaitement les "touchés de menton". Je demande aussi le ténébreux, équipé de son monosyllabe en guise de langage dont elles rêvent de trouver la clé et je l'associe avec le fragile, lolita masculine flattant les instincts protecteurs de ces dames. Enfin je couronne le tout d'un effeminé prêt à faire craquer celles sensibles à la tentation lesbienne. Et tant qu'à faire je m'arrange pour que ce dernier personnage soit une fille, une vraie, histoire de pimenter le tout.
La seconde qualité que l'on découvre en regardant cette série est qu'elle ose tout, vraiment tout. Blagues xénophobes, blagues contre les pauvres, blagues contre les riches, blagues salaces, blagues mysogines, blagues homos, tout y passe et sans jamais se planter ou tomber dans la vulgarité. Humour de répétitions ("Moteur !"), humour graphique (SD et roses volantes), humour sonore ("Lobeliaaaaa"), humour de sous-titres, tout y passe pour le plus grand bonheur du spectateur.
Sans oublier que cet humour sait aussi céder sa place aux sentiments et à l'introspection de jeunes soumis aux exigences d'excellence de leurs riches parents ou à leur mépris, en quête d'individualité et d'amitié. De nombreux épisodes de flash-back viennent donc nous expliquer les raisons de la formation de ce club si particulier qui semble être pour eux une étrange forme de catharsis.
Mais si ces épisodes forment un excellent socle d'intelligence au milieu de l'humour, ils souffrent malheureusement de l'abscence d'Haruhi, personnage central qui concentrent tous les regards et toutes les attentions des membres du club. Tour à tour attentionnée, complice, garce aussi, elle fera fondre le coeur de ces beaux gosses, séducteurs séduits par celle qui leur résiste.
On a alors l'impression d'assister à l'introduction, brillante il est vrai, d'une histoire qui laisse hélas un sentiment d'inachevé lorsque l'on arrive à la fin de ces 26 épisodes d'humour de haute volée.
Croisons les doigts pour qu'une saison 2 pointe bientôt le bout de son nez.