Trois jeunes étudiants embarqués dans un monde fantastique aux allures plus qu'hostiles... Voilà un début d'histoire digne d'un Fushigi Yûgi ou autre El Hazard me dis-je, serait-ce encore une énième soupe froide sous fond d'univers parallèle?
Certes non car toute comparaison s'arrête ici. Aux oubliettes l'humour léger et les amourettes, ici on fait dans l'adulte et la politique, que ceux qui détestent se remuer les méninges ne s'approchent pas!
Le monde dans lequel Yoko et ses deux compagnons sont entraînés est donc, tout comme le présage le titre, composée de 12 royaumes (Ryuu, Kei, Kou, Sou, Sai, Han, Kyou, Ren, Hou, Tai, et Shun), régentés par autant de souverains que de Taiho (protecteurs des élus), la complexité de cette géographie ouvrant les portes aux merveilles et secrets que possède cet univers, ce qui est la première donnée réaliste de cette série.
Autre point fort, Yoko n'y débarque pas avec aisance et a bien du mal à s'intégrer à ce nouvel environnement, comme toute personne normalement constituée arrachée à ses racines. De plus, si elle a la faculté de comprendre la langue usitée, ce n'est pas le cas de ses deux autres camarades de classe qui ont encore plus de difficultés à se faire comprendre. On vit à travers eux trois situations bien distinctes: Yoko veut rentrer chez elle et ne supporte pas le poids qui lui a été confié, elle cherche de prime abord à échapper à sa destinée; Sugimoto quant à elle souhaiterait à tout prix être à la place de Yoko et fait tout pour s'adapter à ce monde, quitte à blesser (ou pire) son entourage de par son ambition; Asano se contente de suivre le cours des événements, cherchant à survivre plus qu'à comprendre ce qui l'entoure. Mais ils ne seront pas les seuls protagonistes de ce récit, une foule de personnages aussi détaillés les uns que les autres viendront peupler cette histoire, et nous les suivront tous avec la même importance.
Tout est extrêmement bien travaillé, les détails sur ce nouveau monde donnés au compte-gouttes sont comme autant de trésors que l'on conserve dans un coin de sa tête pour mieux les comprendre. Nous sommes entraînés dans le milieu de la politique et ses rivalités intestines qui démontrent la difficulté qu'a Yoko de remplir ses fonctions, preuve que nous ne pouvons pas devenir souverain du jour au lendemain et que les décisions prises ont des conséquences immédiates sur le peuple, en bien ou en mal. On nous explique également le fonctionnement des 12 Royaumes et les lois qui les régissent, bref autant de détails qui apportent à cet univers une épaisseur que l'on pourrait comparer sans rougir à la Terre du Milieu de Tolkien (et Dieu sait que je suis pointilleuse sur ce point).
L'on en oublie tout de même pas de magnifiques scènes de combat très bien orchestrées qui ajoutent du dynamisme à l´'nsemble.
Aucun souci au niveau de la réalisation et de la musique, les deux sont excellentes et il faudrait vraiment chipoter pour trouver ici un quelconque défaut.
Niveau chara-design, les visages font très adultes et c'est un plaisir de les contempler, tant ils sont bien dessinés. Les paysages sont superbes et fouillés, apportant encore s'il le fallait une impression de réalisme et de sérieux.
Vous l'aurez compris. Les 12 Royaumes fait partie de mes séries préférées, tant pour une fois on ne baigne ni dans la mièvrerie ni l'humour facile. La lenteur du scénario qui se dévoile peu à peu en rebutera peut-être certains, mais l'oeuvre est pour moi un incontournable tous genres confondus, ne serait-ce que pour son caractère jusque-boutiste. Je regrette de ce fait qu'elle ne soit pas plus connue. Je la conseille tout de même aux plus de 15 ans, les plus jeunes risqueraient de s'ennuyer.