Si vous avez apprécié Escaflowne, Saiunkoku Monogatari, Seirei no Moribito ou même Kyo Karah Maoh, il y a de fortes chances que cette production vous plaise également. Je dis de fortes chances car malgré tout, certains points peuvent déplaire à un spectateur non averti. Mais nous verrons cela au cours de cette critique.
Les 12 royaumes, c’est donc avant tout un univers d’une incroyable richesse plus qu’une histoire d’héroïc-fantasy. Si je devais donner une image, regarder cet anime, c’est comme lire un livre façon Tolkien. Comprenez là que le contenu est extrêmement dense et que l’histoire avance à un rythme relativement lent pour permettre d’en savourer chaque description ou événement. Même le passage le plus insignifiant s’étale ainsi facilement sur une centaine de pages, ou sur une poignée d’épisodes dans le cas qui nous intéresse. N’allez cependant pas croire que ceux-ci soient vides ou dépourvus d’intérêt. En effet, si scénaristiquement l’ensemble évolue assez peu (après tout, on ne suit qu’une courte période allant de l’arrivée de Yoko jusqu’à son couronnement puis ses premières joutes politiques), chaque image, chaque plan ou dialogue a été mûrement pensé pour donner un maximum d’informations sur ce monde merveilleux dans lequel Hommes, Dieux et Démons cohabitent au gré d’un équilibre fragile. Symbole de cet équilibre, les rois et l’animal sacré de leur royaume amènent paix et prospérité aux terres dont ils ont la charge (du moment qu’ils respectent la volonté divine), mais le pays dépérira lentement si un successeur tarde à faire son apparition. Dans la théorie, un roi qui vit longtemps (l’immortalité étant accordée à lui et ses serviteurs, même les plus humbles) se retrouve à la tête d’un état politiquement stable avec un peuple aux conditions de vie globalement élevées.
Dans cet univers extrêmement régenté et obéissant à des règles strictes (même si le souverain peut être issu de n’importe quelle classe sociale), il convient de connaître les principaux titres et la hiérarchie en place. Si au début cela peut sembler difficile, très rapidement le spectateur se surprend à nommer instinctivement les protagonistes en fonction de leur statut et estimer le rôle qu’ils auront dans les complots agitant le début du règne de la nouvelle reine de Kei.
Ainsi donc, malgré 45 épisodes (vus en une semaine pour ma part) particulièrement denses de contenu permettant de mieux comprendre le fonctionnement des 12 royaumes, j’ai l’impression de n’avoir eu qu’un bref aperçu de l’immense potentiel scénaristique à disposition des producteurs. Au final, cette série déjà longue ne serait qu’un simple guide pratique utile au voyageur pour ne pas arriver en terrain inconnu, ce n’est qu’alors qu’on arrive à la fin que les choses sérieuses pourraient commencer et que l’on aurait l’occasion de réellement voir ce qu’il adviendra de Yoko devenue reine et de son entourage. Ce serait également l’occasion de découvrir les autres royaumes dont certains sont à peine survolés comme lors d’une visite touristique rapide (on n’a à peine le temps de s’arrêter pour regarder que déjà une nouvelle surprise apparaît devant nous…et disparaît aussi vite). Il y a de quoi se sentir frustré, mais c’est bien la preuve que l’anime a réussi à nous envoûter, à tel point que l’on refuse de lâcher cet univers magique.
Le scénario peut se diviser en 4 arcs d’une dizaine d’épisodes chacun, d’intérêt globalement équivalent. Yoko sert principalement de fil liant ces différents arcs, et comme c’est au travers de son regard que l’on étudie les cultures et mœurs des contrées visitées, la politique mais également tout ce qui touche au surnaturel, on se sent très proche d’elle, à tel point que l’on pourrait presque prendre sa place si l’occasion nous en était donnée.
Et c’est justement pour cela que le scénario évolue si lentement à chaque fois : de même que Rome ne s’est pas faite en un jour, Yoko ne peut espérer devenir une reine compétente sans avoir auparavant compris son rôle, trouvé des amis sages et fidèles capables de la conseiller en cas de doute et ramené l’ordre dans le palais laissé aux mains de politiciens peu scrupuleux.
Dans une situation normale cela prendrait des années. Ici la jeune femme à peine sortie de l’adolescence n’aura que quelques mois, soit 45 épisodes. Autant dire qu’il va falloir cravacher et ingurgiter une quantité phénoménale d’informations durant ce laps de temps.
Malgré tout, ceux qui s’attendent à une histoire épique avec des batailles et affrontements titanesques entre armées guidées par des personnages charismatiques et héroïques seront forcément déçu, puisque ici, il est davantage question de politique que de pratiques militaires.
Techniquement, l’anime n’a pas à rougir. Si les premiers épisodes sont assez moyens (voire médiocres), très vite on monte en qualité pour atteindre une réalisation exemplaire dans le style Chine médiévale.
Chacun des protagonistes rencontrés en cours de route est extrêmement travaillé et jouit d’une personnalité souvent plus complexe qu’il n’y paraît. Le 3ème arc m’a véritablement bluffé avec certains personnages suivant un mode de pensée plutôt retors poussés à l’extrême et capable du pire comme du meilleur selon leur état d’esprit.
Il est juste dommage que d’un arc à l’autre, seuls les personnages les plus importants aient droit de cité, les autres étant purement et simplement envoyés en coulisse en attendant une hypothétique réapparition sur le devant de la scène. C’est dans ce cas là qu’une suite aurait été la bienvenue pour avoir l’occasion de les revoir une fois de plus et de suivre leur évolution (aussi bien personnelle que publique).
Bref, je ne m’étendrai pas davantage sur le sujet, mais je finirai en disant que voilà un superbe anime qui m’a donné l’impression d’être en pleine lecture d’un roman riche de contenu. Dommage qu’il soit si court (45 épisodes, c’est vraiment trop peu pour une production de cet acabit) et s’arrête juste au moment où cela devenait palpitant et passionnant.