Critique de l'anime Panty & Stocking with Garterbelt

» par Deluxe Fan le
06 Mars 2011
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Panty & Stocking : du sucre ! Des épices ! Et un tas de bonnes choses !

Les forums d’amateurs de japanime sont régulièrement embouteillés de débats plus ou moins bien menés sur des thèmes fondamentaux tels que « qu’est qu’un anime ? », « qu’est ce que l’originalité ? » ou encore « comment juger un anime ? ».

Trois questions qui se ramènent à une seule : « qu’est-ce qu’un bon anime ? »

Mais à l’inverse de Kant, je ne vais pas écrire toute une philosophie sur la question, et simplement poser comme postulat qu’un bon anime, c’est un anime devant lequel on ne s’emmerde pas.

Alors, P&S est-il un bon anime ?

Un bon anime est donc un anime devant lequel on ne s’emmerde pas.

P&S est une série signée Gainax qui se construit comme une succession de courts épisodes, avec une direction artistique flashy, une animation de haut niveau, une musique ultra-dynamique, des personnages charismatiques, de nombreuses idées de mises en scène, un humour omniprésent et parfaitement décomplexé à tout niveau.

Je ne me suis pas emmerdé. En fait, j’ai adoré.

P&S est donc un très bon anime. CQFD.

Mais comme vous n’êtes peut-être pas tous d’éminents logiciens capables de voir la magnificence de ma dialectique parfaite, on va développer un petit peu.

Le meilleur mot pour qualifier P&S est « électrique », car cet anime est insaisissable, fugace, et aussi d’une intensité remarquable. Un condensé de plaisir animé, sublime et éphémère.

On aurait pu aussi parler d’anime « orgasmique ». Ça correspondrait bien mieux, d’ailleurs.

Considérer P&S comme n’importe quelle autre anime industriel serait une mauvaise interprétation de tous ces composants. L’intérêt de P&S réside d’ailleurs dans sa volonté de se démarquer de la masse. Impossible de traiter l’anime sans considérer cet aspect réactionnaire, qui transpire de partout. Je reconnais que c’est dommage car moi-même je n’aime pas faire de procès d’intention aux réalisateurs d’anime, mais en l’occurrence on ne peut pas passer à côté.

Cette volonté de faire « autre chose » se manifeste notamment par le style artistique et narratif qui pastiche les cartoons américains, du style de Powerpuff Girls et des animes de la Cartoon Network ; mais aussi dans cet humour scatologique, trash, outrancier, d’un goût objectivement douteux. Là où la japanime d’aujourd’hui se complait dans la superficialité, les clichés, l’apparence, et finit par tourner en rond sur elle-même, P&S choisit de donner un violent coup de pied dans la fourmilière. Peut-on parler d’un anime ambitieux ? Prétentieux ?

Pour moi, un anime prétentieux c’est un anime qui, par exemple, salope sa mise en scène pour faire croire que ce qu’il dit est plus intéressant qu’il n’y paraît (du genre de Baccano). Ce peut être aussi un anime qui va noyer le spectateur sous une tonne de dialogues, pour lui faire croire que décidément, si cet anime a autant de chose à dire, c’est qu’il doit être très intelligent, même s’il ne l’est pas particulièrement en réalité (Katanagatari, entre autres).

Même si ces animes sont objectivement bons, je ne peux pas les encadrer. Tout comme j’ai parfois du mal avec ces animes qui veulent frustrer le spectateur sous un fan-service à deux francs et qui ne finissent que par s’enfoncer dans leur propre bêtise.

P&S n’a rigoureusement rien à voir avec tout ça.

L’univers comme les personnages de P&S n’ont pas spécialement d’intérêt, c’est le projet, la démarche qu’il faut juger, et la façon dont elle a été mise en œuvre. Allons-y.

Panty et Stocking dont des anges, dont le mauvais comportement leur a valu d’être exilé du Paradis pour atterrir sur Terre, dans la ville de Daten City. Les deux sœurs seront hébergées dans la paroisse de Garterbelt, un prêtre bien dans son époque, c’est à dire aux mœurs bien peu catholiques. Pour espérer un jour bénéficier de nouveau de la grâce du Divin, elles devront débarrasser la ville des ses démons, matérialisés sous la forme de Ghosts se nourrissant des mauvais sentiments des hommes (et de caca). Malheureusement, nos deux anges sont des garces, Panty étant une nymphomane notoire, et Stocking une insolente petite peste. Si on rajoute que les armes sacrées de nos héroïnes se situent dans leurs culottes et leurs bas, on comprend tout de suite que l’univers est un joli prétexte à expérimentation, en plus d'un gros délire.

Ainsi à la manière d’Excel saga, classique de l’humour absurde japonais, P&S se veut une démonstration de tout ce qui peut ressortir d’un brainstorming trop alcoolisé chez Gainax. Cela se voit aussi dans le staff qui tourne à chaque épisode, afin d’éviter à tout prix la redondance inhérente à ce type de format. Et ça marche : aucun épisode ne ressemble à un autre. On aura droit à des épisodes de pure action (épisode 6-2), d’autres beaucoup plus calmes (comme le plan séquence de l’épisode 11-2), un autre dans un style ressemblant à celui de feu Satoshi Kon (5-2), une parodie de shôjô (9-2), et même un clip du groupe D Rock City parodiant une programmation de chaîne musicale (10-3). Un patchwork d’idées et d’influences, présentés dans ce format court qui interdit la lassitude, le tout avec une réalisation qui finit de convaincre.

En effet, P&S se targue d’une animation sans faille, d’un déluge de couleurs et d’onomatopées. Les combats de P&S sont jouissifs, abusés, dans le plus pur style Gainaxien de Gunbuster, TTGL ou FLCL. Le réalisateur, Imayashi Hiroyuki, est d’ailleurs celui qui nous a pondu ce trip sous acide qu’est Dead Leaves. On a même droit à des pures scènes d’esbroufe, comme celles où les ennemis explosent façon tokusatsu, ou encore la scène finale dans laquelle une femme géante en porte-jaretelle descend du ciel…

P&S n’a pas non plus à rougir de sa bande sonore qui, en contexte, est juste parfaite. Je ne vais pas rentrer dans des considérations de styles qui ne mèneraient nulle part. Mon avis est que la bonne OST d’anime est celle qui s’accorde avec le visuel et l’ambiance véhiculée, un point c’est tout. Le jazz est parfait dans Cowboy Bebop, le hip-hop est parfait dans Samurai Champloo, l’électro-pop est parfaite dans P&S. La musique est composée par des DJ, et elle est aussi variée que l’anime lui-même. On a des pistes dynamiques qui correspondent aux combats (« ♫ Beverly Hills Cock», « ♫ Fly Away»), des thèmes plus calmes (l’ending «♫ Fallen Angel », « ♫ Chocolat »), et des incongruités musicales, comme le fameux « ♫ Pantscada » qui mêle maracas et… cris d’extases féminins.

Enfin, P&S est une vraie déclaration d’amour au geek mondial, vu le nombre gigantesque de références, références qui pour une fois ne sont pas nippo-centrées. Avez-vous vu beaucoup d’animes qui vous parleront de Sex & the City, High School Musical, Lady Gaga ? Des références tantôt évidentes, tantôt subtiles (les AKB48, Ace Attorney), qui s’adresseront aussi bien au jeune kikoo qu’au nerd chevronné. Il suffit de voir ce clip de l’épisode 10-3 avec toutes ces pochettes de disque et autres hommages aux grands noms, récents ou moins, de la musique contemporaine anglo-saxonne. Une preuve de plus que P&S ne cherche pas à resservir les clichés japonais, mais à combler le fossé culturel pour montrer que les japonais ne connaissent pas que le moe, le nekketsu et la J-pop de merde.

P&S a même l’insolence de titiller l’otaku avec des scènes de fan-service assumées, comme la transformation des anges qui pourrait rappeler un magical-girl si il ne s’agissait pas de pole dance ; des références très ciblées comme les tentacules, le bondage, qui parleront aux amateurs d’ecchi. Toujours gratuites, inutiles donc indispensables, ces petits clins d’œil permettent au spectateur de se rapprocher du réalisateur, comme deux potes issus de la même culture qui se font plaisir, à la manière d’un Scott Pilgrim, Kick Ass, Sucker Punch et autres.

L’anime réussit même à imposer un embryon d’histoire, avec les sœurs démoniaques Scanty & Kneesocks, et le vilain Corset. Certains personnages secondaires auront aussi droit à leur moment de gloire, comme Garterbelt, Brief ou Chuck. Tous les personnages sont exploités, pas de jaloux. On se permet également d’approfondir la personnalité des deux anges, avec une Panty qui peut se révéler romantique sous ses aspects de pétasse, et une Stocking au caractère changeant… notamment dans le dernier épisode où… (:p)

Dans tous les cas ça ne vole jamais bien haut, ça ne se prend jamais au sérieux et c’est le règne du second degré. Mais c’est bien réalisé, ça ne cherche pas à péter plus haut que son cul, ça ne fait aucun compromis. Ce sont sûrement ces éléments qui rendent P&S indubitablement sympathique.

Comme j’espère vous l’avoir montré, il n’y a rien à jeter dans P&S. Chaque épisode transpire la passion et le travail bien fait. Il faudrait (et il y aura) des études poussées sur cet anime, son positionnement dans la sphère japanime, ses influences. Il est néanmoins sûr que l’absence d’un second niveau de lecture, en dehors de la parodie permanente, empêche de voir P&S comme autre chose qu’un coup d’éclat, une étincelle de délire et un grand bol d’air frais bienvenu.

« Les goûts et les couleurs », « ne plaira pas à tout le monde », ce sont des bullshit servies par ceux qui ne veulent pas se mouiller. Moi j’en ai entre les jambes et j’asserte que P&S est un bon anime, qui en dépit des apparences, sait très bien où il va et ce qu’il fait. Fruit de l'expérience et de la générosité de ces créateurs, P&S est un produit qui se savoure dans l’instant ; comme lorsque l’on passe un moment chaud dans un jeu vidéo, ou que l’on déguste un plat délicieux au cours d’un repas. C’était court, mais qu’est-ce que c’était bon.

Les plus

- Un anime qui transpire la passion

- Humour politiquement incorrect

- Cette musique, putain !

- Mise en scène variée, inventive, maîtrisée

- des références à ne plus savoir qu'en faire

Les moins

- L'humour de caniveau peut diviser

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Deluxe Fan, inscrit depuis le 20/08/2010.
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