Critique de l'anime Serial Experiments Lain

1995: création de "Classmates.com", premier réseau social sur internet de l'histoire.

3 ans plus tard, apparait un anime qui va démenteler le débat sur la dangerosité des réseaux sociaux, débat d'autant plus vrai aujourd'hui concernant en particulier facebook.

Cet anime est Lain, un petit chef d'oeuvre de l'animation japonaise.

L'anime est centré sur le Wired, un réseau social utilisant les connections spirituelles entre chaque être humain, leur permetant de vivre dans un monde virtuel, en lien avec les autres utilisateurs. Un groupe de hackers, les knights, commettent des crimes virtuels en série, répendent des rumeurs, et sont craints et/ou adulés par la communauté du Wired.

Nous suivons un membre du Wired, Lain, qui est en plein combat contre elle même, ne sachant pas où se placer dans la réalité, et ne comprenant pas les amalgames commis par la population entre le réel et le virtuel, et ayant une identité dans le Wired qu'elle ne maitrise pas.

Cette série est une métaphore concernant les réseaux sociaux, contenant des débats essenciels comme le détachement du monde réel à cause de ces réseaux, le droit à l'image menacé par la facilité des échanges d'informations privées à travers le net, encore plus présents dans ces réseaux. L'ambiance est inquétante, oscillant entre folie, crainte, dédoublement de l'identité, exprimés par le biais de passages en introspections, vraisemblablement inspirés d'Evangelion, ainsi que de passages dans le Wired.

L'histoire est très complexe, sans être pour autant incompréhensible. Certains points sont vraiment obscurs sur le moment, mais sont expliqués un ou deux épisodes après.

La trame se déroule en trois parties: la vie monotonne de Lain, un enchainement d'actions psychologiquement dérangeantes (entrainant une certaine paranoia parmi les personnages et le spectateur) et un débat métaphysique dans la tête de Lain. Elle est plutôt linéaire, manque un peu de rebondissements réels, car l'anime maintient jusqu'au bout le suspence de la compréhension de l'histoire.

La réalisation graphique est hors norme. Malgré une présence fréquente de plans fixes, les passages animés sont magnifiques, un réel travail de réalisme est réalisé sur l'animation, et le chara-design introduit par le génie Yoshitoshi Abe est d'une qualité surprenante.

L'ambiance est vraiment bien rendue. On est dans l'incompréhension totale dans laquelle les personnages sont plongés, et tout est fait pour qu'on se mette à la place de chaque personnage.

Les musiques sont magnifiques, l'opening fait penser à un morceau des Cranberries, et est de toute beauté, ainsi que les ost qui collent parfaitement à l'ambiance de l'anime.

Les personnages sont nombreux, survolés assez rapidement, étant donné leur importance moindre. Seuls les personnages de Lain et d'Alice sont très détaillés, Lain étant minutieusement décortiquée.

Cette série fait partie des claques qu'on peut se prendre en regardant un anime. Surprenant, effroyablement véridique, réfléchi, il nous plonge dans un abyme d'inquiétudes, un univers dont nous ne savons rien, nous ne controlons rien, et que nous subissons sans s'en rendre compte. Un véritable chef d'oeuvre à voir impérativement.