Au vu des autres critiques de Tokyo Magnitude 8.0, j’en viens à me demander si je ne suis pas victime de cynisme ou si je ne suis pas tout simplement moins sensible que les autres. Bref, au moins mon opinion contribuera à l’objectivité générale, puisque je risque de différer du ressenti commun.
L’idée de départ de la série est assez intéressante. Que se passe-t-il dans une mégalopole démesurée, lorsque tout s’effondre, que les communications cessent et que chaque « arrondissement » est livré à lui-même ? C’est avec toutes ces interrogations que l’on se lance dans la série qui prétend, comme le précise Björn, avoir effectué des analyses afin de nous offrir une reconstitution digne de ce nom. En gros, on peut s’attendre à un film catastrophe version anime nippon, mais jouant sur les même mécanismes que les grands films US.
Erreur, puisque ce n’est pas le cas. D’une part, les séquences d’effondrement, si l’on peut les nommer ainsi, n’ont rien de dantesque, ni même forcément de réaliste. Les immeubles, les ponts et les maisons tombent, le sol tremblent, les arbres oscillent. C’est tout. On prend l’habitude de ne pas être scotché par ces effets là, puisque très rapidement la série nous oriente vers le périple des trois protagonistes à travers Tokyo. Plutôt que d’observer une ville chaotique, on contemple le ressenti et les expériences d’une préado, d’un petit garçon et d’une jeune femme, pris au beau milieu de la tourmente générale. Et c’est très certainement là l’aspect le plus réussi de la série. Jusqu’à la fin (ou presque) de leur trajet, les personnages resteront suffisamment sobres en émotions, ne rentrerons pas dans les caricatures émotionnelles que nous sert la japanime trois fois sur quatre. On peut s’identifier un minimum, même sans être une jeune fille de 13 ans. Cette sensation très agréable volera en éclat quatre épisodes avant la fin, pour retourner vers la tradition de la japanime : faire du bon gros pathos.
Le visuel n’est pas vraiment la préoccupation principale de la série. Je me souviens avoir été scié par l’animation dès le premier épisode. Sous prétexte que l’héroïne et ses copines couraient dans les couloirs de leur école (et donc se déplaçaient extrêmement vite, bien sûr !), les animateurs ont tout simplement zappé quelques mouvements, donnant une impression de saccade « strombinoscopique » vraiment désagréable. Très mauvais départ, assez représentatif de la qualité générale des 11 épisodes. Il m’a tout de même semblé qu’au fil du temps cela tend à s’améliorer, jusqu’à devenir acceptable. Mais ne vous faites pas d’illusions pour autant, cette série ne cherche pas à toucher votre fibre esthétique.
Par contre, elle va grossièrement chercher à toucher votre fibre émotive. Et dès les deux tiers des épisodes passés, vous allez être servis de toutes les façons possibles et imaginables. Jusque là, les séquences émotions n’étaient pas trop gênantes ; au contraire même, elles étaient plutôt bonnes. Le contexte, transformant et renforçant les liens frère/sœur des deux protagonistes, était bien exploité, un brin attendrissant sans jamais faire du gros lourd bien larmoyant. Idem pour leur accompagnatrice Mari, mystérieusement altruiste, mais plutôt crédible sur le plan comportemental comme dans son rôle de baby-sitter de l’extrême. Mais dès que l’on approche du « dénouement », si l’on peut appeler ça ainsi, la débauche caricaturale de larmoyant, couplée à une prévisibilité assez incroyable ont failli me répugner intégralement de l’anime, tant il m’a paru difficile de terminer les deux derniers épisodes par rapport au reste.
Tokyo Magnitude 8.0 est donc une série à voir, très certainement pour passer le temps ou pour voir une version anime de ce qui pourrait être un bon gros film catastrophe. De plus, l’anime permet de découvrir l’immensité de Tokyo une fois de plus. Cela dit, à l’inverse de tous les autres posteurs de critique, je n’ai pas été particulièrement atteint par cette tentative finale de nous faire verser notre petite larme. La caricature émotionnelle est une spécialité japonaise qui tend à foutre en l’air la crédibilité et l’intérêt de leurs animes. Dommage.