Le thème me plaisait énormément car il s'agit d'un sujet sérieux au Japon, où les séismes sont fréquents.
Il ne faut pas remonter bien loin pour voir des séismes meurtriers au Japon. Kobe en 1995 (7,2 sur l'échelle de Richter) qui avait fait plus de 6000 morts et détruit une bonne partie de la ville; celui du Kanto en 1923 dont les victimes dépassent les 100000. Quand on sait qu'un séisme supérieur à 7 dévasterait gravement Tokyo. Cette peur n'est pas nouvelle puisqu'elle donne lieu à des légendes et est présente dans la mythologie, dont le Namazu, légende datant du XVIIème siècle, parlant d'un énorme poisson-chat vivant dans les profondeurs de la Terre et qui causerait les tremblements de terre en remuant. La peur des séismes est donc bien réelle au Japon et en faire un anime m'a tout de suite plu, un peu comme pour Dragon Head à son époque.
Se voulant réaliste au début, l'anime commence par planter le décor d'une famille japonaise, plus ou moins typique. Des parents absents, une jeune fille absorbée par son téléphone portable et un jeune garçon hyper actif. Ce qui pourrait s'apparenter à l'introduction est réussi et montre d'abord les liens qui unissent les deux enfants: frère et soeur mais pas si proche que ca au final. Je n'ai pas pu m'empêcher de faire un parallèle encore une fois avec Dragon Head, puisque le héros est un peu rebelle vis à vis de ses parents, à l'image de Mirai. Même si à ce stade il est difficile de se faire une idée sur le scénario, on remarque toutefois une animation de faible qualité, qui est à peine supérieur à ce que l'on pouvait voir il y a 10 ans. Bon, il est vrai qu'il ne s'agit pas là du point vital de la série mais avec une animation digne de ce nom, l'anime aurait peut-être pu passer le cap suivant. Enfin, laissons ce point et revenons sur l'histoire plutôt.
Viens le moment du grand "boum". On espère alors voir un bon anime psychologique, très tourné vers les liens entre les survivants, la difficulté sur la vie après une telle expérience, où encore soulever les problèmes de construction d'une ville si souvent victime des caprices de la Terre. Mais non. Ou alors très peu. Si on passe outre le fait que le séisme tant attendu a eu l'effet d'un pétard mouillé (en partie à cause du temps qui lui est consacré et de la réalisation très moyenne), le "chaos" sensé régner est lui aussi très surfait. Je m'attendais à une véritable panique, à un choc psychologique bien plus important. Alors oui, mais de manière maladroite et un peu brut de décoffrage. Je veux dire que certes, les gens sont choqués (pas traumatisés toutefois) et inquiets, mais les bons sentiments qui peuvent découler d'une telle situation sont mal présentés. Le studio a malheureusement joué sur la mièvrerie et les banalités. Les deux enfants tombent sur une dame altruiste qui fait tout pour les aider, passant presque outre son propre bonheur. Quelle chance de tomber sur une Mère Thérésa, qui fait tout pour eux. On sent déjà le truc baisser de niveau, rien qu'au 2-3ème épisode.
A mon grand regret, l'anime suivra ce chemin descendant jusqu'à la fin. Le décalage entre la présentation et la réalité de la série est bien trop abrupte. D'un anime-documentaire, on tombe à un anime mollasson et trop gentil, qui ne présente qu'un résultat vraiment limité. Je regrette encore une fois que Tokyo Magnitude 8.0 ne prenne pas le même chemin que Dragon Head, en montrant une société devenue folle, une géologie totalement changé, et surtout en oubliant le manichéisme barbant et la niaiserie des personnages. Pour ma part, j'ai eu le sentiment que la série avait été réalisée par un enfant, tant la vision de la catastrophe peut paraitre simpliste. Bones n'a pas tapé juste avec ce choix.
La fin est d'ailleurs dans la continuité de cette gentillesse mielleuse. Elle tente, vainement il faut le dire, de taper sur la corde émotionnelle de notre âme mais n'y parvient pas du tout. Là encore, la réalisation est en cause. Plutôt que de jouer sur un espèce de délire d'enfant et sur les hallucinations métaphysiques, rester dans le registre de la réalité (qui est vite oublié certes) aurait eu peut-être plus d'effet, car un nouveau décalage est de trop, surtout que ca arrive un peu trop sur la fin. Les 2 derniers épisodes accentuent cet effet néfaste en rajoutant une couche de sensiblerie énervante et parfaitement manichéenne pour le coup, ce qui finit d'achever la série par un coup de massue. Finalement, le bon épisode d'introduction se révèle être un feu de paille, cachant les faiblesses de l'anime.
Les personnages maintenant. Comme je l'ai signalé un peu avant, Mirai s'inscrit dans un registre très actuel, celle de la préado, adepte du téléphone, tapant un sms plus vite que l'éclair et rejetant l'autorité parentale, voir la vie de famille (elle rejette plus ou moins son frère, même si lui tente sans cesse des approches maladroites). Elle évolue mais est-ce suffisant? Non car son évolution est bien trop rapide, ou plus exactement pas assez détaillée. La catastrophe pourrait expliquer ce brutal changement mais quelque chose me semble manquer. Yuuki reste fidèle à son caractère du début mais on le perçoit souvent comme le boulet du groupe, toujours victime de quelque chose. A la rigueur, il demeure le personnage le plus réaliste de la bande car n'oublions pas qu'il s'agit d'un enfant de 7 ans. J'avoue que c'est lui qui m'a le plus touché. Mari aurait pu être le meilleur protagoniste mais son coté "bon samaritain" est plus énervant qu'intéressant. Porter secours à des enfants, oui, mais oublier tout le reste pour eux, pas très sûrs. Je veux dire que dans la réalité, je ne pense pas que quelqu'un puisse agir de cette façon mais admettons. Ce n'est qu'un point parmi tant d'autres.
Comme vous avez pu le voir, Tokyo Magnitude 8.0 est une déception. J'ai donné l'impression de démonter totalement l'anime mais tout n'est pas à rejeter en bloc car le sujet reste quand même intéressant et d'actualité. Je regrette juste la réalisation simpliste et faussement prometteuse. Disons que j'ai mis en lumière les éléments qui m'ont le plus déçu. D'où mon 5. Déçu mais ca reste supérieur aux animes débiles que l'on peut voir. Le sérieux sauve un peu le tout.