J'ai repris cette réplique célèbre de l'adaptation de Shining par Kubrick, car je m'attaque à un autre chef d'œuvre dans son genre, alors autant essayer de fourbir ma plume avant !
Qu'est-ce que ces deux petites jumelles me fichaient la trouille quand j'étais gamine. Il me faisaient rire pourtant, les aliens, les tueurs fous et les flots d'hémoglobine... Seulement voilà. Les gosses, c'est flippant. Et lorsqu'ils ont des idées tordues en tête, ben c'est encore pire. Parce qu'il feront tout pour les faire devenir réalité, sans discerner le bien du mal.
C'est justement ce qui se passe dans ce manga. Nous faisons d'abord la connaissance de Kenji, trentenaire et toujours célibataire, travaillant dans une supérette 7j/7 24h/24. Non seulement les affaires ne vont pas fort, mais il se retrouve en charge d'un bébé : sa nièce. Et la mère tant attendue ne donne aucun signe de vie... En revanche, le passé de Kenji ressurgit d'une façon troublante. Quelqu'un a repris l'emblème de sa bande d'amis d'enfance. Ce ne serait pas un drame si cet homme n'était pas un gourou d'une secte de plus en plus puissante, et bien déterminée à réaliser les histoires plus ou moins fantastiques et sanglantes que Kenji lui-même avait imaginées.
On se dirait bien : "mais c'est ridicule... ça ne tient pas debout ! C'est des histoires de gosses !". Seulement, les personnages aussi se font cette réflexion. Alors ? Hommage ou parodie des shônen à succès des années soixante ? Peut-être bien les deux à la fois, mais aussi un scénario tout-à-fait original, prenant, et même haletant. C'est un véritable film à suspense, où le moindre cadrage, le moindre regard est important, et où le flashback règne en maître. Le cinéma eut Hithcock, le manga eut (et a encore) Urasawa.
La psychologie des personnages est approfondie, complexe, ainsi que leur émotivité. Ils (ré)agissent comme le lecteur s'y attend, et tout cela flirte avec le pathos ni le topos sans jamais s'y enfoncer. L'auteur marche sur une corde raide, mais il ne tombe pas. C'est "un calibre, juste affligé d'un très léger déséquilibre"... Et puis, les dessins sont de bonne facture, aussi nets et précis que les aventures de nos protagonistes semblent confuses. Sans trop se servir de l'option facile de l'amnésie, la déformation et le recouvrement naturels des souvenirs forment les piliers de l'intrigue de ce manga. C'est tout simple, mais il fallait y penser... et pouvoir se retrouver dans ce capharnaüm ! Et c'est de là que viennent les coups de génie.
Voilà, j'ai voulu faire mon dithyrambe avant de lire la suite et fin que constituent les deux tomes de 21st century boys.
En tout cas, pour moi, c'est un quasi sans faute. Et je ne suis plus une inculte. Ah si, faut que je lise Monster... It's next !