Lorsque l’on s’intéresse à l’animation japonaise depuis plusieurs années, on appréhende toujours les shônens avec un peu de recul. Ce genre ayant depuis longtemps dépassé la date limite de fraîcheur, on est parfois confronté à un projet original ou plus souvent à une daube sans non. Claymore entrerait plutôt dans la première catégorie.
Claymore, qui raconte les aventures de guerrières trancheuses de démons, reste un shônen assez basique dans son déroulement et son environnement général. Cependant, l’ensemble est assez bien traité et les auteurs sont parvenus à rendre l’histoire captivante. De nombreux facteurs sont là pour en témoigner.
Notons déjà un gros effort concernant le visuel. C’est vraiment beau et ça se maintient tout au long des 26 épisodes. Alors que l’on a souvent droit à un épisode sur quatre de qualité visuel médiocre dans ce genre de série (pense très fort à Naruto et Bleach), MadHouse crée l’évènement en nous produisant une série aux couleurs chatoyantes, aux effets de lumières intelligents (oubliez Fate Stay Night), à l’animation fluide et correcte, ainsi qu’un charadesign, certes étonnant au début, qui donne un charisme incroyable aux différents personnages de la série.
La musique n’est pas en reste. Les génériques sont très honorables (certains disent le contraire mais moi, j’ai vu bien pire dans le genre) et la bande originale est plus que convaincante. On regrettera peu être que sur la fin, ce soit toujours les mêmes pistes qui soient jouées (mais on regrette beaucoup de choses à la fin, j’y reviendrai). Cependant, l’ambiance sonore, accompagnée par des bruitages crédibles (quoi qu’un peu gerbant par moment, genre bruit des entrailles qu’on découpe…) et un doublage de qualité, se marie très bien avec l’ensemble visuel. Un bon point pour Claymore donc.
Mais la série n’avait pas vraiment à faire ses preuves sur le niveau visuel. C’est surtout dans le fond que le genre shônen est le plus souvent attendu au tournant. Claymore, comme je l’ai dit plus haut, reste standard dans le déroulement, mais l’histoire, ainsi que les personnages, donnent beaucoup de force au récit.
Si on met de côté Raki qui ne sert à rien (mais vraiment à rien) du début à la fin, tous les autres personnages (surtout des Claymores donc) ont énormément de charisme. Mes préférences vont pour Térésa (forcément) et pour Miria, mais leurs camarades ne sont pas loin derrière. Cependant, dommage que Claire, la Claymore qui est censé être l’héroïne, face partie des guerrières les moins charismatiques de la série ; c’est un peu le comble…
Niveau personnages, on regrettera par contre que les ennemis soient si peu intéressants. Claymore est encore la preuve vivante que les japonais ne sont pas très forts lorsqu’il s’agit de créer des démons. Si on met de côté les Abyssaux et quelques éveillés, les autres Yomas oscillent entre le ridicule et la mauvaise blague. Cela rend les premières missions peu intéressantes car leurs chasses manquent cruellement d’intérêt et de challenge.
Penchons nous enfin sur le scénario et les éléments importants de l’histoire. Mis à part la fin HS (par rapport au manga original) qui n’est visiblement là que pour boucler les 26 épisodes (là où une vingtaine auraient largement suffit), l’ensemble tient vraiment bien la route grâce à une multitude de bonnes idées. Le déroulement du scénario est assez basique (ennemis de plus en plus forts, recherche de puissance), mais les éléments qui le ponctuent permettent aux téléspectateurs de le suivre avec beaucoup de plaisir.
Les raisons sont multiples, à commencer par l’organisation des Claymores. Si cette dernière reste mystérieuse du début à la fin (même dans le manga, que l’on se rassure), le fait que les Claymores soient classées par numéro donne un folle envie de les découvrir les unes après les autres. On est toujours là, à l’apparition d’une nouvelle guerrière, à se demander qui elle est, quel est son numéro et qu’elle va être sa puissance. Bref, ce principe pousse à la découverte.
Autre point très intéressant dans Claymore, la manière dont les guerrières doivent monter en puissance. Pour rappel, nos héroïnes sont des créatures mi-humaines mi-démones, et afin d’augmenter leur puissance, elles doivent puiser dans leurs pouvoirs yomas. Ce point là est un élément central du scénario. En clair, la source de puissance dans Claymore est clairement maléfique et nos chères demoiselles, si elles ne veulent pas devenir comme les créatures qu’elles poursuivent, doivent apprendre à bien gérer leurs pouvoirs afin de garder toute leur humanité. J’ai trouvé ce point très intéressant car il montre que la recherche de puissance peut mener à la perte de son chercheur. La preuve en image, plus les Claymores utilisent leurs pouvoirs, plus elles deviennent laides. Cela donne parfois des spectacles assez terrifiant sur la fin, où on a l’impression que nos héroïnes ne sont finalement que des créatures hideuses à la recherche de puissance.
En conclusion donc, je dirais que Claymore est une très bonne série dans sa catégorie. Loin de renouveler le genre, les différents points du scénario et les éléments qui l’édifient permettent de passer un bon moment. On regrettera l’inutilité de certains personnages et la fin stupide et maladroite, qui bloque également tout tentative de suite lorsque l’on connait la suite réelle du manga (que je vous conseille de lire, surtout si la fin vous a frustrés). Ha ! Et dernier point tout de même, c’est assez gore par moment donc que les âmes sensibles évitent cette série (bien qu’on ait vu bien pire dans le genre avec Berserk ou Elfen Lied).