Après la réussite du maintenant célèbre Samurai Champloo, le studio Manglobe était attendu au tournant et se devait de répondre présent avec son projet 2006 : Ergo Proxy. Rendez vous manqué en tout cas pour peu que l'on ait touché de près ou de loin à cette série !!
Le début était pourtant prometteur. D'abord une qualité graphique très appréciable. Paysages futuristiques à l'image de Romdeau, ville cocon, qui impressionne de par sa conception et son architecture digne d'un film de science fiction. Les personnages disposent également d'un trait assez agréable et d'un design audacieux. Je pense bien sûr à Real Mayer, qui dès ses premières apparitions,avait réussi à me conquérir. Je pense également à ce concept intéressant de robots d'entourage biomécanique ou "autoraves", avec en particulier un coup de coeur pour la mignonne petite Pino.
L'intrigue quant à elle me semblait plutôt accrocheuse. Une sorte de complot au sein de Romdeau ressortait comme la trame principale de l'histoire et l'on partait sur une série de type aventure - action - enquête. Nos héros se lançaient sur la trace d'un Proxy qui semait la terreur dans Romdeau et qui semblait lié au virus Cogito touchant la race des Autoraves. Ma foi pourquoi pas !!
Puis le fil des évènements s'est déroulé nous amenant hors du dôme et en même temps signant l'arrêt de mort de la série. Car étrangement, depuis le moment où l'on s'éloigne de la cité à proprement dit, les épisodes ne cessent de décliner d'intérêt. Graphiquement déjà, cela s'essouffle. L'ambiance lumineuse de Romdeau est remplacée par un environnement teinté de noir, de brumes et de "je ne vois plus rien sur mon écran". Les personnages en prennent également un coup dans l'aile. A peine s'éloigne t'on d'un visage que l'on constate que les traits s'estompent et que la qualité graphique devient déficiente. Premier accroc donc dans cette belle peinture ... et si cela ne tenait qu'à ça, ma critique ne serait pas si sévère.
Car hélas (3 fois hélas), Manglobe réussit également à gâcher son scénario. Son héroine en premier lieu : Real Mayer, figure principale de la première partie, revient avec un rôle de second plan où elle passe plus de temps à jouer la mégère de service qu'à travailler à son enquête. Vincent Law se voit ainsi donner la place principale, tantôt amusant dans son rapport avec Pino, tantôt chiant à mourrir dans des épisodes de recherche de sa vérité passée.
Le pire vient peut être encore d'épisodes totalement extravagants (épisodes 15 et 19 en particulier) ne collant pas du tout à l'esprit de la série. Vraissemblablement, quelques substances euphorisantes ont dû inspirer les scénaristisques convaincus de leurs trouvailles. De mon point de vue plus rationnel, je constate juste les dégâts : le spectateur est largué, il ne sait plus du tout où on le mène et tout simplement ne comprend plus rien. Ajouté à cela, des allusions bibliques et des réflexions philosophiques à 2 balles, et la fin en devient un véritable chemin de croix pour le simple mortel (moi) en quête d'action et de divertissement. Quant à la fin en elle même, difficile d'en juger la pertinence au milieu de toutes ces interrogations qui me restent et toute cette incompréhension du scénario.
Du positif il y en a tout de même. Le compositeur de la bande son a, pour sa part, fait un boulot très correct. Dans un style en grande partie "électro", il réussit à merveille à retranscrire l'ambiance énigmatique et inquiétante d'Ergo Proxy et de lui imprimer d'autant plus sa propre identité. A noter également un couple Opening/Ending plus que remarquable ...
Pour en finir avec cette critique à majorité incendiaire, je dirais que le sentiment général après visionnage de la série est qu'Ergo Proxy est un grand gâchis : elle disposait de moyens plus que suffisants pour en faire une excellente référence. En attendait-on trop d'elle ? Apparemment oui. Ce qui est sûr aujourd'hui c'est que le studio Manglobe devra se remettre en question pour ses futures créations.