Malgré les précédentes critiques, j'ai finalement décidé de me lancer et de visionner cette série pour voir ce qu'elle valait. Même si le résultat final me semble mitigé, je dois dire qu’elle ne m'a pas déplu, et j'ai quand même passé un bon moment.
En premier lieu, parlons des différents personnages, et commençons par Vincent Law: c'est sans doute celui qui évolue le plus au cours de la série (tant psychologiquement que physiquement), et l'on assiste peu à peu à sa transformation qu'il tente sans succès de contenir. Lyl Meyer est elle aussi intéressante, puisque son caractère est totalement différent selon qu'on soit dans ou hors de Romdo: elle passe ainsi d'un personnage froid et mature à une personnalité qui l'est moins, et même se rapprocherait plus de la gamine pourrie gâtée. Pino, même si elle semble malgré tout n'avoir qu'un rôle secondaire, permet d'apporter un peu de vie et d'ambiance dans son entourage, ce qui est d'autant plus bizarre car elle n'est finalement "qu'un cyborg". Enfin, parlons de la figure principale de la série, j'ai nommé les Proxys. Véritables anges de la mort, chacun d'entre eux possède un design qui lui est propre, mais de manière générale, ils ne ressemblent à rien de ce qui a été fait jusqu'à présent. Leur masque et leur tenue qui font penser au carnaval de Venise les rendent encore plus fascinants pour le spectateur, puisqu'ils cachent finalement la seule chose qui pourrait les rendre humain, à savoir leur visage et leurs émotions.
Plusieurs personnages secondaires font également leur apparition, mais ils sont assez peu développés, et ne servent en gros que d'étapes pour le voyage des personnages principaux (les rencontres se finissent d'ailleurs toutes de manière plus ou moins brutale).
Côté graphismes et animation, il y a du bon et du moins bon: le chara-design est assez convainquant et en rapport avec l'ambiance de la série, mais l'animation traverse régulièrement des zones de creux, qui nuisent à la qualité générale de la série. Concernant les décors et lieux visités, la luminance et la vie artificielle de Romdo tranche brutalement avec l'univers sombre et dévasté de l'extérieur. Concernant ce dernier, il est dénué de détail et assez vide, ce qui renforce l'impression d'être perdu dans un monde totalement inconnu, qu'on cherche à explorer sans réellement savoir où l'on va ni ce que l'on va trouver; on peut y voir comme une allégorie des propres sentiments de Vincent et Lyl qui se retrouvent perdus dans un monde mort, sans savoir réellement ce qu'ils cherchent.
Malgré ses qualités, Ergo Proxy cache également de gros défauts: le premier étant justement ce monde dénué de toute vie, et donc de tout évènement, ce qui fait qu'au bout d'un moment, on a tendance à s'ennuyer, la traversée du navire et l'errance de Vincent pour trouver qui il est réellement durent finalement trop longtemps par rapport à la série, et on est tenté de décrocher. Le deuxième point est selon moi que pour comprendre cette série, il faut quand même avoir un certain bagage philosophique et sur la psychanalyse. Freud aurait en effet adoré décortiquer les deux épisodes psychédéliques de cette série, pour lesquels tout spectateur lambda (dont je fait partie) est tenté de se demander quel est le message que les créateurs ont voulu faire passer, et si ces deux épisodes étaient réellement nécessaires. Troisièmement, sur la fin, la multiplication des allusions à Dieu et à la religion deviennent assez lourdes, d'autant plus qu'on n'a pas vraiment d'explications sur les discussions entre Proxys. Enfin, et c'est sans doute ce qui est le plus frustrant, à la fin de la série, on est tenté de demander:"Oui, et alors, il s'est passé quoi finalement tout au long des épisodes? Où nous a mené le voyage de nos différents personnages, quelle est la conclusion de cette série, est-ce que tout ce qui a été réalisé aura finalement été vain...?" Un peu plus d'explications auraient été les bienvenues.
Malgré tout, Ergo Proxy reste une série intéressante, possédant des atouts certains, quoique mal exploités. Elle se regardera cependant une fois mais pas deux (sauf si vous êtes en fac de psychologie, ça fera un excellent sujet d'exposé...) Mon avis est que les créateurs ont voulu sortir une série avec un caractère philosophique assez poussé, bourré d'allégories (et de ce côté là, je pense qu'ils y sont parvenus), en oubliant que leur série serait principalement visualisée par des "Otakus" ayant une connaissance limitée en philosophie et psychanalyse.