Cela fait deux années que j’ai vu cette série, l’une de mes premières en fait. Alors, ce n’est qu’à l’occasion de ce second visionnage que je rédige enfin une critique. A l’époque, Ergo Proxy me paraissait terriblement flou et tordu, presque incompréhensible parfois, à la limite entre le rêve et la réalité. Je ne sais pas si c’est du au second visionnage, ou bien au fait que je sois plus mûr, mais j’ai enfin réussi embrasser cette œuvre dans sa totalité.
En effet, je parle d’œuvre car pour moi Ergo Proxy est comme un jeune cadre plein d’avenir qui marque tous les points. Du côté de la palette graphique, j’ai tout autant apprécié le chara-design, humain ou robotique, très soigné et lisse, que les décors, qu’ils soient apocalyptiques ou aseptisés. Bien entendu, la couleur est au sombre à l'extérieur, blanc immaculé à l'intérieur et on verra très rarement des couleurs vives, un dessin, un vêtement … Pour la musique, encore une fois je ne m’y suis pas vraiment attardé mais l’opening est à retenir absolument pour sa dimension attirante, intrigante, faisant naître le désir chez le spectateur que je suis. Car cet opening nous vend un monde.
La Terre post-apocalyptique, sur laquelle les humains ne peuvent survivre qu’à l’abri de dômes géants, ce n’est pas terriblement original. Mais plusieurs choses le rendent fascinant. La première étant, même si le sujet est évoqué, que l’on ne nous bassine pas avec une morale écologique insipide : la Terre a été ravagée, un point c’est tout et l'extérieur est devenu inculte. Ensuite, la présence des Autoreivs et Entourages, robots à l’importance capitale. Car si l’on observe bien, il y a très peu d’humains, le gouvernement de Romdo va jusqu’à être constitué d’un vieillard silencieux et de quatre machines. Dernier point et non des moindres, une magnifique panoplie de personnages complètement barjes. Nous en avons pour tous les genres, Vincent le schizophrène, Re-L l’égocentrique totalement égoïste, Raul Creed le paranoïaque, Deadalus le … tien encore un autre schizophrène. Mais ce ne sont pas des états stationnaires, préétablis, ces personnages évoluent en même temps, dans des directions entremêlées et mutuellement influencées. Il ne faut pas oublier non plus les Autoreivs infectés, purs comme des nouveaux nés, de véritables éponges qui aspirent tout, le bien comme le mal.
Je ne peux non plus m’empêcher de souligner la qualité du scénario, qui se rapproche assez du voyage, de la découverte de soi, de l’identité. Finalement, c'est comme une histoire du déclin l’humanité, étudiée sous divers échantillons.
En voilà un animé qui fait réfléchir. Je me suis plusieurs fois surpris à revenir sur des mots, des phrases prononcées ou simplement des scènes qui m’ont fait cogiter. Il y a des idées intéressantes qui me tournent dans la tête et ce n’est pas donné à toutes les séries. La barrière entre délire et raison est un fil ténu lorsqu’on aborde la métaphysique. Ergo Proxy est un peu comme un équilibriste du genre.