Acte I : un bon début
Shinsekai Yori n’est pas forcément très accrocheur dès le départ. Il y a même un moment où l’idée d’abandonner m’a traversé l’esprit, mais ça n’a pas duré longtemps, je vous rassure. Parce qu’à partir du moment où nos jeunes héros vont pénétrer dans le monde extérieur ça commence à devenir vraiment intéressant. Ils apprendront des choses sur le passé, et surtout ils seront confrontés pour la première fois au monde des extranerattus.
Acte II : une partie singulière
Première ellipse. Si on divise l’anime comme je le fais, c’est la partie la plus courte (3 épisodes). Elle est centrée sur l’évolution d’un des personnages principaux. On commence à comprendre que Shinsekai Yori n’est pas un drame pour rien.
Acte III : de plus en plus addictif
Deuxième ellipse. On fait la connaissance de Tomiko, la grand-mère de Satoru, qui joue un rôle très important dans le village. Puis notre groupe doit faire face à une épreuve particulièrement difficile. Le spectateur est complètement embarqué à présent, il pense tenir une perle rare.
Acte IV : la Grande Catastrophe
Troisième ellipse. C’est la cata. Pas seulement dans l’anime, mais aussi pour nous. Parce que c’est plus qu’excellent et il ne reste que quelques épisodes. Alors on savoure cette série si particulière, si originale, qui nous tient en haleine jusqu’au bout. C’est un régal.
Shinsekai Yori est un concentré de tout ce que j’aime. Je ne m’attendais pas à rencontrer un jour un machin pareil dans l’animation japonaise : la surprise est d’autant plus appréciable. Mais qu’est-ce qui fait la force de cet anime ? Tout, j’ai envie de répondre !
Commençons par les acteurs : Saki, Satoru, Shun, Maria et Mamoru sont les cinq personnages principaux. Ils forment un groupe soudé par des liens d’amitié très forts, quand ce n’est pas plus. Les relations entre eux vont évoluer dans les premiers épisodes pour ensuite rester sensiblement les mêmes jusqu’au bout. Ce sont des personnages particulièrement attachants.
Mamoru peut-être le moins, à cause de sa discrétion incroyable : il est toujours avec les autres et on ne fait presque jamais attention à lui ! Ce n’est pas une erreur de casting, c’est entièrement voulu. Pourtant, malgré cela, il aura un rôle important.
Maria, quant à elle, aime prendre soin de ses amis, en particulier de Mamoru, qui est quelqu’un de fragile, et de Saki. Et puis elle est jolie <3.
Shun est présenté comme un surdoué : c’est quelqu’un de calme et de posé, un peu la tête pensante du groupe.
Enfin, il y a les deux que je préfère. Au début, Satoru semble être l’opposé de Shun. Mais il va gagner en assurance, en intelligence et même en classe au fur et à mesure de la série.
Saki est en fait le véritable personnage principal, c’est elle que nous suivons du début à la fin. Énergique, courageuse, elle ne recule devant rien. Elle incarne en même temps la modération, par exemple face à un Satoru parfois débordant.
Dans Shinsekai Yori, la place des personnages secondaires est particulièrement inégale. La plupart ont un rôle mineur ou n’apparaissent qu’à certains moments de l’anime (par exemple les parents de Saki). 3 exceptions quand même : Tomiko ; mais surtout Yakomaru et Kiroumaru, les deux principaux extranerattus. Le premier est un membre de la colonie des mouches voleuses : il aide les humains, mais son attitude troublante le rend difficilement sympathique. Il va finir par se rendre particulièrement détestable, bien qu’on puisse le réhabiliter. Kiroumaru est aussi un personnage difficile à cerner, autant que Yakomaru, et ceci jusqu’au bout. C’est d’abord un leader et un chef de guerre, qui défend les intérêts de sa colonie et qui dégage une certaine noblesse.
J’ai vraiment accroché au chara-design, assez atypique il faut le dire. Les expressions sur les visages des personnages sont très bien rendues, trop peut-être. En ce qui concerne les graphismes, je ne suis pas difficile et ça m’a plu. Les paysages à l’extérieur de la limite sacrée sont variés : on passe de la forêt à des espaces souterrains, ou de la mer au désert. Une partie de l’anime se déroule aussi en hiver, ce sera l’occasion de quelques épisodes dans des zones montagneuses enneigées. Le passage où Saki est projetée dans les airs est particulièrement bien fait : on voit les paysages tournoyer tel un défilement d’aquarelles. Et puis après il y a les tournesols : j’aime les tournesols.
Parmi les pistes de l’anime, j’en retiens surtout 2 : l’opening et le « Going Home ». La première me fait encore frémir. Quant à la seconde, c’est un extrait de la 9e symphonie d’Antonin Dvorak, plus connue sous le nom de From the New World, qui est le titre de l’anime en anglais. Résumer la bande-son à ces deux pistes serait quand même injuste pour les autres, qui sont aussi de très belles musiques.
Je n’ai pas encore parlé du plus important : l’intrigue. Et quelle intrigue ! Il faut savoir que l’anime est adapté d’un roman qui a été récompensé par un prix (merci pour l’info). Shinsekai Yori se déroule au Japon, dans un monde futuriste. Les humains sont peu nombreux et vivent dans des villages. Ils ont tous un point commun : chacun est né avec un pouvoir psychique, le Cantus (aussi appelé Juryoku). Ce pouvoir est au cœur de l’éducation : chaque enfant ou adolescent doit apprendre à le maitriser. En même temps, le Cantus ne doit pas être utilisé à mauvais escient, et le village met tout en œuvre pour cela.
Je ne souhaite pas en dire davantage, mais sachez que l’intrigue est d’une très grande richesse. Le spectateur découvre peu à peu comment fonctionne la société des humains et tout ce que cela implique. Cette société est délimitée par une limite sacrée : en dehors se trouve le monde des extranerattus, des créatures qui vivent dans des colonies autour d’une reine, la seule capable de perpétuer l’espèce. Les extranerattus ne disposent d’aucun pouvoir et vivent plutôt dans un cadre féodal, n’hésitant pas à s’affronter entre eux. Ils sont perçus par les humains comme des êtres inférieurs.
Shinsekai Yori est un mélange détonant de nombreux genre, et celui que je retiendrai en premier c’est le drame. Ou plutôt le Drame, avec un grand D. Car cet anime est capable d’être triste et bouleversant, et de vous le faire ressentir. Saki et ses amis sont frappés de plein fouet par les évènements dramatiques auxquels ils seront confrontés. Beaucoup de personnages connaissent une fin tragique. L’intensité dramatique va augmenter, et est particulièrement présente dans la dernière partie de l’anime, l’acte IV que j’ai appelé la « Grande Catastrophe ». En effet, la société humaine devra faire face à une conjugaison des pires maux qu’elle puisse redouter. Ces derniers épisodes sont les plus poignants, d’autant qu’on se rend compte que tout ce qu’il s’est passé avant préparait en quelque sorte cette Grande Catastrophe.
Cependant, Shinsekai Yori n’est pas non plus une tragédie du début à la fin, loin de là. Le drame est présent, mais pas comme dans un Mahou Shoujo Madoka Magica, et ce n’est pas aussi sombre. Les réalisateurs ont choisi de ne pas trop s’attarder sur les moments douloureux et difficiles, et c’est une bonne chose. Pas besoin d’en rajouter. Ils préfèrent mettre l’accent sur d’autres aspects, comme le côté psychologique intrinsèque aux nombreux rebondissements. C’est un anime qui fait réfléchir, qui pose des questions et qui est aussi une charge contre la société humaine. Bref, c’est une série très mature, pas facile à aborder, et qui ne vous laissera pas indifférent.
La dimension SF de Shinsekai Yori est assez originale : en effet, on est dans un monde futuriste, mais on n’en a pas du tout l’impression. Le cadre est très rural, les technologies peu présentes. La dimension du surnaturel semble être plus évidente. Pourtant, la science-fiction est bien là, et paradoxalement elle s’incarne surtout dans le passé des humains. Shinsekai Yori est aussi un anime d’horreur, notamment par son caractère angoissant : de ce côté-là, la série n’a rien à envier à un Shiki.
On pourra toujours trouver des petits défauts à Shinsekai Yori, par exemple dire que le rythme baisse à certains épisodes. Et quand bien même, et quand bien même... Une série qui est capable de me surprendre jusqu’au bout, personnellement je n’en demandais pas tant. Et l’anime parfait n’existe pas. Je conclurai par cette phrase de fin, qui résume bien à elle seule l’essence de Shinsekai Yori…
« Le pouvoir de l’imagination est ce qui change tout. »