Introduction
Shinsekai Yori peut être considéré comme un OVNI dans la scène actuelle des animés. En effet, il sort entièrement des chemins battus, en proposant des visuels, une histoire et un background qui mettent à l'épreuve notre sens logique. Il explore des thématiques et des idéologies qui selon moi, sont largement sous exploitées dans les univers actuels : on est très loin du traditionnel "Pouvoir de l'amitié" et autres leçons moralisatrices très aisées à introduire. Bref, Shinsekai Yori, c'est un plongeon dans l'inconnu, une douche froide qui bouleversera vos habitudes.
Une narration subtile, mais intense
Commençons par le commencement : une fois l'animé lancé dans votre lecteur favori, l'univers vous happe sans crier gare. Une musique enchanteresse, très bien choisie vu le nom de l'animé, qui nous présente la destruction du monde que nous connaissons, via les scènes de violence incroyable, mêlées à une ambiance poétique musicale. Et instantanément, ces scènes disparaissent, nous laissant dans un Japon à l'aspect médiéval. C'est le premier bousculement : ou sommes nous ? Cette question ne trouve de réponses qu'a travers des flashbacks et quelques brèves informations temporelles. Mais ces bribes d'informations restent partielles, et laissent au spectateur une grande liberté dans son interprétation, chose qui m'a énormément plus tout au long de l'animé.
On est ici dans le suggestif, la supposition, la devinette et le questionnement constant. Je pense que cette ambiance participe grandement à garder le spectateur en haleine, à supposer que celui ci se donne la peine de réfléchir, et d'interpréter ce qu'il voit. Cette narration se voit également interrompue par des ellipses, qui laisseront de grands moments d'inconnu dans le déroulement de l'histoire. Une fois de plus, l'auteur laisse libre le spectateur d'interpréter et de supposer.
C'est là la force de Shinsekai Yori : le spectateur devra être tout au long de l'animé pleinement éveillé, et critique, par rapport à ce qu'on lui montre. Le spectateur attentif remarquera de très nombreuses incohérences tout au long de l'histoire, tandis qu'un autre regardera une histoire se dérouler en n'y comprenant pas grand chose, espérant qu'on lui fera un petit point explicatif. Et il se trompe : jusqu’à la toute fin, Shinsekai Yori surprendra et laissera une part de mystère à son histoire. Et ceci, je pense, laissera un souvenir impérissable dans votre esprit, chose que peu d'animés font dans le flot constant qui arrivent à nos yeux et oreilles.
Un design proche de la perfection
Le design de Shinsekai Yori, c'est on adore, ou on déteste. J'ai personnellement opté pour la première option. Les jeux de couleurs sont très subtils, et ce style appuie très bien le côté mystique du village. Les effets de flou, d'ombres, appuient en effet grandement l'ambiance à la fois obscure et le côté tabou, interdit du village. D'un autre côté, on nous présente également des scènes très lumineuses, qui mettent en valeur ce Japon médiéval, ses rizières, et ses traditions ancestrales.
Les personnages, sujets à débattre
Les personnages, sont selon moi la petite faiblesse de l'animé, bien que ce soit un sujet à discutions. Laissez moi m'expliquer : l'attachement aux personnages n'est pas suffisamment grand pour qu'on ressente une grande empathie à leur égard. En effet, leurs histoires personnelles, leurs opinions, souffrances et valeurs ne sont que peu développées, réduisant l'attachement que nous leur portons. Pour prendre la défense de l'animé d'un autre côté, il est difficile de créer une telle ambiance floue, incompréhensible et pleine de contradictions tout en se concentrant sur les personnages. Cela est également dû aux ellipses, qui occultent le développement des personnages. Il est difficile de développer la dessus, sans garder intact le mystère pour les lecteurs de cette critique.
La musique : inoubliable
A l'heure ou j'écrit ces lignes, la musique de l'animé résonne encore dans ma tête, tant elle est une réussite sur tous les plans. Elle apporte avec brio l'ambiance mystique et solennelle du village. La réutilisation du thème classique "Découverte du nouveau monde" est un coup de génie. Elle est un mélange des genres, entre les musiques traditionnelles Japonaises et leurs tambours, côté sérieux, sombre et tragique de l'animé, en opposition à la légèreté du thème classique et son caractère insouciant, apaisant. L'OST de l'animé est un travail de maître, sans aucun doute.
Les thèmes brassés
C'est là un véritable travail qui à été réalisé. L'animé aborde, en 25 épisodes seulement, des thématiques très peu voir par du tout abordées au Pays du Soleil Levant. De l'état totalitaire, au statut d'être humain, en passant par la ségrégation, l'homosexualité, ou encore le flot du temps. Difficile d'être exhaustif à un tel niveau : bien que parfois introduites maladroitement, elles laissent une place à la réflexion sur l’organisation d'une société, à des thèmes raciaux (sujet assez tabou au Japon) ainsi qu'a notre façon de penser. Comme il le fait si bien, l'animé ne fait que suggérer en rapport avec ces thématiques, et laisse libre le spectateur à son interprétation. Il reprend alors le rôle des premiers contes : mettre en marche des idées, et nous ouvrir l'esprit, sans jamais donner de réponse. En aucun moment elle ne se fait moralisatrice, mais se contente de véhiculer des vecteurs de réflexion.
Une conclusion ...
Que dire ... si ce n'est que cet animé, si on s'en donne la peine, ne peut laisser indifférent, et sera interprété de multiples façons. D’où le fait que je considère cette critique comme unique, étant liée à mon point du vue, mes expériences ... Cet animé nous montre clairement que la SF à encore plein de choses à offrir, plein de situations inimaginées, en nous montrant que le futur peut avoir un arrière gout de passé. Je ne peux que conseiller d'aller voir ce chef d'oeuvre, ci rare en ces temps de facilité, ou la créativité et la prise de risque ne sont plus très en vogue, et ou l'on prend le spectateur pour un mouton parmi les autres. Vous voulez réfléchir ? Vous voulez être bousculé ? Regardez Shinsekai Yori.