Hyouka est certainement un animé difficile à cerner mais à y regarder de plus près, il parvient à redéfinir avec subtilité un genre que l’on pensait connaître.
Hyouka apparaît comme on ne peut plus classique avec un énième groupe d’adolescents et son cadre scolaire relativement paisible, mais c’est sa normalité qui rend paradoxalement unique cette série dédiée aux mystères. Le terme «mystère» ne résonne-t-il pas avec les mots «excitant», «aventureux» ou même «magique»? Le fait est que le spectateur lambda aura tendance à associer ces mots ensemble, et il est vrai vu les thèmes habituellement proposés par l’animation japonaise que l’on pourrait s’attendre à une série contenant des éléments supernaturels, voire même à un thriller scolaire à la mode.
N’est-il pas alors contradictoire pour Hyouka de rester fermement planté dans un environnement réaliste? Ce n’était en tout cas pas l’avis de Honobu Yonezawa, l’auteur des Light Novel, qui a tenu à proposer des énigmes on ne peut plus terre-à-terre, sans meurtres et sans farfadets.
Le résultat est très intéressant et les enquêtes deviennent de vrais jeux d’esprit où le spectateur est invité à réfléchir et théoriser de son côté en attendant la conclusion de ces détectives en herbe. On assiste avec Hyouka à un retour aux racines du genre et il n’est d’ailleurs pas étonnant de voir bien souvent planer les noms d’Agatha Christie et de Sherlock Holmes pour sceller l’ambiance.
Une écriture de qualité appuie également les différentes intrigues et quelques épisodes, notamment le dix-neuvième(l'intrigue du haut-parleur), montrent le talent indéniable de l’auteur. Mais si certains mystères se révèlent fascinants, ce n’est malheureusement pas toujours le cas et il faut bien avouer que tous les épisodes ne sont pas captivants.
En plus d’être un plaisir intellectuel, ces mystères mondains servent également à développer les personnages et leurs sentiments. Oreki, le héros principal, exploite très bien la configuration de Hyouka: son talent inné pour la résolution d’enquêtes le met au centre de différents scénarios qui auront progressivement un impact majeur sur son existence. Une évolution remarquable, brillamment exposée lors de l'épisode final.
Les autres personnages ne sont pas dénués d’intérêts même si pas autant développés et nous rappellent que l’on a affaire à des adolescents avec leur monde et leurs problèmes. La romance est un thème qui n’est exploré que tardivement dans la série mais n’en reste pas moins visité avec beaucoup de charme et le personnage de Chitanda, l'héroïne principale, s’en voit considérablement enrichie, grâce au contraste social frappant entre elle et Oreki qui ne cesse de surgir durant les derniers épisodes.
Hyouka possède également un excellent atout: ses graphismes qui valent à eux seuls le détour. Une véritable série dans la série, non seulement car c’est visuellement beau mais surtout parce que c’est visuellement intelligent. KyotoAnimation mérite des éloges pour rendre des enquêtes graphiquement intéressantes, alors que composés aux trois-quarts de dialogues ou monologues. Plusieurs épisodes sont réellement impressionnants grâce au savoir-faire du studio: que ce soit le film amateur et ces transitions 2D/3D parfaites, ou bien cette ambiance plus sombre superbement dépeinte lors de l’épisode vingt-et-un, en passant par ces paysages aquarelles remplis de poésie qui nous accompagnent lors de l'épilogue. Je ne pense pas que ce soit exagéré de dire que Hyouka est un véritable cas d’école en la matière.
Hyouka est une série qui demande au spectateur à la fois de la patience pour le rythme lent de ses épisodes ainsi qu'un certain penchant pour le "slice of life" de manière générale afin de l'apprécier à sa juste valeur. Cet animé n’est certes pas sans défauts et le genre "mystère" se révélera très trompeur ici, cependant Hyouka surpasse ses collègues sur bien des points et a réussi selon moi à devenir une oeuvre rafraîchissante qui gardera un réel intérêt dans les années à venir.