Hyôka, c'est la preuve qu'on peut faire de l'original et du surprenant sans en faire des tonnes. Côté intrigue, exit les pouvoirs super-naturels et les démonstrations de puissance à couper le souffle. Car ici le vrai pouvoir est celui de l'esprit, dans sa forme la plus réaliste. Dans ce cas, la logique prime et reprend ses droits sur les superstitions. Si vous êtes en manque d'adrénaline, un conseil revenez plus tard. Il s'agit avant tout de mystères mis en scènes de manière réaliste dans le cadre d'un lycée. J'en imagine déjà certains qui tiquent à l'idée des scènes récurrentes vues et revues, mais j'aimerais leur dire que dans ce cas précis, elles ne ne devraient pas être rédhibitoires. Alors oui vous aurez droit aux sempiternels club d'étudiants, séjours aux sources chaudes et j'en passe. Mais pour la défense de l'auteur je dirais que ces situations sont tout de même bien intégrées à l'intrigue que j'ai l'intention de vous exposer.
L'originalité de la série ne réside pas dans son traitement de la déduction d'énigmes, puisqu'il reprend les classiques appréciables du genre, si tant est que l'on en soit un adepte. Non, l'originalité prend son sens dans le rôle attribué aux acteurs qui animent les investigations. Là où les écoliers font figure de personnages clichés de la japanimation, on les retrouve ici dans un genre habituellement réservé aux enquêteurs de police et autres détectives professionnels. La difficulté était donc de rendre le récit crédible. La tâche n'était pas aisée puisqu'une succession de crimes mystérieux commis par divers coupables dans un même lycée n'aurait pas manqué de rendre le spectateur sceptique. Soit on veut bien croire que c'est pas de bol, ou alors on s’assoit sur le réalisme du scénario.
Les énigmes à résoudre sont alors dans certains cas présentées comme des petits mystères découlant de rumeurs fantasmées -à la manière de légendes urbaines- et dans d'autres comme des sortes d'affaires de disparition ou de meurtre, mais toujours crédibilisées de manière habile.
Passons maintenant aux acteurs cités plus haut. Hotaru, le héros de cette histoire est paradoxalement passif au possible et va même jusqu'à une certaine mauvaise volonté quant à l'avancement de l'intrigue. C'est un petit génie aux allures léthargiques qui ne veut pas se donner la peine de s'intéresser à quoi que ce soit, par souci d'économie d'énergie. Il vit conformément à son optique de paresseux qu'il assume totalement à première vue. Chitanda, petite boule de dynamisme et d'esprit enjoué sera là pour faire contraste et par là-même former un duo plutôt amusant avec notre personnage principal. C'est le personnage "obstacle", qui s'entête à vouloir sortir notre détective en herbe de sa routine inactive dans le but de satisfaire la "curiosité" dont elle nous rabat les oreilles à la moindre occasion. Petit "side effect": sa petite réplique répétitive a longtemps résonné en écho dans ma tête partout où j'allais. Oui ben ceux qui connaissent l'auront compris, Chitanda est très très curieuse... Du groupe de quatre restent alors Satoshi et Mayaka, qui sans être totalement inutiles apportent un petit bonus au récit. Pour ne citer qu'un avantage, Satoshi se présente lui-même comme une base de données dont les informations serviront aux élucidations. Sa mémoire remarquable est présentée comme une alternative à l'intelligence de Hotaru.
Au-delà de l'intrigue principale, les sujets inhérents au thème de l'adolescence sont soulevés à travers les questionnements des différents personnages. Ces sujets incluent entre autres la construction de l'identité, les premières relations affectives ou encore l'orientation professionnelle.
D'un point de vue technique, Hyôka est un petit diamant, que les studios Kyoto Animation ont pris soin de polir tout en délicatesse pour ne pas le dénaturer. Je conseille d'en voir au moins un épisode si ce n'est que pour ça. La beauté des graphismes est une merveille au sens littéral. On se surprend par moment à abandonner la lecture des sous-titres -non par ennui- mais pour admirer le réalisme de certains petits détails constituant le décor. Je pense notamment au reflet des vélos dans les flaques d'eau, l'affichage digitale sur le réveil de Hotaru etc.
Concernant le chara design, celui-ci n'a rien d'exceptionnel mais présente tout de même certaines particularités, comme la présence marquée des paupières. C'est assez étonnant de voir à quel point ce petit trait expressif contribue à faire communiquer l'état d'esprit des personnages. A fortiori lorsque l'on a affaire comme ici à la personnification de l'étudiant fainéant et blasé.
Maintenant, comme je ne voudrais pas qu'on m'accuse de vendre ce titre à la manière d'une VRP trop enthousiaste pour être honnête, je me suis efforcée d'identifier quelques points qui pourraient déplaire à certains. (la tâche était très très dure croyez-moi) Tout d'abord le rythme. Force est de constater que l'intrigue subit des petites baisses de tension chroniques, laissant place à des dialogues mous du genou qui pourraient venir à bout des nerveux en mal d'action. Toujours dans cette idée de lenteurs, on pourrait aussi noter la présence de plans contemplatifs. Certains aiment et trouveront que cela donne du relief à l'ambiance, les plus cyniques diront qu'on pourrait s'en passer.
Pas de conclusion cette fois, au risque d'alourdir mes arguments tout en rallongeant ce petit pavé. J'ajouterai simplement que mon avis n'a rien d'original, au vu des critiques déjà postées, mais que j'avais envie d'apporter une petite pierre de plus à cet édifice, et par là-même rendre hommage à ce grand cru de l'année 2012. Ma note sera donc une estimation objective à laquelle je me permets d'ajouter un point, qui sera ma dernière touche personnelle. (eh oui c'est ça le pouvoir d'AK)
Donc 8+1=9 (m'en voulez pas j'ai fait un BAC L)